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Drake et Venise, pour l'amour du business
Menacé d'être rétrogradé en quatrième division, le club de Venise, promu en Serie A, doit son salut à Drake, le rappeur canadien ayant épongé la dette des Arancioneroverdi (40 millions d'euros). Comment expliquer cette implication soudaine auprès du club italien davantage réputé pour ses maillots que pour son football ?
Le 2 juin dernier, dans son enceinte Pier Luigi Penzo gonflée à bloc, Venise arrachait la victoire face à la Cremonese en finale de play-off (1-0). Un succès synonyme de retour dans l’élite pour les Arancioneroverdi, deux ans après. Si les tifosi orange-noir et vert célèbrent cette promotion comme il se doit, en interne, on sourit jaune. En effet, le club est dans une funeste situation financière, se retrouvant endetté à hauteur de 40 millions d’euros, et pourrait même être relégué administrativement en Serie D.
Après plusieurs semaines d’incertitude, le club de Venise est sauvé. Et de quelle manière. Brad Katsuyama, co-propriétaire du club, fait jouer ses contacts, comme Mattel Babel, une vieille connaissance. « J’ai reçu un appel de Brad qui m’a explosé le problème : Venezia doit récolter près de dix millions en quelques semaines, puis trente millions dans les prochains mois, ou sinon, le club fera faillite, s’est ainsi félicité à GQ Italia le directeur de Nocta, la marque du rappeur Drake. J’en ai discuté avec Drake et Brad pour savoir comment nous pouvons aider le club. En deux semaines, nous avons trouvé un accord et ainsi empêché au club la banqueroute. » C’est donc bien l’ennemi juré de Kendrick Lamar qui a sauvé Venise, en injectant les 40 patates nécessaires à la survie du club. Reste cette question : pourquoi l’artiste américain a-t-il mis la main à la poche pour aider un petit club italien ? Business is business.
Le rendez-vous des marques
Si Drake a toujours voué une certaine passion pour le sport (particulièrement le basket, lui le fervent supporter des Raptors devant l’éternel), il a surtout senti le bon filon en Vénétie. Ces dernières années, et notamment depuis l’arrivée des Américains en 2020, le Venezia FC a surtout fait parler de lui pour ses maillots esthétiques, devenus de véritables accessoires de mode. Ça tombe bien, Drake et son équipe développent depuis quelques temps leur marque, Nocta, une gamme de Nike. L’occasion pour l’ex de Rihanna de s’implanter pour la première fois dans le monde du sport, en devenant l’équipementier du club vénitien et d’ainsi développer encore plus sa marque. « Venise est heureux d’annoncer que Nocta sera son nouvel équipementier », a ainsi annoncé le promu dans un communiqué, dans lequel Fabrizia Monteleone, chef de marque du club, a justifié cette collaboration par la volonté de « capitaliser sur la popularité mondiale du football et ainsi attirer l’attention du monde entier sur l’une des villes les plus importantes culturellement au monde ».
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Avec une image de marque hype, Venise s’impose comme le choix parfait pour Drake et son équipe. Pour développer au mieux cette collaboration, le club vénitien a notamment recruté un certain Jamie Reigle, anciennement directeur commercial de Manchester United pendant plus de dix ans : « C’est un projet qui demande du temps et de l’argent, mais qui j’espère se portera bien, s’est félicité ce dernier pour GQ Italia. Après dix ans à Manchester, je sais ce qu’il faut faire pour devenir un top club et je pense que Venezia porte également cette ambition. » Brad Katsuyama sait aussi ce que le rappeur peut apporter : « La valeur de Drake pour tout club de sport est inégalable, c’est une superstar mondiale. Nous voulons être dans l’intersection entre le sport et la culture. L’opportunité de s’associer avec une marque comme Nocta nous permet justement cela. » Et le foot, dans tout ça ?
Venise, les yeux plus gros que le ventre ?
Pour son retour en Serie A, Venise espère ne pas répéter les mêmes erreurs qu’il y a trois ans pour s’installer un peu plus durablement dans l’élite italienne. « Nous avons un projet ambitieux, sur le long terme, en se projetant sur 5-7 ans », a déroulé Rob Hamwee dans un communiqué. Selon le nouveau président du comité opérationnel, le club vénitien a « tous les arguments pour avoir un succès durable au plus niveau du football européen avec une ville reconnue dans le monde entier, une base de fervents supporters fidèles, un centre d’entraînement de top niveau mondial, une formation optimale et une direction engagée. » Il faut dire que depuis son arrivée à Venise, la direction américaine a vu les choses en grand, parfois un peu trop. En 2021, à la suite de la promotion en Serie A, Venise avait sorti le carnet de chèques, notamment pour la création d’un nouveau centre d’entraînement, ou encore pour le projet du nouveau stade qui devrait coûter pas moins de 315 millions d’euros. Des investissements colossaux que le club comptait amortir avec le maintien dans l’élite. Résultat des courses : une saison chaotique conclue à la dernière place et un retour en Serie B.
Le 1er juillet dernier, face à l’urgence économique, Venise a donc fait entrer de nouveaux investisseurs dans le capital du club, dont le fameux Brad Katsuyama, l’intermédiaire entre Venezia et Drake. Les 40 millions d’euros ne suffisent pas non plus à se dire que tout est réglé, le maintien sera capital pour la pérennité financière du club, même si les dirigeants vénitiens nourrissent de grandes ambitions. Rob Hanwee : « Avec de la patience, de l’engagement et forcément un peu de chance, il n’y a aucune raison pour que Venezia ne puisse pas prétendre à une place en Ligue des champions dans un avenir pas si lointain. » Pas sûr que la présence de Drake, loser reconnu dans le domaine des paris sportifs (plus de 10 millions d’euros de pertes estimées), n’assure à Venise de toucher les étoiles dans les prochaines années. Avoir des beaux maillots, c’est bien aussi.
Pronostic Hellas Vérone Venezia : Analyse, cotes et prono du match de Serie APar Tristan Pubert