Shearer au chevet de Newcastle

Dire qu’il y a encore cinq ans, Newcastle United était un habitué du haut du tableau comme de la Coupe d’Europe. Jamais gagnant certes (le dernier titre de champion d’Angleterre remonte à 1927), mais souvent placé. Et puis sir Bobby Robson a quitté le navire en 2004, et, depuis, le club du Nord-est de l’Angleterre a remis au goût du jour le concept de l’entraîneur jetable. Désormais, Newcastle n’a de grand club que le statut. Entre deux rumeurs de mise en vente, les Magpies enchaînent les défaites -au moins une chose qui ne change pas diront certains. Les directeurs sportifs se succèdent les uns après les autres et aucun n’est parvenu à enliser la chute inexorable de la Toon Army vers la Coca Cola Championship. Le dernier en date, l’ignoble Dennis Wise, vient tout juste de démissionner.

Actuellement 18ème de Premier League, Newcastle compte deux points de retard sur Blackburn, premier non relégable, à huit journées du terme du championnat. Autant dire que le temps presse. Comme souvent dans pareille situation, le comité directeur a sorti un dernier atout, histoire de créer un électrochoc comme on dit (cf Moulin au PSG, Daniel Leclercq à Lens). A Newcastle, on a fait appel à la légende locale, Alan Shearer. Autant dire que Monsieur 206 buts en 404 matches avec les Magpies était attendu depuis longtemps comme le messie. « C’est un club que j’aime et je ne veux pas qu’il descende » , a-t-il annoncé mercredi soir, juste après sa nomination comme manager.

Néanmoins, l’ancien buteur tipically british n’est pas venu pour jouer les fanfarons avec des promesses de C1 d’ici deux ans et de la vedette à tire larigot : « C’est un pari en huit manches. Je ne cherche pas plus loin que ce que je peux vous promettre. Nous allons avoir besoin de l’effort de tous, joueurs et supporters » . Un pari risqué, donc. D’autant que rien n’indique que Shearer a rejoint le club de son cœur dans l’optique de mettre en place un projet à long terme. Depuis la fin de sa carrière de joueur, il était consultant pour la BBC. Et apparemment, le confort des cabines de commentateurs lui convient mieux que le banc de touche. « J’adorais faire ce job à la BBC et j’ai hâte de le retrouver l’année prochaine. Je ne suis à Newcastle que pour huit matches, même si j’espère que l’on voudra me garder à la fin de la saison, ce qui signifiera que j’aurai réussi à maintenir le club en Premier League » .

Peu probable alors que Shearer ne révolutionne le jeu des Magpies à coup de grandes théories sur l’occupation de l’espace et le quadrillage du terrain. En revanche, on risque de voir du coup de coude, du duel aérien, de la sueur et des frappes de mules à Saint James Park. Rien de tel pour se jauger dans ce domaine que d’affronter la référence du genre. Ca tombe bien, Shearer étrennera son nouveau job face à Chelsea samedi après-midi.