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Sergi Roberto, la crème de la crème catalane
Annoncé depuis son arrivée à la Masia comme un crack en puissance, Sergi Roberto, vingt-quatre ans, confirme enfin toutes les attentes placées en lui. Une explosion qui, à défaut de surprendre, détonne pour le fils spirituel de Luis Enrique. Car appelé à prendre la relève de Xavi, il trouve son salut en reprenant le flambeau de Dani Alves.
Le premier match des qualifications pour le Mondial 2018 ne laisse aucun souvenir impérissable dans les mémoires des aficionados de la Roja. Large vainqueur du Liechtenstein (8-0), la sélection nouvellement menée par Julen Lopetegui délaisse tout de même lors de cette correction quelques pistes quant à son avenir. Au premier rang des satisfactions, le second buteur de la soirée s’offre une troisième cape internationale à l’image de son début d’exercice blaugrana. Autrement dit, une partition majuscule de Sergi Roberto qui ne fait que confirmer sa mutation entamée un an auparavant. Une aubaine pour la sélection espagnole, dont la concurrence au poste de latéral droit gagne en épaisseur, et une bénédiction pour Luis Enrique, pour qui le départ de Dani Alves ne relève plus du casse-tête chinois. « Sergi est l’un de mes favoris, concède ainsi l’entraîneur des Culés cet été. Depuis la saison passée, il a démontré son potentiel en jouant à pratiquement tous les postes. Il faut en avoir de l’intelligence, mais aussi un physique et des qualités innées pour être aussi fort partout. » Partout, mais aussi tout le temps.
Mes que un jugador
La période estivale 2015 des Blaugrana turlupine Sergi Roberto. Plongé dans l’inconnu quant à son temps de jeu, il s’en va toquer au bureau de son entraîneur pour le questionner sur son avenir. Cinglante autant que ferme, la réponse de Lucho renvoie des relents amoureux : « Reste, je crois réellement en toi. » Malgré ses maigres 58 apparitions depuis ses débuts en 2010, le natif de Reus se fie à la demande de son gourou. Car dans l’existence footballistique du jeune Catalan, Luis Enrique, relève de Pep Guardiola sur le banc du Barça B, est un second père. « Pour Luis, il était le chouchou, comme un fils, rembobine Muniesa, ancien compagnon de chambrée de Sergi, à El Pais. Il l’alignait toujours. Et ne l’ai jamais vu mal jouer. De toute façon, soit il est bon, soit il est très bon. » Cette étiquette, Sergi Roberto la trimbale depuis son entrée dans la cantera barcelonaise à l’âge de quatorze ans. Dès lors s’entame une ascension rectiligne dans toutes les catégories inférieures, du Barça comme de la Roja, qui va jusqu’à convaincre Guardiola de le lancer dans le grand bain – « Prends soin du petit gars de Reus, c’est le meilleur » , aurait-il glissé à son agent en 2008.
Souvent, et à tort, comparé au mythe Xavi Hernández, Sergi Roberto est « différent de tout le reste » , dixit Andoni Zubizarreta : « Même s’il a la qualité de jouer et de faire jouer l’équipe, Sergio a un profil physique à l’allemande. Il n’est pas comme Thiago qui rompt les lignes avec ses dribbles. Non, Sergio n’hésite pas à rentrer dedans. Lorsqu’il est lancé, personne ne l’arrête, c’est un train. » « C’est un joueur ultra complet, soutient l’un de ses anciens formateurs azulgranas, Javier Garcia Pimienta. Il a une grande capacité de travail, mais a aussi le sens du but. Je l’ai même déjà aligné en avant-centre en U-19. » De ce concert de louanges, Sergi le polyvalent s’en sort pourtant avec des premières saisons galères. Toujours encensé, mais rarement aligné par Tito Vilanova puis Tata Martino, il apprend à patienter. Au gré des saisons, l’attente de son éclosion toujours plus tardive interpelle les suiveurs blaugrana comme son entraîneur argentin : « Jusqu’à aujourd’hui, il a tout fait correctement. Désormais, l’heure est arrivée pour qu’il sorte le nez de son livre, car il peut offrir beaucoup plus. »
Un couteau suisse aux sept lames
Un après-midi de novembre dernier, en mondovision et dans un Santiago Bernabéu abasourdi, Sergi récite son premier chef-d’œuvre. « Je l’ai déjà aligné au milieu, en pivot, en latéral droit, rejoue un Luis Enrique encore émerveillé. Mais contre le Real, je l’ai aligné au poste d’ailier, et il a été fabuleux. » Après avoir mis au supplice Marcelo et transpercé les lignes merengues, il s’installe enfin dans les rotations du Barça. Si bien que par sa polyvalence, il pallie n’importe quelle absence et devient un couteau suisse aux sept lames – soit le nombre de postes qu’il a expérimentés la saison passée. Encore une fois, une bénédiction pour Lucho : « L’intelligence de Sergi est un énorme plus pour l’entraîneur. Durant un match, je peux avoir des pépins, un joueur qui se blesse, mais avec sa présence je ne suis pas obligé de faire de changement. » Après le départ inattendu de Dani Alves, la direction des Culés, en accord avec son entraîneur, choisit donc de ne pas recruter. Le moment de Sergi Roberto, enfin indéboulonnable du onze de gala d’un club qu’il rejoint dix ans plus tôt, est arrivé.
Par Robin Delorme