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Shamrock Rovers, plus qu’un nom cool
Quand on joue à FIFA et qu'on se force à prendre une équipe faible, il arrive bien souvent qu'on tombe sur les Shamrock Rovers. Mais au-delà d'un super nom, les Irlandais possèdent le plus gros palmarès de leur pays. Et même si cela fait quelques années qu'ils sont remis en question, les Hoops gardent la foi…
25 août 2011 : Stephen O’Donnell entre dans l’histoire du football irlandais en inscrivant le but qui qualifie les Shamrock Rovers pour les phases de poules de la Ligue Europa 2011-2012. En éliminant le Partizan Belgrade (1-1 et 1-2 en prolongation), les hommes de Michael O’Neill laissent ainsi leur trace en Irlande en devenant le premier club à atteindre un tel niveau dans une compétition européenne. La suite sera moins rose, vu que le club essuiera six défaites en autant de rencontres et en prenant 21 buts dans le pruneau pour seulement quatre inscrits à Tottenham, Rubin et chez le PAOK. Pour les Shamrock, ce parcours historique est le dernier grand fait d’armes d’un club au palmarès pourtant impressionnant sur sa petite île… Bousculé depuis des années au niveau national, le club de la capitale n’est plus celui qui écrasait les années 80 par sa force et son nom tout cool. La faute à des problèmes financiers, des années sans stade fixe et l’avènement d’autres clubs irlandais qui en ont dans le pantalon…
Un palmarès dingue… jusqu’en 1987
« Quand je suis arrivé ici, je ne savais pas grand-chose sur les Shamrock ni sur le championnat irlandais tout court, ce n’est pas une compétition qui intéresse grand monde à la base, s’excuse presque Maxime Blanchard, transféré aux Shamrock Rovers en février dernier. J’aurais quand même pu vous citer deux-trois noms grâce à Football Manager et FIFA, comme Shamrock et Bohemians, les clubs de Dublin qui sont un peu plus connus quoi, mais c’est tout. » Et si on connaît les Shamrock ne fût-ce que de nom, c’est aussi grâce à leur impressionnant palmarès au niveau national : 17 championnats et 25 Coupes d’Irlande auxquels on ajoute des victoires en Coupe de la Ligue ainsi qu’en feu Coupe de Dublin City et Top Four Cup. « Il y a une grosse différence avec ce que j’ai connu en France, parce qu’ici on met beaucoup plus en avant l’histoire d’un club, reprend Blanchard. Quand je suis arrivé, les dirigeants m’ont donc parlé de leur palmarès, du fait que c’était le club avec le plus de succès d’Irlande… C’était vraiment sur le côté historique qu’ils ont insisté, avant même leur projet du moment. » C’est peut-être bien ça le problème d’ailleurs, car si les Shamrock ont empoché 39 récompenses majeures entre 1923 et 1987, ils n’en ont accroché que quatre durant les 28 années qui ont suivi…
Sans stade fixe
Le vrai coup dur intervient quelque temps après avoir enchaîné quatre championnats de suite, en 1987. Les Shamrock Rovers apprennent en effet que la famille Kilcoyne, qui détient le stade du Glenmalure Park depuis peu, a décidé de revendre l’enceinte. Déplacé au Tolka Park pendant la saison 1987-88, les Shamrock jouent devant un stade quasi vide, les fans n’appréciant pas ce déménagement. Par la suite, la famille Kilcoyne porte le coup final aux supporters en cédant le club à un certain John McNamara dont la première idée est de proposer le déplacement de son équipe au Dalymount Park, le stade… du rival de Bohemians. C’est finalement dans le quartier de Ballsbridge que les Rovers trouvent un refuge momentané. La période folle des Shamrock Rovers semble s’en être allée en même temps que ses investisseurs de toujours et le n°1 irlandais commence d’ailleurs à connaître quelques problèmes financiers. Fin 1994, le club est ainsi obligé de vendre ses meilleurs joueurs qui sont remplacés par des jeunes du cru…
Retour aux sources
Chez les Hoops, les années 90 voient plus de présidents défiler (quatre) que les titres (un seul championnat) et début 2000, alors qu’il a encore déménagé dans un stade d’athlétisme cette fois, le club est placé sous tutelle. « On ne m’a pas trop expliqué la raison de ces soucis financiers, explique Blanchard. Peut-être que de l’argent a été mal placé, la gestion n’a pas dû être énorme non plus. » C’est le Club des 400, un groupe de supporters, qui va sauver partiellement les Shamrock en finançant les deux millions de déficit, mais le club reçoit néanmoins une pénalité de huit points lors de la saison 2004-2005, ce qui s’avère fatal aux Rovers qui sont relégués en D2. « Par après, il y a eu un retour aux sources, un réinvestissement sur le sportif, certifie Blanchard. Désormais, les supporters ont d’ailleurs un peu repris le contrôle du club. Je ne suis pas très politique, donc je ne suis pas au courant de tout, je sais juste que le président est un vrai supporter du club et qu’une grosse partie des supporters ont du poids dans les choix concernant les Hoops. »
La renaissance et l’espoir
La preuve de cette renaissance est l’acquisition des deux derniers titres du club en 2010 et 2011, donnant ainsi l’accès à cette fameuse Ligue Europa. L’autre moment historique du club est sans aucun doute l’arrivée finale dans le Tallaght Stadium en 2009, soit 22 ans après avoir quitté le Glenmalure Park. Au point de redevenir LE club à abattre en Premier League irlandaise ? « Je ne sais pas s’il y a un si gros focus sur les Shamrock parce qu’il y a d’autres clubs historiques en Irlande, analyse Blanchard. Désormais, de nombreuses équipes se sont développées comme Dundalk ou Cork City qui joue devant 5000 personnes, ce qui représente pas mal pour l’Irlande ! » Actuellement distancés de dix gros points par le leader Dundalk, les Shamrock Rovers devront probablement de nouveau se passer du titre cette saison, mais cela n’empêchera pas tous les proches du club de croire en un vrai renouveau du club. « L’objectif est que l’on reparte sur les bases historiques qui font qu’on est la top équipe du pays, glisse Blanchard. Il y a une vraie culture du foot ici. Ce n’est pas juste le ballon, les 90 minutes et des goals, c’est bien plus que ça. Ici, c’est assez respectueux, on sent la culture irlandaise assez relax, mais il y a aussi une grosse culture de la gagne et les gens sont vraiment passionnés. »
Par Émilien Hofman