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Selim Benachour, le petit prince du rail

Par Mathieu Faure
Selim Benachour, le petit prince du rail

France, Portugal, Russie, Koweït, Espagne, Portugal, puis Chypre, la carrière du Tunisien Selim Benachour ressemble à un périple archéologique. À 32 ans, le meneur de jeu revient en France pour y défier Bordeaux en Ligue Europa. On l’a peut-être oublié, mais au début des années 2000, le meneur de poche était le protégé de Ronaldinho et incarnait une certaine idée de l’espoir.

La poisse. Voilà le mot qui colle parfaitement avec la carrière parisienne de Selim Benachour. En février 2005, le milieu de terrain signe son seul but en championnat pour le club de la capitale, son club formateur. Un penalty face à Bastia. Malheureusement pour lui, personne ne se souvient de son but (un caramel qui donne la victoire, qui plus est). Et pour cause, le match est disputé à huis clos et, de cette rencontre hachée, l’histoire n’a retenu que les insultes de l’entraîneur corse de l’époque, François Ciccolini, à l’encontre de Lorik Cana, traité d’ « Albanais de merde » . Selim passe au second plan. Comme toujours.

Amoureux de Safet Sušić dans son adolescence, le bambin débarque au centre de formation du PSG à l’âge de 12 ans. Ses classes sont prometteuses et son nom arrive très vite en haut des charts des « titis parisiens » . Pendant longtemps, ce petit jeu a fait des heureux dans la capitale. Des adolescents que les rumeurs ont vendu comme des cracks dès leurs premiers dribbles : Rudy Haddad, Samuel Piètre ou David N’Gog. C’est en 2001 que Selim Benachour fait ses débuts officiels avec l’équipe fanion. En Ligue des champions, excusez du peu. Mais de ce match, un certain PSG – Galatasaray, on ne garde aucune trace de la prestation du Tunisien. Et pour cause, les Unes des journaux sont monopolisées par les incidents qui éclatent au cœur du virage Auteuil entre les supporters turcs et les Parisiens. Chat noir. Benachour l’a bien compris, pour exister dans la capitale, il doit partir s’aguerrir ailleurs. Ça sera donc Martigues pour une saison.

Ronaldinho, la confrérie des 10

Et quand il revient au Camp des Loges, le Tunisien – désormais international – se fait un nouveau copain : un certain Ronaldinho. Dans l’esprit, Benachour se verrait bien être aligné avec le génie brésilien. Ils pratiquent le même football. Celui que l’on sent avec ses tripes et son cœur plutôt qu’avec un schéma tactique. Fin technicien, Benachour compense son manque de coffre par une belle vision de jeu. C’est l’époque où le Parc des Princes n’est pas encore très exigeant. Un mec réalise un crochet, le stade en fait son chouchou. Souvent, pas besoin de savoir jouer au football pour être une icône. Marko Pantelić a laissé une trace indélébile dans l’histoire du club sans jamais y jouer. Ou presque. Un bras d’honneur envers Ricardo en plein échauffement et un tour d’honneur avec Raï pour la dernière du Brésilien en 1998. Deux gags pour entrer dans la légende du club. Parfois, un simple nom suffisait. Maxime Partouche, par exemple. Un milieu quelconque que le Parc adorait acclamer juste pour son patronyme. À cette époque, pas d’Ibrahimović, de Thiago Silva ou de Cavani. Juste des cas sociaux. Sans rapport, quoique, Luis Fernandez voit plutôt en Benachour une doublure de luxe à Ronaldinho. Le début des emmerdes, puisque les successeurs de Luis, Vahid Halilhodžić et Laurent Fournier, ne verront pas en lui autre chose qu’un remplaçant de luxe. Vahid lui préféra même les escrocs Branko Bošković et Sergeï Semak, alors que Fournier ne lui accordera que des bouts de matchs. 2005. C’est l’heure du divorce. Son contrat n’est pas prolongé et Selim Benachour, pourtant cadre de la sélection tunisienne avec laquelle il a remporté une CAN en 2004, est laissé sur le carreau parisien. Il part par la petite porte.

Commence alors son périple avec une première étape au Portugal, au Vitória Guimarães. Le point de départ de son grand voyage. Un périple qu’il explique avec une certaine décontraction dans les colonnes de Sud-Ouest : « À l’issue de la saison 2004-2005, je suis parti à Guimarães, au Portugal, puis à Rubin Kazan en Russie où je suis resté un an et demi. Oui, je sais, c’est surprenant, mais c’était une belle proposition. La fin du mercato approchait et je n’avais toujours rien. Je suis donc parti. Certes, là-bas, au niveau du foot, je n’ai rien vécu d’extraordinaire et la vie quotidienne n’était pas facile, surtout en hiver. Je ne me suis pas très bien adapté. On a fini 5es la première saison et je suis parti au bout de six mois pour Al Qadisiya, au Koweït, lors de la deuxième saison. » Voilà comment l’ancien petit prince du Parc a commencé son tour de monde. Installé à Chypre depuis 2012, Selim reviendra en France, ce soir, pour y affronter les Girondins de Bordeaux. Le gamin a bien grandi. Il a 32 piges. Pourtant, à Paris, personne n’a oublié le petit meneur de poche. Les espoirs se sont envolés. Pas l’affection. Quand on met au monde des enfants, l’amour qu’on leur porte est éternel. Sauf pour Lorik Cana.

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Par Mathieu Faure

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