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Serge Aurier, le déclassé
Un temps considéré comme l’un des meilleurs du monde à son poste, Serge Aurier est en train de perdre sa place de titulaire au profit de Thomas Meunier. La CAN 2017 lui aura fait plus de mal que de bien.
Il est bientôt 23h en ce mardi 14 février. Sur la pelouse de son Parc des Princes, le Paris Saint-Germain vient de réaliser l’un des plus grands exploits de son histoire européenne en s’imposant largement 4-0 contre le grand Barça. Rien que ça. Sur la pelouse, Serge Aurier est de bonne humeur, le sourire aux lèvres, en train de chahuter avec ses « gars sûrs » , Adrien Rabiot et Layvin Kurzawa. Pourtant, ce moment si particulier dont les supporters du PSG continueront de parler pendant des années, l’Ivoirien ne l’a pas vraiment vécu. Il l’a vécu par procuration, depuis le banc, à travers ses coéquipiers et son principal concurrent au poste : Thomas Meunier. Même s’il la joue beau joueur, nul doute que Serge Aurier est déçu de ne pas avoir fait partie « du onze parisien qui a terrassé Barcelone » . Surtout qu’il y a encore quelques semaines, il faisait partie des indispensables, des intouchables du PSG.
« L’un des meilleurs latéraux d’Europe »
Serge Aurier n’a pas mis très longtemps à acquérir ce statut. Une saison entière pour être précis, en 2014-2015, lors de laquelle il alterne dans le couloir droit avec Gregory van der Wiel, censé être le choix numéro un à la base. Mais petit à petit, à force de puissantes courses, de centres précis et de duels gagnés, l’ancien Toulousain s’impose comme un titulaire pour la saison suivante. En novembre 2015, une étude publiée par l’Observatoire du football classe Serge Aurier comme le meilleur latéral d’Europe du moment. Suffisant pour que nombre d’observateurs le décrivent effectivement comme l’une des références mondiales à son poste. « Pour moi, il fait partie des trois meilleurs joueurs du monde à ce poste. Et encore, je suis gentil ! » , déclare par exemple Jean-Alain Boumsong. Un exemple parmi tant d’autres.
Et puis les problèmes extrasportifs s’accumulent et son image est sérieusement écornée. Février 2016, Aurier a la formidable idée de se lâcher en direct sur Periscope avec son pote, chicha et insultes plein la bouche à l’encontre de Laurent Blanc et de certains de ses coéquipiers. Résultat : un mois de sanction à jouer avec la CFA avant de faire son grand retour dans le groupe pro, pour le quart de finale de Ligue des champions contre Manchester City. À peine le temps de faire descendre la pression qu’il est placé en garde à vue fin mai après une altercation avec un policier en sortie de boîte de nuit. Une condamnation plus tard, le voilà interdit d’entrée sur le territoire anglais et donc dans l’incapacité de jouer contre Arsenal. « Quand, pendant des mois, vous entendez les gens vous cracher dessus, des animateurs radio vous insulter, c’est plus difficile ensuite » , explique d’ailleurs l’un de ses proches dans les colonnes de L’Équipe, ce samedi.
Ce diable de Thomas Meunier
Et surtout, cet été, un Belge coriace est venu faire mumuse dans ses pattes. Transfert le plus discret de la saison, Thomas Meunier s’impose peu à peu comme la meilleure satisfaction du recrutement parisien. Alors qu’il devait simplement être cantonné au rôle de doublure, l’alternance entre les deux hommes est quasiment parfaite : quatorze matchs de championnat et quatre de C1 pour Aurier, douze en Ligue 1 et trois en Coupe d’Europe pour Meunier. Mais jusque-là, Meunier avait autant de temps de jeu surtout parce qu’il compensait les blessures, les suspensions ou le départ à la CAN de l’Ivoirien. Et à chaque fois, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a répondu présent. C’est ainsi que pour la première fois véritablement, alors qu’il avait le choix entre les deux hommes en pleine possession de leurs moyens, Unai Emery a privilégié le Belge pour un match important. Contre le Barça. Un signe fort, qui pousserait l’entourage de Serge Aurier à se poser des questions. Convoité par Barcelone et l’AC Milan, l’ancien Lensois pourrait mettre fin à l’aventure parisienne. Et ainsi faire mentir la vérité.
Par Kevin Charnay