- C1
- 8es
- Leicester-Séville (2-0)
Séville, parce qu’il fallait une fin…
À la suite d'un non-match, le FC Séville voit son parcours européen prendre fin à la mi-mars. Si les réactions sont acerbes à cause d’une élimination contre une équipe a priori à sa portée, il ne faut pas omettre la fin de cette exceptionnelle série sévillane.
Ce matin, la partie rouge de Séville se réveille avec un gros mal de crâne. Sa soirée était plus compliquée que prévue, et pour elle, il est encore difficile d’admettre ce qu’il s’est passé au King Power Stadium. Difficile de comprendre la rixe entre Jamie Vardy et Samir Nasri. Difficile de croire à la naïveté certaine de ce dernier sur son expulsion. Difficile de voir les Palanganas se procurer un penalty inespéré, et laisser Steven N’Zonzi poser le ballon pour frapper. Où était Vitolo ? Derrière le Français. Où était Jovetić ? Idem. Des joueurs plus techniques auraient pu (dû ?) prendre cette responsabilité, mais N’Zonzi s’en est chargé. Et malgré tout son cran, Steven a échoué. Certes, ce penalty laissera une pointe de regret au Nervión. Mais il faut bien le dire, Leicester mérite sans conteste cette qualification pour les quarts de finale de Ligue des champions. Au cœur, à l’envie, mais aussi à la jugeote, les Foxes ont fait tomber Séville. Et l’exploit n’est pas mince : pour trouver une élimination du FC Séville en Coupe d’Europe, il faut remonter au… 25 août 2011. Quand même.
Parfois touché, jamais coulé
C’était un match à domicile contre Hanovre 96, lors d’un tour préliminaire de la Ligue Europa. Le match se terminait sur un match nul (1-1), mais la défaite du match aller obligeait le club sévillan à marquer pour aller chercher la prolongation. Par analogie, ce match contre Leicester vient donc boucler cette boucle, longue de quatre saisons européennes et aux débuts peu glorieux. Après une saison passée dans le ventre mou de Liga, Séville se qualifie l’année suivante pour la Ligue Europa 2013-2014, où elle débute sa campagne par une victoire contre les Monténégrins du Mladost Podgorica, le 1er août 2013 (3-0). La suite, ce seront des rencontres bien plus tendues.
D’abord, le déclic. Séville remporte une séance de tirs au but à couper au couteau face au voisin du Betis en huitièmes, après avoir remonté une défaite 2-0 dans son Sánchez-Pizjuán lors de la manche aller. Ensuite, la folie. Stéphane M’Bia délivre son équipe dans les ultimes secondes au Mestalla de Valence, pour permettre aux Sévillans d’accéder à la finale de Turin grâce à la règle du but à l’extérieur. Enfin, la consécration. Séville arrache une finale crispante aux penaltys (0-0, 4-2 tab) contre un Benfica maudit sur la scène européenne. Déjà auréolé en 2006 et 2007, le FC Séville tient sa victoire et se qualifie d’office pour la prochaine campagne de C3. C’est la première pierre d’une reconnaissance internationale pour le stratège Emery.
Les bébés d’Unai
La suite, c’est un rouleau compresseur. Plus il avance avec son coach basque, plus le FC Séville prend confiance en ses capacités, repousse les limites du possible. Le Zénith Saint-Pétersbourg est invaincu depuis douze matchs à domicile en Ligue Europa ? Il les maîtrise. Le Dnipro semble touché par la grâce contre Naples en demi-finales ? Mené au score, Séville parvient à renverser la vapeur à Varsovie (3-2). Deux campagnes consécutives, deux victoires finales. L’exploit est déjà de taille, mais Emery va voir la possibilité d’agrandir à nouveau cette belle famille de C3. Qualifiés pour la C1 grâce à cette victoire, les Andalous se retrouvent troisièmes du groupe de la mort, composé de la Juventus, Manchester City et du Borussia Mönchengladbach.
Résultat ? Un reversement pour les seizièmes de finale de la C3. Et là encore, rebelote. Parmi les plus beaux scénarios à dormir debout, des tirs au but remportés face à l’Athletic Bilbao pour se qualifier en demies, et cette finale de Bâle contre Liverpool où, malgré une première période à l’avantage des Reds, Séville parvient à réaliser la passe de trois (3-1). C’est simple, pour retrouver aussi belle série en Europe, il faut remonter à 1976. À cette époque, le Bayern Munich soulevait pour la troisième fois consécutive la C1 contre l’AS Saint-Étienne. Voilà pourquoi aujourd’hui, il faut féliciter Leicester pour sa qualification, mais aussi rendre hommage au FC Séville pour son empreinte laissée à tout jamais sur l’histoire des coupes d’Europe.
Par Antoine Donnarieix