- Ligue 2
- J19
- Pau-Troyes
Sessi D’Almeida : « On a compris que Pau avait un truc à jouer sur ce début de saison »
Sessi D’Almeida est l’un des artisans de la jolie première partie de saison du Pau FC, surprenant cinquième de Ligue 2 avant de recevoir Troyes, ce mardi (21h). L’infatigable milieu défensif décrypte la réussite béarnaise, tout en évoquant son parcours atypique. Et se mue même en conseiller financier.
Quand on revoit le superbe but que tu as inscrit à Saint-Étienne récemment, on se dit que tu as bien fait les choses pour débloquer ton compteur avec Pau… Avant même de reprendre le ballon, je savais qu’il allait finir au fond ! Sur l’action, je vois mon collègue (Johann) Obiang partir sur le côté gauche, et je sens qu’il faut que je me rapproche de l’entrée de la surface. J’ai le sentiment que la balle va revenir là, et c’est exactement le cas. Je ne me pose pas de question et je frappe. Je suis super bien équilibré, je la prends bien, donc ça fait mouche. C’était vraiment un beau moment, puisque ça a aidé l’équipe à gagner le match (1-2).
<iframe loading="lazy" title="Résumé : L'ASSE climatisé par un BANGER face à Pau !" width="500" height="281" src="https://www.youtube.com/embed/2IhMkzuwCYA?feature=oembed" frameborder="0" allow="accelerometer; autoplay; clipboard-write; encrypted-media; gyroscope; picture-in-picture; web-share" allowfullscreen></iframe>
La trêve approche, et Pau est bien installé dans le wagon de tête de la Ligue 2. C’est une surprise pour toi ? C’est vrai qu’en début de saison, on n’était pas programmés pour jouer les premiers rôles. On était donc concentrés sur notre objectif prioritaire, à savoir le maintien. Mais petit à petit, on a vu qu’il y avait un autre chemin qui se dessinait pour nous. On l’a pris, et maintenant, on est bien sur notre chemin de la première partie de tableau, des cinq premières places.
Comment avez-vous réussi à l’emprunter, ce chemin ? L’an passé, on a assisté à un renouvellement total de l’équipe. Il a fallu prendre le temps de se connaître, de créer quelque chose entre nous, et ça a été une saison difficile (Pau a fini 13e avec deux points d’avance sur la zone rouge, NDLR). On a traversé des moments compliqués, mais ça a renforcé le groupe. On sait qu’on peut compter les uns sur les autres si de telles épreuves se présentent à nouveau. C’est ça qui fait la différence, je pense. Et puis, on a conservé des bases solides, avec des cadres comme Henri Saivet, notre maillon fort. Des éléments importants nous ont rejoints, je pense à Bingourou Kamara notamment. Il y a une grosse alchimie qui a émergé entre nous.
Est-ce qu’il y a eu un match déclic ? Celui à Saint-Étienne, justement. Là, on a pris conscience qu’il y avait des places à aller chercher un peu plus haut. En grattant une victoire, on pouvait monter dans le top 5, ensuite on pouvait prendre le top 4… Je pense que ce match nous a aidés à comprendre qu’on avait un truc à jouer sur cette première partie de saison. Ça a été un match complet et un moment important, oui.
Il y a tout de même eu un changement notable à l’intersaison, avec le remplacement de Didier Tholot par Nicolas Usaï. Qu’est-ce que le nouveau coach apporte de nouveau ? Le coach Didier Tholot avait fait énormément de choses pour le club pendant des années, mais je pense qu’il était sur la fin d’un cycle. Nicolas Usaï apporte un nouvel air, un mode de management différent. On est vachement connectés au coach, on est très proches de lui. On peut se confier, lui dire des choses positives ou négatives. Il est très proche de ses joueurs, donc on en profite. Il est très à l’écoute. Sincèrement, c’est l’un des meilleurs entraîneurs que j’ai eus.
Qu’est-ce qui t’avait convaincu de rejoindre Pau, à l’été 2022 ? D’une part, il y avait le projet sportif, qui m’avait été présenté par le coach, Didier Tholot, et le directeur sportif, Joël Lopez (également parti en juin dernier, NDLR). Ils cherchaient un milieu de mon profil. D’autre part, la localisation a aussi compté. Je suis natif de Bordeaux, je ne me retrouve pas très loin de ma ville, de ma famille. Et puis, vu que je sortais d’une expérience délicate (six mois de prêt au Portugal, à Tondela, NDLR), le fait d’avoir du temps de jeu était important pour moi, dans l’optique de me rapprocher du niveau que j’avais eu auparavant à Valenciennes.
Après avoir fait tes premières apparitions chez les pros à Bordeaux, tu as passé une saison au PSG, en 2015-2016. Pourquoi être allé là-bas, en sachant qu’il te serait quasiment impossible de jouer en équipe première ? À Bordeaux, j’étais stagiaire pro, mais je n’ai pas eu la possibilité de signer de contrat. Je n’ai pas été conservé et c’est là que l’opportunité de rejoindre la réserve du Paris Saint-Germain s’est présentée. Je l’ai saisie, et ça a été une très bonne expérience. J’ai connu des jeunes qui sont aujourd’hui des joueurs confirmés, comme Christopher Nkunku ou Odsonne Edouard. Et même si je n’ai pas joué avec l’équipe première, ça a été une fierté de signer mon premier contrat professionnel au PSG.
Par la suite, tu as pas mal bougé en Angleterre, du Championship à la League Two, en passant par la League One. Qu’est-ce que tu retiens de ces expériences dans les divisions inférieures anglaises ? Ça a été une étape extraordinaire dans mon parcours. Pour moi, c’était un rêve d’aller en Angleterre. J’aurais aimé toucher les plus hautes sphères, jouer en Premier League ou rester un peu plus en Championship, mais ça reste une très belle expérience. On sent que c’est un pays de foot, où ce sport est une religion, un art de vivre. Les stades sont constamment remplis et le public très fervent. Sincèrement, je me suis régalé en League Two (sous le maillot de Yeovil Town, NDLR). C’est dans la plus petite division professionnelle que je me suis le plus épanoui, dans mon football et dans l’expérience de vie.
Est-ce que ça a influé sur ta façon de jouer ? Ça me correspondait totalement en matière d’état d’esprit, de fighting spirit. Et ça a eu un impact sur mon jeu en tant que milieu défensif, parce que je suis dans le combat, toujours déterminé à récupérer le ballon. Forcément, derrière, je suis revenu en France avec un gros bagage.
En juin 2022, tu as publié un livre, intitulé Footballeur et investisseur. Qu’est-ce qui t’a incité à te lancer dans ce projet ? En centre de formation, on est formés à jouer au foot, pas à faire attention à nos sous. On est programmés pour gagner beaucoup d’argent, mais sans la moindre éducation financière. Moi, je n’ai pas gagné des millions, mais un peu d’argent quand même. Mon objectif, c’était d’avoir plusieurs sources de revenus, pour ne pas dépendre que du foot. Donc, j’ai appris sur le tas, j’ai lu. Ce livre me permet de partager mon expérience professionnelle, par rapport à mes investissements, et de donner un conseil aux futurs footballeurs professionnels : avant d’avoir des sous, renseignez-vous pour savoir ce que vous en ferez. Sinon, vous risquez de le gaspiller, de le dépenser dans trop de plaisirs.
Ton objectif, c’est donc d’apporter aux jeunes footballeurs l’éducation financière qu’ils n’ont pas eue ? C’est ça. D’ailleurs, je suis en train de créer une conférence pour intervenir dans les centres de formation et les clubs professionnels. Ça permettrait d’éviter pas mal d’erreurs. C’est un projet qui me tient à cœur et ça va aider beaucoup de jeunes joueurs, je pense. Et puis, tout le monde n’est pas destiné à devenir footballeur pro, y compris en centre de formation. Donc le jeune qui aura écouté mes conseils pourra s’en servir dans sa vie future, quelle qu’elle soit.
Je n’ai jamais été pro, mais là, imaginons que je suis face à un dilemme : continuer à épargner ou investir dans l’immobilier. C’est quoi, ton conseil d’expert ? Ça dépend, est-ce que tu as assez épargné pour investir dans l’immobilier ? Dans tous les cas, il faudra toujours que tu gardes un fonds de sécurité. Tu en auras besoin pour investir tranquillement dans l’immobilier. Il ne faut pas tout mettre dans l’immo, quoi, mais bien penser à garder une sécurité personnelle. C’est pour ça qu’il faut créer deux épargnes.
Propos recueillis par Raphaël Brosse