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Si Bernardo Silva, tout va

Par Mathieu Rollinger
4 minutes
Si Bernardo Silva, tout va

Lors de la victoire de City face à Liverpool, ce jeudi (2-1), le Portugais a livré une performance majuscule. Devant, avec une passe décisive, mais surtout en fournissant un énorme travail de récupération au milieu. Peut-être la clé de Guardiola pour garder le suspense de ce championnat en vie.

Pour justifier la relative méforme de Manchester City autour des fêtes de fin d’année, beaucoup pointaient l’absence du magicien Kevin De Bruyne. Au moment de recevoir le leader Liverpool, le petit Kevin était encore gardé bien au chaud sur le banc, encore trop juste après son retour de blessure. Mais personne dans l’Etihad Stadium n’a pu regretter son absence, tant l’entre-jeu mancunien a été brillant de combativité, de solidarité et de créativité. Un Fernandinho a coupé la relation entre la base lancement des Reds Milner-Wijnaldum et la constellation d’étoiles Salah-Firmino-Sané tout en soignant la transmission vers ses propres flèches ; David Silva a servi de point d’équilibre ; l’autre Silva, Bernardo de son prénom, a attiré à lui toute la lumière. Au point de reconnaître difficilement le Portugais qu’on pouvait observer il y a deux ans encore sur le Rocher monégasque. Celui qui était aussi talentueux que fluet.

Bernardo le costaud

Il ne restait plus que quelques secondes à jouer, Liverpool jetait ses dernières forces dans la bataille pour tenter d’égaliser et éviter à son rival de relancer l’intérêt du championnat, mais un petit bonhomme en bleu ciel continuait de tacler, à 60 mètres de ses cages. Un peu plus tôt, c’est d’une interception acrobatique, d’une extension étonnante, que le même joueur a pu tuer dans l’oeuf une tentative de contre de Liverpool. Ce gars-là, c’était Bernardo. Deux illustrations parfaites de l’activité insensée et incessante proposée par le natif de Lisbonne durant tout le match, au-delà de son apport offensif. En effet, c’était de son centre pour Sergio Agüero qu’est venue l’ouverture du score, alors que City commençait à désespérer de percer le coffre des Reds. À l’inverse, il manque de tuer le match, envoyant une chiche dans le buffet d’Alisson à quelques minutes temps additionnel. Mais là n’était pas l’essentiel.

Car ce sont surtout sa science du placement, sa lecture du jeu et sa détermination à apporter un impact physique en phase défensive qui ont marqué les esprits. À la mi-temps, il culminait déjà à 6 récupérations, soit autant que Fernandinho – dont c’est le boulot à plein temps -, pour finir le match à 10. Un volontarisme qui a séduit Pep Guardiola depuis plusieurs mois déjà. « Il mérite tout mon respect, en tant que professionnel, confiait le Catalan en septembre dernier. On s’en aperçoit statistiquement, c’est le joueur qui a le plus couru. À chaque match, il court 11, 12, 13 kilomètres et toujours dans le bon tempo. » Ce jeudi, ce sont près de 13 bornes qu’il a ajoutées à son compteur. Et une nouvelle preuve que ce garçon a les épaules suffisamment larges pour faire étalage de son talent dans une partie aussi intense que celle-ci en Premier League.

La Saint-Silva

Débarqué il y a un an et demi à Manchester, le garçon a mis plusieurs mois avant de s’acclimater aux exigences physiques de l’Angleterre et tactiques de Guardiola. Mais ce temps-là est désormais révolu. Sa deuxième saison en Angleterre pourrait le propulser dans une autre dimension. À l’aube de celle-ci, son entraîneur ne disait pas le contraire, après le Community Shield remporté face à Chelsea : « La performance de Bernardo Silva était un chef-d’œuvre. Tout le monde sait que les ailiers sont en compétition pour jouer. Mais pour l’instant, il y a Bernardo et 10 autres joueurs. Il est loin devant les autres. C’est pourquoi en ce moment, il joue. Il n’a peut-être pas joué autant qu’on le voulait, mais il a été génial. Il a une qualité incroyable et se fond facilement dans le collectif et avec notre façon de jouer. » En effet, ce Silva apporte le contre-poids parfait de son homonyme espagnol dans ce rôle de piston au milieu, capable de mettre les mains dans le cambouis comme de lustrer la carrosserie quand il s’agit de produire du jeu. Une manière de sortir de la concurrence fournie sur les ailes citizens, pour réellement trouver sa place. Chose que semble avoir bien compris Guardiola : « Aussi longtemps que je serai le coach de Manchester City, il n’ira nulle part. » Et partout à la fois.

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