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- Si les footballeurs étaient des œuvres d'art ?
Si le football était une œuvre d’art ?
À l'été 2012, Mino Raiola avait comparé son client Zlatan Ibrahimović à la Joconde. Quels autres footeux pourraient être associés à des œuvres artistiques ?
Le Cri d’Edvard Munch
Un homme qui souffre, visiblement de douleur ou d’angoisse, voire des deux. Un peu en arrière-plan, deux individus ne semblent pas se soucier de son désarroi. Peint en 1893 par le Norvégien Edvard Munch, Le Cri fut un temps la peinture la plus chère du monde, avec une vente à 119 millions de dollars à New York en 2012. Un peu comme Yoann Gourcuff, acquisition coûteuse pour l’Olympique lyonnais en 2010, mais jamais vraiment rentable. Tel le cri du personnage de Munch qui déforme l’ensemble de la toile, le Breton était capable d’influer positivement sur le jeu lyonnais quand il daignait jouer, mais aussi d’être mis en arrêt une semaine parce qu’un coéquipier lui avait tapé trop fort dans la main. Les deux mecs en arrière-plan sur la toile de Munch, c’est le collectif lyonnais qui a réussi à vivre avec son meneur de jeu torturé. Le Cri, c’est Yoann Gourcuff depuis 2010.
Le Massacre des Innocents de Pierre Paul Rubens
L’œuvre de Pierre Paul Rubens revient sur l’épisode biblique du massacre des Innocents de Bethléem, la mise à mort d’enfants juifs orchestrée par le roi Hérode pour empêcher l’avènement du Messie. En 2014, le peintre flamand aurait pu faire une nouvelle version en s’appuyant sur la demi-finale de Coupe du monde 2014 entre le Brésil et l’Allemagne (7-1). Pas de roi Hérode ici, juste le réalisme allemand, et une victime idéale, la Seleção, officiellement et pour longtemps ringardisée par la Nationalmannschaft. Seule différence, le sosie de Jésus Christ prend cher dans le remake de 2014.
L’homme qui marche I d’Alberto Giacometti
Sculpture la plus chère au monde – adjugée pour 104 millions de dollars à Londres par Sotheby’s en 2010 – L’homme qui marche d’Alberto Giacometti représente un être aux membres étirés, à la fois extrêmement fragile mais déterminé, qui avance droit vers un but précis. Dans le football, l’homme qui marche, c’est Abou Diaby, un talent inestimable qui se provoque une déchirure musculaire à chaque éternuement, un homme qui, depuis 2010, a passé plus de temps en RTT ou à l’infirmerie que sur les terrains de Premier League. Le plus fort, c’est que l’ancien joueur d’Arsenal est toujours officiellement un joueur de football professionnel. À défaut de pouvoir courir, a priori il peut donc encore marcher, mais risque de casser au premier tacle non contrôlé de Philippe Mexès.
Untitled (1970) de Cy Twombly
À première vue et surtout si on n’y connaît rien en art, Untitled (1970) de Cy Twombly s’apparente plus à un tableau noir intégralement gribouillé par le cancre d’une classe de CE2 qu’une œuvre d’art réalisée de main de maître. Enfin ça, c’est si vous ne connaissez pas l’art, car la peinture a été facturée 62 millions de dollars par Christie’s lors d’une vente new yorkaise en novembre 2014. De quoi assurer le parallèle avec Mario Balotelli : jusque-là très cher pour tous ses employeurs, l’attaquant italien s’est bien plus souvent illustré par ses frasques que par ses exploits. Une carrière qui ressemble pour le moment à un brouillon. Comme Untitled ?
Royal Rouge et Bleu de Mark Rothko
Un fond rose, dessus trois blocs orange, fuschia et bleu, à première vue et pour tout profane, le dessin a été réalisé par un gamin de maternelle, petite, voire, éventuellement, moyenne section. Mais pour les experts et initiés, il s’agit d’un chef-d’œuvre, d’une maîtrise artistique exceptionnelle et inestimable. La preuve, Royal Rouge et Bleu de Mark Rothko a été vendue pour 75 millions de dollars en 2012. Un éloge de la simplicité et de la pureté qui, en football, fait penser au jeu sans fioritures, mais terriblement efficace d’un Miroslav Klose. Pas de roulettes, pas de coups du sombrero, mais une Coupe du monde et le titre de meilleur buteur de l’histoire de la compétition en poche.
Le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault
Le Radeau de la Méduse réexplore le naufrage de la frégate La Méduse en 1816. Dans sa peinture, Théodore Géricault représente des naufragés au regard tourné vers l’horizon, où un navire susceptible de les sauver pointe. Mais sur le radeau, les hommes encore valides côtoient les morts et les blessés. Sommet de la tragédie, à force de suivre du regard un hypothétique espoir, ils ne voient pas une énorme vague en passe de détruire ce qu’il reste de leur embarcation de fortune. Un peu comme l’Olympique de Marseille sur ce mercato d’été : de potentielles juteuses ventes pour espoir, mais un effectif à moitié décimé et une reprise du championnat début août qui pourrait faire mal. Et Marcelo Bielsa n’a toujours pas prolongé…
Par Nicolas Jucha