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Serge Pizzorno, renard des surfaces de Kasabian
Mais qui est Sergio Lorenzo « Serge » Pizzorno ? Avant tout, le guitariste et chanteur de Kasabian, ce fameux groupe que l'on avance toujours dans les discussions quand l'on veut parler foot et musique. Ce que les gens savent moins, c'est que ce bon vieux Serge est aussi un fan hardcore des losers de Leicester City, ainsi qu'un manieur de gonfle dont les qualités auraient pu lui ouvrir les portes de... Nottingham Forest.
« Chacun de nous rêverait d’être chanteur ou guitariste. Lui rêve d’être footballeur. Et c’est pour cette raison qu’il est aussi bon que tous les autres. » À la fin du Soccer Aid 2012, organisé par Robbie Williams, le commentateur d’ITV n’a d’yeux que pour un joueur en particulier. Sheringham, Keown ou Le Saux, qui garnissent les rangs de l’équipe d’Angleterre « charity » ? Non. Jaap Stam, Seedorf ou Crespo, dans le camp adverse avec la liquette du « reste du monde » sur le dos ? Non plus. L’homme encensé n’est autre que Sergio Pizzorno. Durant ce match, le joueur à la dégaine de Giorgios Samaras a marqué l’unique but du « reste du monde » , sur une passe décisive de Freddy Ljungberg, en passant un lob extraordinaire à David Seaman. Pas mal, hein ? Surtout pour un mec qui, lorsqu’il ne gambade pas sur les prés carrés, est guitariste et compositeur de Kasabian (dont le prochain album vient d’être annoncé pour 2014). Un groupe qui a explosé à la face du grand public en 2004 avec un morceau intitulé Club Foot, faut-il le rappeler, réutilisé ensuite pour la bande-son du jeuPro Evolution Soccer 5.
« Il m’a mis la misère »
C’est d’ailleurs sur un terrain à onze contre onze que le beau Serge et Tom Meighan, l’autre tête pensante et chanteur du groupe de Leicester, se sont rencontrés pour la première fois, comme ce dernier le raconte au site Sabotage Times. « J’avais onze ans, on était au collège et je l’avais au marquage. Son père nous entraînait. Il était minuscule à l’époque, vraiment petit et j’étais plus grand que lui. Il avait un maillot de l’Italie, c’était deux ans après l’Italie 90. Il m’a mis la misère, il m’a déchiqueté malgré sa toute petite voix. » En même temps, Pizzorno est un enfant de la balle. Papa coach, donc, mais également papy immigré de Gênes vers Leicester et fan du Genoa. Au printemps dernier, le chanteur-guitariste est même retourné sur la terre de ses ancêtres, notamment au Stadio Luigi Ferraris à l’occasion du derby contre la Sampdoria. Avant le match, le board lui a fait l’immense cadeau d’entrer sur le terrain pour saluer les supporters, un maillot du Genoa sur le dos, floqué de son nom et du numéro 10.
Soccer AM pour terrain de jeu
Pourtant, c’est vers le poste de buteur que souhaitait se diriger Pizzorno. Dès l’adolescence, le musicien en est convaincu : il sera footballeur. Le rock n’était qu’une « option » , comme il aime à le raconter lui-même. À l’âge de 16 ans, lorsqu’il annonce à son conseiller d’orientation qu’il souhaite devenir footballeur, ce dernier tente de l’en dissuader. « Alors je serai dans un groupe de rock » , lui rétorque l’adolescent. Un an plus tard, il fonde Kasabian. Entre temps, Pizzorno trouvera néanmoins le moyen de faire un essai à… Nottingham Forest. Soit l’arch nemesis de Leicester City, club dont le guitariste est fan depuis tout petit. Tout au long du stage, alors qu’on l’oblige à porter les chaussettes rouges de Forest, il les double avec une paire bleue des Foxes en guise de contestation. Leicester City ou le drame, à la vie à la mort, de Pizzorno. Un club qui pue la lose, mais en Angleterre, on ne change jamais de club.
En bons clients adeptes du trash talking, les interventions de Pizzorno et Meighan sont fréquentes à la télévision britannique pour s’exprimer avec virulence sur leur club chéri. Leur terrain de jeu favori : Soccer AM. La dernière saillie en date remonte à mai 2013 : Leicester City vient de se faire sortir en barrages de Championship par Watford, après un penalty manqué et un but encaissé dans les dernières minutes du match. Pizzorno, lui, n’a vu que la fin, sa femme ayant accouché la veille. Son enfant d’un jour dans les bras, le guitariste assiste à l’irréparable. « Je me suis dit que je n’allais pas parler de football à ce gamin. Ça n’est pas nécessaire. Il n’a pas besoin de connaître. Et à peine un jour après sa naissance, il voit ça ! » Plus tard, à défaut de voir les Foxes gagner, le petit Pizzorno pourra toujours voir les exploits de Papa sur un terrain. Qu’il mette un lob à David Seaman ou un énorme cachou en reprise de volée « avec ses chaussures de rock star » sur le plateau de Soccer AM…
Par Matthieu Rostac, pour le magazine DumDum
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