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Sergio Ramos et le Real Madrid, la fin d’une ère
C'est une nouvelle qui était redoutée depuis plusieurs semaines, celle du départ de Sergio Ramos du Real Madrid après 16 ans de bons et loyaux services. Un départ par la petite porte pour l'une des plus grandes légendes de la Maison-Blanche.
Même salle, deux ambiances. Il y a deux ans quasiment jour pour jour, Sergio Ramos avait déjà tenu une conférence de presse exceptionnelle au centre d’entraînement du Real Madrid à Valdebebas. À cette époque-là, les rumeurs sur son départ de la Maison-Banche étaient nombreuses. Sauf que le capitaine des Merengues était venu sortir l’extincteur : « Je ne veux pas partir. Mon rêve et mon envie est de prendre ma retraite ici. Je ne partirai jamais, en fait je serais même prêt à jouer gratuitement ici. Le jour où je partirai, je le ferai par la grande porte, c’est-à-dire en gagnant. » Problème, le football a toujours montré qu’il n’était jamais bon de faire des promesses qu’il est difficile de tenir. Et deux ans plus tard, c’est un Sergio Ramos en larmes qui se présente à Valdebebas pour annoncer son départ du club après une année sans titre : « Le moment le plus difficile de ma vie est arrivé. Le moment est arrivé de quitter le Real. » Une phrase que le défenseur espagnol, jusqu’ici stoïque, a eu du mal à prononcer, n’arrivant pas à retenir ses larmes. Des larmes que partagent des centaines de milliers de supporters qui avaient pris l’habitude de le voir chaque week-end depuis 2005.
671 matchs, 22 trophées, 101 buts
Il est toujours difficile d’établir un classement des meilleurs joueurs dans l’histoire d’un club. Qui plus est lorsque cette équipe se nomme le Real Madrid et qu’elle possède une histoire vieille de plus de 100 ans. En 2017, quelques jours après la 12e victoire en Ligue des champions des Merengues, SoFoot s’était toutefois pris au jeu. Et après de longues discussions et débats, Sergio Ramos s’était placé à la 9e place. Sa carrière au Real Madrid étant terminée, il est plus facile d’y voir clair quant à son positionnement dans le classement. Et il se pourrait bien qu’il grappille quelques places pour se rapprocher d’un top 5. Les chiffres parlent en tout cas pour lui.
Il y a d’abord ces 22 trophées remportés – dont 12 en tant que capitaine et 4 Ligues des champions – qui font de Sergio Ramos le deuxième joueur le plus sacré dans l’histoire du Real Madrid derrière Paco Gento (23 titres). Mais aussi ses 671 rencontres disputées – 4e joueur le plus capé du club -, ses 437 victoires – seul Iker Casillas fait mieux – et ses 101 pions qui font de lui le 20e meilleur buteur de l’histoire du club. Solide lorsque l’on joue latéral droit puis défenseur central. But toujours, Sergio Ramos est d’ailleurs l’unique défenseur à avoir marqué dans deux finales de Ligue des champions (2014 et 2016). Ce coup de casque face à l’Atlético à la 93e minute pour arracher la prolongation – et ensuite remporter la fameuse Décima attendue depuis de longues années – restera d’ailleurs comme l’une des actions les plus iconiques de l’histoire du Real Madrid. C’est en tout cas l’avis de Florentino Pérez : « Partout dans le monde, tu seras toujours l’homme de la Décima ».
Digne représentant du Madridismo
Plus que les chiffres, c’est l’attitude de Sergio Ramos qui a fait qu’il a très vite été adopté par les supporters à son arrivée en provenance de Séville, alors qu’il n’avait que 19 ans. À la mort d’Ignacio Zoco – légende du Real Madrid des 60s – en 2015, Carlos Mendoza, président de l’association pour les Valeurs du madridismo, avait défini pour SoFoot en quoi l’ancien milieu représentait ce qu’est le madridismo: « Zoco a représenté les valeurs historiques qui ont fait du Real Madrid le plus grand de tous. Il avait cette capacité à souffrir, à se battre face à l’adversité jusqu’à remporter la victoire. Il a toujours eu cette volonté ferme de décrocher la victoire plus que tout autre chose. Cet esprit compétitif a toujours caractérisé le Real et Zoco. »
Remplacez « Zoco » par « Sergio » , et cette phrase sera toujours aussi juste. Car en plus d’être le meilleur défenseur de l’histoire de ce club d’après un sondage de Marca, Sergio Ramos a toujours été le parfait exemple de ce madridismosi cher aux supporters qui aiment les joueurs qui se dépassent sur le terrain et qui continuent de se battre malgré la souffrance et les blessures. Et s’il y en a bien un qui a toujours été prêt à se sacrifier et se bagarrer pour le Real Madrid, c’est bien Sergio Ramos. Et tant pis si cela lui a coûté 173 cartons jaunes et 26 cartons rouges. Deux records – moins glorieux – qui seront, là aussi, difficile d’aller chercher.
Le Real ne sait pas dire adiós à ses légendes
Au-delà de l’émotion sincère et touchante de Sergio Ramos au moment de son discours, cette conférence de presse transpire la tension. Car si Florentino Pérez a rendu un bel hommage à son poulain – « Je me sens vraiment fier de ce que tu as réussi ici. Tu es l’une des légendes du Real Madrid. Tu as gagné le respect et l’admiration de tous sur le terrain. Au-delà des chiffres, tu seras toujours l’un de nos capitaines et l’un des plus aimés. Ce n’est pas une journée facile, parce que toi, pendant tout ce temps, tu as été une personne spéciale pour moi. » – et que ce dernier lui a rendu la pareille, la tension est palpable entre les deux hommes. Et pour cause, Sergio Ramos ne voulait pas que l’histoire se termine ainsi, comme il l’a confirmé : « Que ce soit bien clair : ça n’a jamais été une histoire d’argent. Le président savait depuis plusieurs mois que ce n’était pas une question économique, mais de durée. On m’a offert un an, j’en voulais deux. Je voulais de la tranquillité, de la continuité pour moi et ma famille. »
Et cela donne donc un départ par la petite porte, en plein milieu d’un Euro auquel il n’a pas été convié, obligeant ainsi ses coéquipiers – qui se sont exprimés sur les réseaux sociaux – à manquer cette cérémonie. Un de plus pour un héros du club. Car s’il est toujours difficile de se séparer de ses légendes, le Real Madrid est coutumier du fait. C’était déjà le cas avec Raúl que Florentino Pérez ne voulait pas prolonger, ou encore avec Iker Casillas, accusé d’être un traître par une grosse partie des supporters. Mais aussi plus récemment avec Zinédine Zidane et son second départ du banc des Merengues et dans une moindre mesure avec Cristiano Ronaldo. Critiqué par une petite partie des supporters qui lui en veulent de ne pas avoir voulu signer la prolongation d’un an, Sergio Ramos peut se rassurer en voyant que les bisbilles s’atténuent avec le temps, puisque Raúl est désormais coach de la Castilla, quand Iker Casillas, lui, est devenu conseiller du président. Cela tombe bien, puisque Sergio Ramos l’a annoncé en conférence de presse : « Ce n’est qu’un au revoir. Tôt ou tard, je reviendrai. » Il faut dire qu’il a un 23e titre à aller chercher.
Par Steven Oliveira