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Sens Unique : « Des mecs comme Cédric Mionnet, ce sont des légendes »

Par Matthieu Rostac
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Il a beau être chanteur d'un groupe qui s'appelle Sens Unique, Vincent entretient une relation fusionnelle avec le football, et ce, depuis l'époque du grand Sedan. Retour dans les nineties, avec la paire Quint-Deblock, le talisman Puis N'Diefi et les derbys bouillants face à Charleville.

Quel est ton rapport au football ?

Il a été plus que proche à une époque. C’est pas une blague, je devais signer en moins de 17 nationaux à Sedan en tant qu’ailier gauche. Vers 1995-96, la seule chose qui existait dans ma vie, c’était le foot. Il n’y avait rien d’autre. Je jouais alors à Cheveuges, dont le terrain servait également de terrain pour l’entraînement des pros de Sedan. À tel point que nous, les moins de 15 ans, on n’avait pas le droit de jouer dessus. Fallait pas l’abîmer… J’aurais presque pu détester Sedan pour ça ! (rires) Bref, le jour où on m’annonce que je vais jouer avec Sedan, je joue un match. Au bout de dix minutes de jeu, je me retrouve en face à face avec le gardien et il m’a fait un tacle à hauteur du genou : rupture des ligaments du genou gauche.

Il t’a bousillé ta carrière ?

Il m’a clairement bousillé ma carrière ! (rires) Je me rappelle encore de son nom, à lui… Pour la petite anecdote, je n’étais pas un grand fan de foot au départ. J’ai commencé à vraiment suivre le foot parce que le match de Canal+, ça me permettait d’aller me coucher plus tard le dimanche soir quand j’allais chez mon cousin. Et puis, au fur et à mesure, avec les explications de mon oncle, je m’y suis intéressé beaucoup plus sérieusement. J’ai fini par adorer ça.

Fan du CS Sedan Ardennes à l’époque, donc ?

Tout à fait. J’ai même été abonné pendant deux ans, entre 1999 et 2001. Ce qui est dommage, c’est que ça n’a pas duré. On a vécu des matchs de fous là-haut. Des demi-finales de Coupe de France… des finales de Coupe de France ! Je me souviens d’un match contre le Paris Saint-Germain qu’on avait gagné 5-1, un truc comme ça. C’était Bergeroo l’entraîneur et il s’était viré à la fin du match ! (rires) Un match exceptionnel. Cédric Mionnet avait mis un but incroyable, il en avait dribblé deux ou trois, dont le gardien. Ah, Mionnet… Je l’adorais. C’est l’anti-héros du foot. Il n’a rien d’un footballeur, ce mec-là. Mais chaque fois qu’il entrait sur le terrain, il faisait toujours quelque chose. Il en mettait un dans le vent pour rigoler, comme ça. Toujours. Et puis, tu le croisais dans la rue, tu pouvais discuter avec, il n’y avait aucun souci. Malheureusement pour lui, il s’est fait péter le tibia par Nicolas Gillet de Nantes… Une belle histoire d’amour, Nantes et Sedan, d’ailleurs. En 1999, ils nous ont volé la Coupe de France ! Un penalty inexistant pour une poussette sifflé par Monsieur Garibian. Même les Nantais disaient qu’il n’y avait pas faute…

Il devient quoi, Cédric Mionnet ?

Bah écoute, je l’ai croisé au bowling de Charleville il y a deux mois. Je l’ai laissé tranquille. Les mecs comme ça, pour moi, ce sont des légendes. Et on n’approche pas les légendes. Au cas où tu serais déçu… (rires)

Être supporter de Sedan à l’époque, ça voulait dire quoi ?

Ça veut dire tout l’inverse du Paris Saint-Germain, par exemple. Surtout maintenant avec les actionnaires qu’ils ont. Sedan, c’était une équipe qui jouait ensemble, il n’y avait pas d’individualités. Bon, il y avait des joueurs qui sortaient un peu du lot, mais c’était vraiment une équipe qui jouait avec le cœur. Et finalement, ils étaient capables de battre n’importe qui, c’est pour ça que c’était génial d’aller au stade à l’époque. On ne savait jamais ce qui allait se passer à l’avance. On se disait : « Jusqu’où ils vont aller, ces cons-là ? » L’équipe jouait un football offensif et ils ne cherchaient pas à comprendre. Ils pouvaient en prendre un, deux, mais c’était pas grave, parce qu’on savait qu’on en mettrait deux ou trois. Il ne se passait pas un match sans but…

C’était comment, l’ambiance à Louis-Dugauguez ?

Louis-Dugauguez, c’était le nouveau stade. Avant, il y avait Émile-Albeau. Moi, je préférais Albeau : beaucoup plus petit, beaucoup plus rustique. Deux tribunes et rien derrière les buts… C’était atroce. Mais c’était un vrai chaudron. Les grilles donnaient directement sur le terrain, ce qui fait que les supporters étaient vraiment derrière la cage de but. Ça mettait le feu. Dugauguez, le problème, c’est que c’est un stade aux normes, moderne, donc tout le monde est vingt mètres derrière la ligne de touche. C’est pas terrible.

Hormis la victoire face au PSG, quel autre match t’a marqué ?

La demi-finale de Coupe de France contre Le Mans. Une victoire en prolongation qui se finit à 4-3, un truc comme ça. Un match de malade mental.

Je me souviens aussi de Pius N’Diefi. Ce petit trapu qui mettait la misère à tout le monde. Ça a été l’emblème du club, quand même. Mais il a fait la saison de trop. Quand j’étais abonné derrière les buts, je peux te dire qu’il m’a envoyé une bonne paire de ballons… Le public de Sedan a toujours été plus ou moins indulgent avec ses joueurs. Quand ça a commencé à se barrer en couilles, ils ont quand même pris en grippe les joueurs. Sauf Pius N’Diefi. On avait Alex Di Rocco, également…

Le carré magique ! Deblock-Quint-Mionnet-N’Diefi en alternance avec Di Rocco !

Exactement ! Quint et Deblock, c’étaient les meilleurs ailiers du championnat. Rien à dire là-dessus. Mais il fallait qu’ils jouent ensemble. Après, ça marchait plus. En revanche, Sedan a eu par la suite un attaquant exceptionnel, mais qui étonnamment n’a pas fait carrière : Henri Camara. Je ne sais pas ce qui s’est passé. Il a fait la Coupe du monde 2002 avec le Sénégal et puis on n’en a plus jamais entendu parler. Pourtant, c’était une flèche, le mec. Je me souviens qu’on a eu une paire d’entraîneurs qui ont laissé leur patte : Bruno Metsu et Alex Dupont. Patrick Rémy, aussi… Ce qui est surprenant, c’est que lorsque Sedan a commencé à cartonner, ils ont changé régulièrement d’entraîneur. J’ai jamais trop compris pourquoi.

Comment expliques-tu que le football se soit cassé la figure à Sedan ?

Quand tu accroches l’Europe, même de manière inespérée, tu t’attends à un peu d’investissement. Sauf que l’investissement, ils l’ont foutu dans le stade. Donc t’as un nouveau stade qui ne se remplit pas et en même temps, tu dois le payer. Bon. Peut-être aussi que Sedan n’aurait jamais dû se retrouver à ce niveau-là, au départ. Sedan n’a jamais eu la prétention d’être parmi les cinq premiers de Ligue 1. Effectivement, ils ont eu une équipe exceptionnelle pendant trois ou quatre ans, des mecs qui jouaient merveilleusement bien ensemble, mais quand l’équipe a commencé à se disloquer – Quint qui part à Nantes, Deblock à Auxerre – après c’était fini. On a commencé à faire l’ascenseur. Des générations comme ça, t’en as pas toutes les cinq minutes. Et puis, avec un budget comme celui du club de Sedan, c’est pas vraiment possible. Même si avec les Saoudiens qui viennent d’arriver, ça risque de changer. Après, si c’est pour jouer les dernières places de Ligue 1 en permanence… Mieux vaut jouer les premières places de Ligue 2. Je préfère la tension d’une probable montée que prendre des cartons toutes les cinq minutes.

Parle-nous du derby de Champagne-Ardennes…

Selon moi, il n’y a jamais vraiment eu de derby de Champagne-Ardennes. Il y a peut-être eu quelques matchs en Ligue 2, mais bon, pas grand-chose. Les vrais derbys que moi, j’ai connu, c’était quand Charleville était encore professionnel. T’as trente kilomètres entre Charleville et Sedan. Même pas. Là, c’était chaud. Ça s’insultait dans tous les sens là-dedans. Le bon défouloir. J’étais outré. Mon oncle, un homme d’ordinaire très calme, quand il m’emmenait voir un Sedan-Charleville, c’était une catastrophe. Je ne le reconnaissais plus, rouge écarlate à insulter tout le monde… C’est là que je me suis rendu compte que le foot, ça pouvait rendre dingue (rires).

Excepté Sedan, est-ce que tu as d’autres souvenirs de football ? Et pas le droit de répondre France 98 et 2000, trop facile !

(rires) Un de mes plus beaux souvenirs de foot, c’est le quart de finale retour de Coupe UEFA entre Bordeaux et le Milan AC. Et pourtant, Bordeaux me fait pas beaucoup rêver. Mais avec ce but de Didier Tholot… Didier Tholot, quoi ! Dugarry marque aussi, une frappe magnifique sur une ouverture de Zidane. Ce match-là, il restera à jamais dans ma mémoire. Je ne sais pas pourquoi… Peut-être parce qu’on les disait déjà éliminés avant le match. Même moi, j’y croyais pas du tout. En plus, j’adorais Roberto Baggio, qui jouait au Milan AC à l’époque. Je me suis dit que j’allais voir mon idole se qualifier tranquillement. Tant mieux ! Bah non, un match d’anthologie. Par la force des choses, tu te ranges du côté des méchants. De toute façon, je n’ai jamais été un supporter fanatique. Tant que ça joue bien, je suis content. Je peux m’extasier devant un Le Mans-Lorient, par exemple.

Terminons sur une image : Sedan dans les années 90, c’est avant tout des gardiens en jogging. C’était quoi cette facétie vestimentaire ?

(rires) Ouais, Nicolas Sachy et après, Patrick Regnault… Je ne sais absolument rien de cette mode. Mais je vais me renseigner, quand même. C’est pas net cette histoire.

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