- Ligue des champions
- 1re journée
- Real Madrid/Shakhtar Donetsk
Sergio Ramos a pris le Real par les cornes
Le 10 septembre 2005, un Sergio Ramos tout juste sorti de la cantera du FC Séville faisait ses débuts avec le Real Madrid. Une décennie plus tard, il a coupé sa chevelure et est devenu le symbole du madridismo. Retour sur l'évolution d'un Sevillista aujourd'hui roi de la capitale espagnole.
Les faciès racontent une indéniable fatigue, tandis que les regards affichent une joie mesurée. Côte à côte, Florentino Pérez, puis Sergio Ramos prennent la parole. Premier à monter sur le pupitre de la loge d’honneur de l’ancien Estadio de Chamartin, le président madridista n’hésite pas à faire de son capitaine « le symbole d’un madridismo qu’il a conquis grâce à son courage, son engagement et son immense cœur » . Des mots doux qui trouvent également place dans le discours du natif de Camas : « Comme je l’ai dit il y a de ça dix ans lors de ma présentation, faire partie de ce club est un rêve dont je veux profiter tant que c’est possible. Faire partie du Real est un honneur, mais également un engagement. » Cet échange, courtois mais distant, met un point final à l’un des feuilletons merengues de l’été. Après des semaines de rumeurs et de tractations, Sergio Ramos prolonge enfin son bail avec la Casa Blanca jusqu’en 2020. Un épilogue heureux qui lui octroie également le rôle de nouveau capitaine blanc et, de fait, de nouvel icône du Santiago Bernabéu et de ses socios. Désormais, Sergio El Capitan s’attelle à être à la hauteur de ce brassard.
« Le rêve de toute ma vie était de jouer avec Séville »
Avant de devenir l’égérie du Real Madrid dans le monde entier, Sergio Ramos est un enfant de l’Andalousie. « Le rêve de toute ma vie a toujours été d’être un joueur de Séville, rembobine-t-il dans son autobiographie Coeur, caractère et passion. J’allais au Sánchez-Pizjuán avec les « Biris ». Ma seconde équipe favorite était donc le Deportivo La Corogne, puisque les « Biris » et les « Riazor Blues » étaient liés. C’est pour cela que j’avais le drapeau du Depor dans ma chambre à côté d’un maillot de Bebeto. » Après avoir fait toutes ses classes au sein de la cantera du FC Séville, il concrétise son rêve avant même sa majorité. Dès février 2004, il fait partie intégrante de l’effectif de Joaquín Caparros, alors coach sevillista. Le Real n’est alors qu’une chimère à laquelle il n’ose penser. Ce, jusqu’à une engueulade monstre avec José María del Nido à l’été 2005 : « Ça a été un moment très désagréable. Il ne voulait pas me prolonger aux mêmes conditions que les joueurs étrangers. Et au final, je suis parti. » Contre 27 millions d’euros – un record pour un minot de cet âge -, il devient le seul Espagnol recruté lors du premier mandat de Florentino Pérez.
Sans prendre le temps de cogiter, Sergio Ramos s’impose sitôt son arrivée comme un indéboulonnable des onze merengues. Sur le flan droit ou dans l’axe, sous Capello comme sous Mourinho, jamais il ne quitte son costume de titulaire. Outre quelques blessures, ses rares absences sont à mettre sur le dos de son sang chaud. Car, aussi bon soit-il, l’Andalou devient rapidement le joueur le plus souvent expulsé dans l’histoire du Real Madrid. Avec pas moins de 19 biscottes rouges reçues, il devance largement un autre poète blanc, Fernando Hierro. Lui feint de ne pas comprendre et se pose en victime : « C’est très facile de m’expulser. Je ne sais pas si c’est à cause de mes antécédents ou de ma personnalité. » Cet attrait pour l’expulsion ne l’empêche de gagner les cœurs madridistas. Bien au contraire : apprécié pour sa fougue et ses coups de sang, il incarne une certaine idée de la furia et se pose en ennemi des Blaugrana. Ainsi, lorsqu’il gifle Carles Puyol avant de vouloir en découdre avec Gerard Piqué lors de la fameuse manita du Camp Nou, il est accueilli en héros par le peuple blanc meringue.
Des casseroles jusqu’au summum de Lisbonne
Coqueluche des aficionados, Sergio Ramos doit ce statut à ses performances taille patron. Des performances qui lui offrent le totem d’immunité du Real. Sa relation confuse avec José Mourinho en atteste. Tandis qu’Iker Casillas, icône s’il en est de la Maison Blanche, est cloué au pilori par le Special One, lui ne reçoit que de légères remontrances de son entraîneur et, surtout, aucun sifflet de la part du Santiago Bernabéu. L’antre madridista lui passe tout, car il sait ce qu’il lui doit : la Décima. Déjà buteur décisif lors de la demie retour face au Bayern de Munich, il répète tel exploit lors de la finale de Lisbonne. D’un coup de tête majestueux à la dernière seconde, il permet aux siens d’accrocher la prolongation et, par extension, de soulever le trophée. Idem, il ouvre la voie vers le Mondial des clubs quelques mois plus tard. Ses exploits et sa longévité au Real – suite au départ de San Iker, il devient le joueur madridista le plus capé du vestiaire – le place donc parmi les plus grands de l’histoire du club. Lui s’en fiche et ajoute seulement souhaiter « relever ce nouveau défi qu’est d’être de le capitaine de cette équipe avant de prendre ma retraite ici » . Autrement dit, chez lui.
Par Robin Delorme, à Madrid