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«Si Henry était argentin, il serait titulaire»

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«Si Henry était argentin, il serait titulaire»

Buteur décisif en finale de la Coupe du Monde 86, Jorge Burruchaga connaît la France comme sa poche pour y avoir traîné ses guêtres pendant presque huit ans. Des billards de la Jonelière aux jardins ouvriers de Valenciennes. Viré de Banfield et désormais entraineur de l'Arsenal Sarandi, en D2, son club formateur, El Burru Sanguinaro évoque les Bleus à l'orée du Mondial sud-africain.

Comment voyez-vous les Bleus pour cette Coupe du Monde ?

Elle est douteuse… C’est presque un miracle qu’il soit là, et ce qu’ils ont affiché lors de leurs dernières sorties n’est pas fait pour rassurer leurs supporters. C’est la première fois depuis une quinzaine d’années que cette équipe ne semble pas compétitive… Individuellement il y a de bons joueurs, mais plus aussi bons que lors des éditions précédentes. En 2006, par exemple, il y avait un bon groupe, une philosophie de jeu bien marquée, mais depuis la retraite des cadres comme Thuram ou Zidane, rien n’a été reconstruit. En conclusion, elle n’est peut-être pas aussi forte que dans d’autres Coupes du Monde mais il faut quand même les respecter et prendre le temps de connaître leurs nouveaux talents. Moi par exemple, j’ai été agréablement surpris par Mathieu Valbuena. C’est un tout bon celui-là.

Vous faites donc partie de ceux qui ne les voient pas comme favoris…

Ça me semble vraiment exagéré de dire qu’ils sont favoris parce que ce n’est pas le cas, mais après tout dans le football, on ne sait jamais…

Comment expliquez-vous la mauvaise santé des Bleus ?

En 98 et en 2006, il y avait Zidane et que vous le vouliez ou non, c’était un joueur extraordinaire. Depuis sa retraite, les Français n’ont pas retrouvé quelqu’un avec ses caractéristiques. Il y a bien Gourcuff mais il est trop tendre et il a encore trop tendance à vouloir faire l’exploit personnel. Il faut qu’il se canalise un peu avant d’arriver au niveau de Zizou. Zidane, lui, c’est quelqu’un qui arrivait à influencer à la fois ses partenaires et ses adversaires. Et surtout il était vraiment déséquilibrant techniquement parlant ; c’était un régal de le voir jouer. Aujourd’hui, il n’y a plus un joueur français capable de gagner un match à lui tout seul. Il y a encore Thierry Henry, mais visiblement, il va passer sa Coupe du Monde sur le banc de touche…

Vous laisseriez Henry sur la touche si vous étiez Domenech ?

S’il est sur le banc de touche, c’est parce qu’il y a une raison que je méconnais. Si Henry était argentin, il serait titulaire. C’est très difficile de se passer du talent et de l’expérience d’un tel joueur dans une Coupe du Monde. Et puis quand tu regardes les 23, tu te dis qu’il y a une erreur : la France n’a pas d’attaquants aussi bons qu’Henry. Anelka à la limite mais il ne marque pas beaucoup de buts… Henry doit être vraiment très mal pour que Domenech choisisse de le mettre sur le banc de touche. En même temps, il s’est passé de Benzema, donc le problème vient sans doute de l’entraîneur, pas des joueurs…
Si je vous dis qu’il ne fait pas partie de la liste à cause de son signe zodiacal, vous en pensez quoi ?

(Rires) Comme tous les entraîneurs, Domenech est un peu fou, mais ce serait vraiment le roi des fous si c’était vrai. Personnellement je trouve que Raymond Domenech est un personnage avec beaucoup d’intérêt. Il est critiqué de partout mais malgré ça, il est en poste depuis beaucoup d’années… C’est tout sauf un hasard.

Est-ce que Ribery est le nouveau crack des Bleus selon vous ?

Il a déjà démontré qu’il avait d’excellentes qualités, mais ce que j’aime le plus chez lui, c’est son caractère. Ça le différencie du typique joueur français avec un mental en papier. Pendant beaucoup d’années, les Français avaient une carence psychologique alors qu’ils étaient tous très forts individuellement. Ça a changé quand ils ont commencé à s’expatrier à l’étranger. Ça leur a fait du bien et ça s’est concrétisé avec les titres de 98 et 2000 mais aussi par la finale du dernier Mondial. Ribery, c’est un peu le dernier qui a les caractéristiques de ses aînés. Le reste, j’ai l’impression qu’ils ne sont pas prêts mentalement.

Quel est votre favori pour le Mondial ?

Pour la première fois de son histoire, l’Espagne a de grandes chances d’aller jusqu’au bout. Aujourd’hui, ce sont les meilleurs du monde. L’Euro leur a permis de franchir un cap, c’est certain. Il faut maintenant voir comment les joueurs vont réagir à la pression qu’ils ont sur les épaules. C’est quelque chose de très difficile, regardez la France et l’Argentine en 2002…

Et en surprises vous voyez quoi ?

Tout le monde voudrait que ce soit une équipe africaine mais je les trouve un cran en dessous par rapport aux éditions antérieures. Pour moi, la Côte d’Ivoire est la meilleure équipe des cinq, mais leur groupe est vraiment très difficile… Personnellement, je vois bien la Corée du Sud nous refaire le même parcours qu’en 2002. Après il y a le Portugal et le Chili qui sont également deux équipes avec énormément de potentiel. Après, je vois mal l’Allemagne et l’Italie reproduire leurs bons parcours des dernières années.

Vous êtes devenus champion du monde en 86. A quoi vous comparez cet instant ?

C’est difficile de décrire avec des mots la joie qui m’a envahi à ce moment-là : c’est inexplicable. Quand on me demande, je dis que le fait d’avoir été sacré champion du monde, c’est un peu comme si j’avais eu mon cinquième enfant ! (Rires)
Qu’est-ce que vous pensez du travail de Maradona avec l’Argentine ?

Il y a beaucoup de doutes sur ses capacités mais c’est normal vue la manière qu’on a eu de se qualifier durant les éliminatoires. Maradona n’a pas peur de la pression, c’est quelqu’un qui a besoin d’adrénaline, donc quelque part, ça a joué en sa faveur. Regardez-le aujourd’hui : il est tranquille avec son cigare. J’ai l’impression qu’il sait où il va. Je l’espère de tout cœur pour lui en tout cas.

Quel souvenir gardez vous du football français ?

J’en garde d’excellents souvenirs. Dans les années 80, le “championnat” (en français dans le texte) était très relevé. Il y avait un excellent niveau, et les meilleurs joueurs français ne s’expatriaient pas encore à l’étranger. Techniquement, c’était ce qu’il me fallait. J’espère en tout cas avoir laissé un bon souvenir de mon passage à une époque où les Sud-Américains avaient encore du mal à s’adapter au football européen…

Propos recueillis par Aquiles Furlone ; traduction : Javier Prieto Santos

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