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Sheffield : une ville de foot en salle d’attente
La ville berceau du football a globalement manqué le virage de la modernité, de la Premier League et du XXIe siècle. C’est le cas aussi bien pour l’un et l’autre des clubs de Sheffield, Wednesday actuellement en D2 et United en D3. Un retard irrémédiable ? Pas sûr, les deux restent portés par une belle ferveur populaire et sont aujourd’hui soutenus par des investisseurs étrangers qui leur permettent d’entrevoir l’avenir avec enfin un peu d’optimisme.
Wednesday : objectif Premier League en 2017… voire mieux ?
Attention, club mythique ! Sheffield Wednesday est une institution dont les origines remontent à 1867, près de 30 ans avant que le football ne traverse la Manche et commence à essaimer en France, via le port du Havre notamment. Les Owls – les Hibous, le surnom et l’animal qui figure sur le blason du club – possèdent l’un des plus fameux palmarès de l’époque où le football commence à vraiment se structurer et se professionnaliser en Angleterre : 4 championnats et 3 FA Cup remportés en quatre décennies, entre 1896 et 1935. Globalement, cette période correspond en parallèle à l’âge d’or de la ville de Sheffield, un temps capitale mondiale de l’acier. Au total, depuis ses débuts, Wednesday a vécu 66 saisons en élite, la dernière fois pendant une période tout de même assez longue, entre 1992 et 2000. C’est l’époque des débuts de la Premier League et de la modernisation du football en Angleterre, pas forcément une mutation dans laquelle s’épanouit ce club vieillissant d’une ville alors en grande difficulté, à l’enceinte symbole des dérives de l’avant-modernisation : Hillsborough et sa tragédie qui laisse 96 morts sur le carreau en 1989 lors d’un match entre Liverpool et Nottingham Forest. Les Owls s’accrochent donc huit saisons supplémentaires avec le gratin du foot anglais – époque Chris Waddle, Viv Anderson, Roland Nilsson, puis Benito Carbone ou Paolo Di Canio – avant de passer à l’ombre et d’y rester depuis le tournant du nouveau millénaire. Pour de bon ?
Pas sûr, l’équipe tourne actuellement mieux que jamais depuis 15 ans, grâce à la dynamique enclenchée par le nouveau propriétaire Dejphon Chansiri. Arrivé aux manettes il y a exactement un an, le businessman thaïlandais qui a fait fortune dans la conserverie de thon a publiquement annoncé l’objectif que le club retrouve les astres de la Premier League en 2017, pour l’anniversaire de ses 150 ans. Il se pourrait même bien que la formation chère à Jarvis Cocker, à Jonny Greenwood et aux Arctic Monkeys fasse mieux encore, puisqu’à mi-parcours cette saison, elle est toute proche de la zone des play-offs de promotion. Le nouvel entraîneur portugais – quelle mode ! – Carlos Carvalhal, en poste depuis l’été dernier, a réussi à intégrer les nombreuses recrues du mercato, parmi lesquelles d’anciens du championnat portugais, dont le Français Vincent Sasso. Il y a également des ex de Watford, qui connaissent la recette de la montée en PL, notamment l’attaquant Fernando Forestieri, déjà auteur de 10 buts depuis le début de saison. Le petit climat d’euphorie actuel crée un nouvel engouement autour de cette équipe : ils étaient plus de 35 000 spectateurs à assister à Hillsborough à la large victoire 3-0 face à Arsenal en League Cup fin octobre. Et dire qu’avant que Chansiri ne débarque il y a un an, c’était ce bon vieux Hafiz Mammadov qui était pressenti au rachat du club. Les Owls l’ont échappé belle…
United : des coups en coupe en attendant mieux
La ville de Sheffield voit double en matière de football avec un deuxième club pro qui compte : Sheffield United, institution un poil plus jeune, fondée en 1889, au palmarès également un poil plus léger que celui du rival : 1 titre en 1898, 4 FA Cup entre 1899 et 1925. Comme les Owls, les Blades ont connu leur heure de gloire à l’époque des photos en noir et blanc et des caméras inexistantes sur les bords du terrain. La principale fierté de United, c’est son stade : l’antique Bramall Lane, considéré comme l’un des plus vieux au monde, puisque sa construction remonte à 1855 ! Il est l’antre des Blades depuis leur début et a bien sûr été de nombreuses fois rénové, ne ressemblant plus du tout aux origines. Le dernier rafraîchissement date de 2006, et il reste pas mal fréquenté avec une moyenne cette saison supérieure à 20 000 spectateurs pour une capacité d’un peu plus de 32 000 places.
C’est d’autant plus remarquable que Sheffield United évolue depuis cinq saisons en League One, la D3 anglaise. Il en est d’ailleurs l’un des épouvantails et figure chaque été parmi les favoris à la remontée, sans jamais pour l’instant y parvenir, échouant chaque fois ou presque en play-offs. L’entraîneur Nigel Clough – fils de – ayant échoué dans sa mission promotion, il a été remplacé pour cette saison par le plutôt coté Nigel Adkins, qui a fait monter Southampton de League One à la Premier League. C’est l’objectif affiché par les propriétaires, dont le Saoudien Abdullah bin Mosaad al Saud, qui détient la moitié du capital depuis deux ans. United a d’ailleurs été le dernier club de Sheffield en date à avoir évolué en élite. C’était lors de la brève saison 2006/2007, sa soixantième en première div’, avec Phil Jagielka, Keith Gillepsie, Colin Kazim-Kazim et Christian Nadé. Le club favori de Flea des Red Hot et de Pete Doherty est actuellement 8e au classement, à 2 points des play-offs. En attendant, il brille régulièrement en coupes avec une demi-finale de FA Cup en 2014 et une demi-finale de League Cup en 2015. C’est du lourd qui se présente ce week-end pour les Blades avec un prestigieux tour de FA Cup à passer à Old Trafford face à Manchester United. Avec le soutien annoncé de plus de 8 500 fans en déplacement !
Par Régis Delanoë