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Sheraldo Becker, le Spiderman de l’Union Berlin
Recruté par l'Union au moment de son retour en Bundesliga, Sheraldo Becker a grandi en même temps que le club berlinois. L'attaquant de 28 ans explose sur le tard, mais semble maintenant prêt à jouer le rôle principal. Pourquoi pas en Ligue des champions, dès la prochaine saison.
Quatrième avec trois points d’avance sur Fribourg, l’Union Berlin pourrait valider sa qualification pour la Ligue des champions dès ce week-end. Passé à côté de la plus belle des compétitions européennes pour un petit point l’an passé, le club de la capitale n’a jamais été aussi près d’y goûter. Promue en 2019, l’Union n’a cessé de progresser depuis – onzième en 2020, septième en 2021, cinquième en 2022. Comme le fer de lance de son attaque, Sheraldo Becker. Dans l’ombre de Taiwo Awoniyi la saison dernière, l’international surinamien cartonne depuis son départ, à l’image du week-end passé, où il a mis Fribourg à ses pieds en posant deux buts et deux passes décisives sur la table. Mode super-héros activé.
The Amazing Spiderman
Au contact du podium, l’Union n’a pourtant que la neuvième attaque de Bundesliga avec une moyenne de 1,5 but par match. Dès lors, chaque but compte, plus que dans d’autres écuries. Ce qui donne encore plus de valeur à l’apport de Sheraldo Becker. Positionné dans l’axe, là où il officiait principalement sur l’aile droite jusqu’en 2020-2021, le natif d’Amsterdam réalise l’exercice le plus accompli de sa carrière avec onze buts et sept passes décisives en championnat. Alors qu’il n’avait marqué que sept fois sur ses trois premières saisons en Bundesliga. Becker avait déjà démontré des qualités susceptibles d’en faire un game changer : sa capacité à répéter les efforts intenses (aucun joueur ne réalise plus de sprints que lui outre-Rhin) et sa vélocité. Flashé à 36,57 km/h, il est le deuxième homme le plus rapide en Bundesliga cette saison, derrière Karim Adeyemi (36,65 km/h). Il y a ajouté un degré supérieur de létalité pour véritablement passer un cap. Cela méritait bien d’enfiler le masque de Spiderman, qu’il a pris l’habitude d’imiter en guise de célébration pour faire plaisir à son petit garçon. « J’ai le masque depuis un an, j’ai dû attendre le bon moment, expliquait-il samedi. Je voulais le sortir lors du dernier match contre Brême, mais comme ma famille et mes amis étaient là, je devais le faire. » Un grand pouvoir implique de grandes responsabilités. Depuis plusieurs mois, Becker les assume avec autorité.
Torjäger Sheraldo #Becker erklärt seinen #Spiderman-Jubel – und lässt #UnionBerlin-Zukunft offen. #fcunion #FCUSCF
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— Der SPORTBUZZER (@Sportbuzzer) May 13, 2023
« Je ne suis pas un bon joker, je suis un bon joueur »
Il a pourtant mis du temps à se frayer un chemin dans la jungle si dense du monde professionnel. Formé à l’Ajax, il a caressé l’espoir d’intégrer l’équipe première, avec laquelle il s’est parfois entraîné. Sans succès. « Cette équipe a été championne quatre fois de suite, soulignait-il auprès du Telegraaf. En tant que jeune joueur, vous devez attendre votre chance. Mon instinct me disait que je serais mieux dans un autre club. » En 2015, à 19 ans, il quitte donc son cocon pour pouvoir évoluer en Eredivisie sous les couleurs du PEC Zwolle, avant de s’affirmer à La Haye, où le coach Zeljko Petrovic se déclare prêt à mettre lui-même la main à la poche pour boucler son arrivée. Accueilli « comme s’il s’agissait de Ronaldo », dixit la mère du joueur, au Kyocera Stadion, Becker fait son trou sur l’aile droite et empile les passes décisives avec l’ADO.
Recruté par l’Union en 2019, il connaît des difficultés à s’adapter à une nouvelle langue, mais surtout une autre intensité, d’où des blessures qui l’ont freiné lors de ses deux premières années. Déterminé, le Surinamien s’est accroché, quitte à irriter en demandant publiquement de jouer davantage à l’automne 2021 : « Je ne suis pas un bon joker, je suis un bon joueur. Je sais ce que je peux faire pour l’équipe. Je ne suis pas venu ici pour m’asseoir sur le banc. » En septembre dernier, encore, il avait dégommé une bouteille d’eau à l’heure de jeu, mécontent de devoir céder sa place face au Bayern alors qu’il avait ouvert le score. Urs Fischer a appris à le tempérer. « Maintenant, tout le monde me fait confiance. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles j’ai prolongé mon contrat. Il y a encore plus de potentiel en moi, et je veux le montrer à tout le monde », assure le joueur dans les colonnes de Kicker. Selon Sky Sports, Fulham, West Ham United et Burnley seraient notamment sur les rangs pour s’offrir l’attaquant. L’homme-araignée est en train de tisser sa toile.
Par Quentin Ballue