ACTU MERCATO
Seri-Fulham, mariage farfelu ?
À un pouce de signer au Barça l’été dernier, Jean-Michaël Seri quitte finalement Nice pour s’engager avec... Fulham. Un choix de carrière foireux ? Pas tant que ça, à y regarder de plus près.
Fin 2015, un supporter ajaccien avait fait rire à peu près tout le monde en alpagant le latéral lyonnais Rafael à la descente du bus avant un Gazélec – OL : « Oh Rafael ! Passer d’Old Trafford à Mezzavia, tu en penses quoi de ta carrière ? » Trois ans plus tard, nombreux sont ceux qui, interpellés par le départ de Seri vers Fulham, aimeraient mettre ce supporter sur la route du milieu ivoirien pour lui poser une question : « Oh Jean-Michaël ! Passer de Barcelone à Fulham, tu en penses quoi de ton transfert ? »
Une rupture qui profite aux deux camps
Parce que oui, le joueur aux douze buts et 23 passes en 103 matchs de L1 avec Nice s’est officiellement engagé hier et jusqu’en 2022 à Fulham, fraîchement promu en Premier League après quatre ans à l’étage du dessous. Un choix étonnant ? Pour un joueur courtisé il y a encore quelques mois – voire semaines – par le PSG, Chelsea ou Dortmund et qui aurait pu rejoindre Barcelone l’été dernier, assurément. Est-ce pour autant l’aveu d’une carrière déjà gâchée, comme certains le laissent entendre depuis l’annonce de sa signature ? Bien sûr que non.
?? #SERIous business. ? pic.twitter.com/AatwjqMqaq
— Fulham Football Club (@FulhamFC) July 12, 2018
En bout de cycle à Nice, où son dernier exercice fut le moins abouti des trois qu’il a livrés chez les Aiglons, Seri devait partir pour se relancer et confirmer l’important potentiel qu’il a laissé entrevoir dans le championnat de France. Nice, qui l’avait chopé pour un million d’euros à Paços Ferreira en 2015, ne pouvait, de son côté, pas risquer de laisser filer une nouvelle fois une énorme plus-value d’une trentaine de millions d’euros sur un joueur en fin de contrat dans un an. Mais Seri a toujours répété qu’il ne souhaitait pas partir pour partir et, quelques mois après son transfert avorté à Barcelone, il l’assurait : le jour où il quitterait Nice, cela serait « forcément pour une équipe qui joue bien au football » .
Fulham a de la gueule et beaucoup d’argent
Évidemment, Fulham joue moins bien au football que Barcelone. Néanmoins, le promu s’avance en Premier League avec des ambitions collectives et un effectif qui commence à séduire. Troisième de D2 l’an dernier, le club du sud-ouest de Londres y a développé, sous l’impulsion de son entraîneur Slaviša Jokanović, un football de possession, offensif et attrayant, qui a valu à l’équipe le surnom de « Manchester City de Championship » . Fulham, qui possède en ses rangs avec Ryan Sessègnon (18 ans) l’une des plus belles promesses du football anglais, s’appuyait jusqu’alors sur une politique de prêts de jeunes joueurs talentueux (Sheyi Ojo de Liverpool, Matt Targett de Southampton et Tomáš Kalas de Chelsea ont notamment participé à la remontée).
Mais pour fêter ses retrouvailles avec l’élite anglaise, le proprio du club, l’homme d’affaires et milliardaire pakistano-américain Shahid Khan, semble enclin à claquer des billets roses pour se donner les moyens de bien figurer. Le transfert de Jean-Michaël Seri, acheté dans un deal avoisinant les 35 millions d’euros avec le défenseur niçois Maxime Le Marchand, est d’ailleurs révélateur puisqu’il constitue l’acquisition la plus onéreuse de l’histoire des Cottagers. Également sur le point de boucler l’arrivée du numéro 9 serbe Aleksandar Mitrović, déjà prêté l’hiver dernier par Newcastle, Fulham pourrait bien être l’une des bonnes surprises du prochain exercice. Voilà donc Seri, à 26 ans, installé dans le championnat le plus prestigieux et le plus exposé au monde, au sein d’un club aux allures de tremplin idéal. Ce n’est pas encore Barcelone, Chelsea (qui aurait trop tardé pour payer la somme réclamée par l’OGCN), Paris ou Dortmund. Mais c’est peut-être un itinéraire opportun pour y arriver, un jour ou l’autre.
Par Albert Marie