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Sérgio Conceição, braqueur à l’italienne
Après s'être farci l'AS Roma en 2019, la Juventus de Cristiano Ronaldo en 2020 et la Lazio en 2022, le FC Porto de Sergio Conceição s'avance vers sa quatrième proie italienne : l'Inter Milan.
« Le FC Porto continue de faire taire beaucoup de monde. Et ce match face à l’Inter Milan en sera encore la preuve. Personne ne tremblera à San Siro. » Pour Ricardo Quaresma, il n’y a pas l’ombre d’un doute. Interrogé dans les colonnes du quotidien portugais O Jogo plus tôt dans la semaine, celui qui a porté la tunique des Dragons à 220 reprises et celle de l’Inter Milan 32 fois est persuadé que les hommes de Sérgio Conceição déjoueront les pronostics en Italie ce mercredi soir. « Sérgio a des joueurs très expérimentés à sa disposition, mais par-dessus tout, il connaît très bien le football italien », relance le spécialiste de l’exter’. Et si celui qui a fait tomber l’AS Roma en huitièmes de finale de la Ligue des champions en 2019, la Juventus de Cristiano Ronaldo au même stade en 2021 et la Lazio en Ligue Europa l’année suivante, prolongeait son invisibilité contre les clubs transalpins ?
Meublé à la suédoise
« Chaque match a sa propre histoire. Demain en sera une autre contre l’une des équipes les plus fortes du monde, avec des joueurs fantastiques. Nous devons être solides derrière, attentifs à tous les détails en défense, et, lorsque nous avons le ballon, comprendre quels sont les espaces que nous devons explorer pour marquer. Et évidemment, nous avons travaillé les phases arrêtées. » Il y a près de deux ans maintenant, Sérgio Conceição livrait avec une totale transparence en conférence de presse ses plans pour se qualifier en quarts de finale de la Ligue des champions. Le lendemain, portés par une défense de fer, les Dragons finissaient par s’offrir les Bianconeri grâce à un coup franc au bout de la prolongation (3-2). Un exploit peut-être, et pourtant, le Portugais avait prévenu tout le monde. Grâce à un 4-4-2 composé d’une bande d’affamés comme Jesus Corona, Otavio, Sergio Oliveira, Chancel Mbemba ou encore l’éternel Pepe, Conceição quadrille parfaitement les attaques adverses, muselle CR7 – resté muet ce jour-là – et remet au goût du jour, le temps d’une soirée, les atouts qui ont permis à la Lazio de Sven-Göran Eriksson, de remporter le titre de champion en 2000. Pour So Foot, le tacticien suédois avait expliqué qu’à ses yeux, « la défense à quatre est une base vitale » et que « si vous voulez créer une grande équipe, vous devez posséder votre propre identité ». Voilà pour le papier. Du côté de l’animation, cette machine n’était pas une adepte de la possession à outrance et, un jour, l’ancien sélectionneur de l’Angleterre le justifia à Diego Simeone : « Diego, tu sais, plus on a de possession, plus on donne du temps à l’adversaire pour se mettre à l’aise… » Sur un terrain, Eriksson souhaite que ses joueurs « réduisent l’espace et le temps », et cela va passer par un contrôle absolu de toutes les zones du terrain plus que par un pressing de tous les instants. À n’en pas douter, cette Lazio-là a toujours été une source d’inspiration pour Sérgio Conceição, ailier droit indiscutable de la SSL entre 1998 et 2000 (puis un retour mitigé en 2003-2004).
Organisé à l’italienne
Ayant porté entre ses deux séjours romains les couleurs de l’Inter et de Parme, l’entraîneur du FC Porto a beaucoup appris du côté de la Botte. « Ces années ont été très importantes pour moi. Avec les différents entraîneurs que j’ai eus, en évoluant avec d’énormes joueurs et en disputant le meilleur championnat du monde à l’époque, j’ai eu le temps d’assimiler une autre vision du football, assurait Conceição au micro de Sky Italia en février 2021. L’Italie est mon deuxième pays. J’y ai passé de bons moments, à Rome, à Parme, à Milan ; peut-être un peu moins d’un point de vue sportif à l’Inter, mais je garde toujours de merveilleux souvenirs. » Depuis les succès face à l’AS Roma et à la Juventus, les médias italiens s’amusent à surnommer le coach des Dragons « le Diego Simeone portugais ». Intense, physique et discipliné, son Porto rappelle, par moments, celui de l’Atlético du Cholo, son coéquipier à la Lazio à la fin des années 1990. Largement favoris pour la plupart de leurs rendez-vous dans le championnat portugais, les Dragons laissent souvent et sans grande surprise le bloc compact et rigoureux derrière eux pour le football de possession.
Un style de jeu qui réussit d’ailleurs moins aux Dragons, trop souvent coupables d’une domination stérile face à des équipes de bas de tableau. Notamment cette saison, en témoignent les succès à l’arraché face à Rio Ave (1-0) il y a une semaine, contre Guimarães (0-1) au mois de janvier, ou encore un match nul à Lisbonne (0-0), sur la pelouse de Casa Pia. Plus à l’aise face à une équipe qui porte le cuir, les Dragons se montrent dangereux à chaque récupération de balle. En début d’année 2022, la Lazio de Maurizio Sarri n’était pas parvenue à faire tomber le FC Porto au Portugal bien qu’elle ait eu le ballon dans les pieds 64 pourcents du temps. Bilan : victoire 2-1 des Dragons qui avaient tenté leur chance 21 fois contre seulement 6 essais pour les visiteurs. Avec toutes ces clés, Conceição est devenu en janvier dernier l’entraîneur le plus titré de l’histoire du FC Porto avec neuf titres. « C’est un très bon entraîneur. Il réalise de grandes choses à Porto et je suis très excité à l’idée de le rencontrer dans cette compétition, a lancé Simone Inzaghi en conférence de presse, lui qui a partagé le terrain avec Conceição avec la Lazio au début des années 2000. Son équipe prône un football physique et très technique. Elle est organisée et a la particularité d’attendre à certains moments de la partie, avant de venir nous chercher. Ils sont rusés, comme Sérgio sur le terrain à l’époque. Nous devrons être très prudents. » Cette fois-ci encore, tout le monde est au courant : le bourreau préféré des équipes italiennes sur la scène européenne s’appelle Sérgio Conceição, et il a déjà sa prochaine victime dans le viseur.
Par Matthieu Darbas