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Sept défaites à domicile en huit matchs de C1, l’effet huis clos ?
Au sortir des huitièmes de finale aller de la Ligue des champions, un constat très clair émerge : les équipes évoluant « à la maison » sont dans la panade. La preuve : seul le FC Porto a réussi à gagner chez lui. Pour le reste, sept victoires à l’extérieur sont à recenser. Une première historique dans la compétition, liée en grande partie à l’effet huis clos et aux matchs délocalisés.
Qui aurait pu croire, au lendemain de la fin des huitièmes de finale aller de la Ligue des champions, que le FC Porto apparaîtrait comme une exception dans la compétition ? En s’imposant face à la Juventus (2-1) la semaine passée, les joueurs de Sérgio Conceição sont en effet les seuls à être sortis vainqueurs d’un duel où ils faisaient figure d’hôtes. Les sept autres équipes « à domicile » se sont inclinées. C’est tout simplement une première dans l’histoire du tournoi, depuis l’instauration des huitièmes à l’aube de la saison 2003-2004 (et donc la fin de la double phase de poules). Jamais sept équipes sur huit ne s’étaient imposées à l’extérieur en huitièmes de finale aller.
Il était arrivé à deux reprises qu’un seul des huit huitièmes de finale se solde par une victoire à domicile : en 2010-2011, Arsenal battait le Barça (2-1) pendant que sur les autres pelouses, on assistait à trois nuls et quatre victoires à l’extérieur. Puis en 2013-2014, l’Olympiakos domine Manchester United (2-0 au Pirée, quand le verdict des autres huitièmes est quasiment sans appel : un nul et six victoires à l’extérieur. On y était presque, mais sept défaites à domicile à ce stade-là de la compétition, c’est donc une première.
Sept (pas) à la maison
Et pour ne rien arranger, ces défaites ont d’ailleurs, dans certains cas, ressemblé à des humiliations, avec deux victoires 4-1 (pour le PSG et le Bayern, respectivement sur les pelouses de Barcelone et de la Lazio), ou encore des succès 2-0 pour Liverpool contre Leipzig et Manchester City face à Gladbach, quasiment déjà synonymes de qualification. Logique ? D’une certaine manière oui, puisque se déplacer lors de la première manche signifie avoir terminé premier de son groupe. Et donc, par logique, affronter un deuxième de poule censé être un peu plus « faible » . Mais au vu de la tendance plus prononcée que jamais cette saison, impossible de ne réduire ces résultats qu’à cette étroite explication sportive.
Et si les perdants étaient favoris au retour ?
Comment, ainsi, ne pas penser que les huis clos ont joué un rôle prépondérant dans la tournure des évènements ? Depuis près d’un an, jouer « à domicile » n’a plus d’impact ou presque dans la physionomie d’une rencontre. La ferveur d’un public qui pousse pour transcender ses propres joueurs, les chants qui obligent à se dépasser pour retrouver des jambes dans le dernier quart d’heure, la toute petite demi-seconde de silence avant l’explosion générale sur un but… Tout cela n’existe plus en 2021. À titre d’exemple, seulement 38% de victoires à la maison ont été enregistrées en Ligue 1 cette saison, le pire total de l’histoire du championnat.
Pire encore que le huis clos, les matchs de C1 qui voyaient les Anglais se déplacer ces derniers jours ont dû se jouer un peu partout en Europe. Pas rassurés à l’idée de voir le variant britannique de la Covid-19 entrer sur leur territoire, Gladbach et Leipzig ont donc « accueilli » City et Liverpool à Budapest, pendant que l’Atlético recevait Chelsea à Bucarest. Un joli bouclier face au virus certes, mais aussi une interrogation dans l’équité sportive, qui contribue obligatoirement à cet élan de succès à l’extérieur. C’est pourtant à travers cette idée globale que les sept malheureux de la première manche devront trouver des ressources avant le retour. Puisque jouer à l’extérieur n’est plus aucunement synonyme de désavantage et que les matchs allers ont été le théâtre de résultats inédits dans le tournoi, pourquoi ne pas se mettre à rêver de renversements de situations encore plus fous ?
Par Félix Barbé