Dans une précédente interview, tu étais plutôt dur avec le football africain. Tu penses que ça a changé depuis ?
Non, c’est toujours très difficle là-bas. On le voit même avec la télévision. Aujourd’hui encore, presque aucun match des championnats africains ou des sélections africaines n’est diffusé. On a l’impression que c’est impossible de lutter contre les championnats européens qui attirent beaucoup plus de monde.
Tu penses que les équipes africaines ont un niveau trop faible par rapport aux équipes européennes ou sud-américaines ?
En termes de qualités, c’est indéniable. En Afrique, le football est malheureusement encore en plein développement. Le sport en général, d’ailleurs. Beaucoup de progrès doivent encore être fait dans la formation, les équipements, etc. Et puis il y a vraiment trop de différences de niveau ici, que ce soit à cause du pouvoir de certaines villes ou de la corruption. Il y a sept mois, par exemple, il y a eu quelques matchs de promotion, pour passer de la seconde division à la première. Sur tous ces matchs, certains se sont terminés par des 69 à 0 ou des 72 à 0. Putain, les mecs ! Comment ne peut-on pas sentir la corruption derrière tout ça ?
Selon toi, quelle sélection africaine fera le plus beau parcours au Brésil ?
C’est sûr que ce sera le Nigeria. On est champions d’Afrique, après tout !
Quels sont les atouts de cette équipe ?
Je crois que nous avons un bon buteur et beaucoup de jeunes très bons joueurs aujourd’hui. Je pense réellement que nous avons nos chances cette année. De toute façon, une fois que les poules seront passées, tout sera possible. Sur un match, rien ne peut empêcher une équipe de créer un exploit.
Tu connais les joueurs de l’équipe ?
Personnellement, non. Je suis plus proche d’anciens joueurs, comme Victor Ikpeba qui est vraiment un très bon ami. On a grandi dans la même rue. Je côtoie donc surtout des joueurs de ma génération, ceux qui sont trop vieux pour jouer (rires).
Quel joueur de la sélection est vraiment le plus impressionnant actuellement ?
Même si en France, je pense que vous avez un faible pour Vincent Enyeama, qui très bon, je crois beaucoup en Emmanuel Emenike. C’est un très bon attaquant ! Sa personnalité et son talent vont en surprendre plus d’un.
Tu t’imaginerais faire une chanson avec lui ?
Non, j’aimerais plutôt le faire avec Ronaldinho. Il est toujours en train de chanter, ce mec. Et puis, ça permettrait de s’ouvrir à des musiques brésiliennes, comme la samba. Mélanger ce style musical avec l’afrobeat, ça pourrait carrément le faire. D’autant plus si Ronaldinho est au casting (rires).
En dehors du Nigéra, tu crois en la France ?
Non, sois sérieux un peu. Vous n’avez plus Thierry Henry pour vous sauver, c’est fini (rires) ! Je supporte Arsenal, et je peux te dire que ce n’est pas Giroud qui va être décisif (rires). Il croit qu’il vit à Hollywood, le mec. Il rêve d’être une star du foot, mais il n’est bon que de la tête. J’ai l’impression que c’est également trop difficile pour une équipe de faire des bonnes performances quand elle est trop liée à la politique. En France, je trouve que c’est un peu le cas.
Le football ne devrait pas être politique, selon toi ?
Non, ça devrait rester une fête. Les politiques ont beaucoup trop investi et dénaturé notre sport ces dernières années.
J’imagine que tu te sens concerné par les protestations de la population brésilienne…
Oui, parce qu’il faut comprendre leurs revendications. Ils ne voulaient pas forcément d’une Coupe du monde chez eux. Ou plutôt, ils ne voulaient pas que le gouvernement dépensent des millions pour une compétition d’un mois, alors que des millions d’habitants vivent dans la misère.
L’argent, c’est vraiment le problème du foot moderne ?
Oui, les sommes sont vraiment démesurées. Ce n’est pas que la faute des dirigeants ou des institutions, c’est aussi la nôtre. Les jeux d’argent ont vraiment pris une trop grande importance ces dernières années. Ça nous paraît normal, mais ça ne fait que créer des conflits d’intérêt. Quand tu regardes le foot, c’est pour le jeu, pas pour l’argent que tu pourrais en tirer. Mais je ne m’inquiète pas du futur du football : certains clubs seront toujours là pour pratiquer un beau jeu, sans investir des dizaines de millions et sans faire l’impasse sur les jeunes générations. De même, il y aura toujours des jeunes ou des moins jeunes pour prendre un ballon et descendre jouer dans la rue.
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