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Seko Fofana : tout a un prix
Prolongé en grandes pompes au RC Lens la saison dernière, Seko Fofana rejoint aujourd'hui Al-Nassr en Arabie saoudite. Une petite déception pour un garçon qui promettait beaucoup.
Au mois de septembre prochain, le stade Bollaert se parera de ses plus belles lumières pour retrouver la Ligue des champions, vingt ans après sa dernière apparition. Ce futur proche, le Racing Club de Lens le vivra pourtant sans son capitaine, Seko Fofana, parti en Arabie saoudite. Après avoir réglé une amende de 500 000 euros à Leicester, dans un litige concernant la signature d’Ahmed Musa en 2018 et levé son interdiction de recrutement temporaire, Al-Nassr a en effet raflé la mise pour l’Ivoirien. Un contrat de trois ans, accompagné d’une indemnité estimée à un peu plus de 20 millions d’euros pour des Lensois difficilement réticents, perdant donc le meilleur joueur de leurs trois dernières saisons.
Départ forcé ?
Ce départ, Fofana aurait d’ailleurs pu le vivre dès l’été dernier. Dragué par Paris, Marseille et un peu tout le monde en Europe, le milieu relayeur affolait les datas continentales, sans jamais cacher son désir de disputer la C1. Il aura finalement fallu attendre la fin du mois d’août, une légère revalorisation salariale et un sens de la conviction propre à Franck Haise pour le voir prolonger l’aventure, dans une cérémonie digne d’un hommage centenaire. Les ingrédients idéaux pour offrir une deuxième place de Ligue 1 aux Sang et Or, à un point du PSG, et conclure une copieuse saison, chargée de 39 matchs pleins de maîtrise (35 en Ligue 1, 4 en Coupe de France).
Mais voilà, le romantisme 100% Ch’ti et l’envie de briller dans un rôle d’outsider symbolique ont trouvé leurs limites. Et pour Fofana, elles se comptent en dollars. « Je pars, mais je ne vous oublie pas », écrit-il en guise de remerciements dans son communiqué de circonstance, presque comme un pardon. La faute à un transfert aux allures de départ forcé, comme Loïs Openda parti à Leipzig quelques jours plus tôt. Si ces transferts ne se ressemblent pas sur tout un tas de points, ils ont en commun le fait qu’ils arrangent bien les finances des Sang et Or.
Pragmatisme et apparences
Désireux de soigner les apparences, le RC Lens, après avoir renfloué ses caisses, a d’ailleurs dégainé la parade dans la foulée : Seko Fofana devient actionnaire du club. « Preuve de son attachement profond pour le Racing, il va très prochainement devenir le premier joueur partant d’un club à en devenir un actionnaire », a annoncé le directeur général du RCL, Arnaud Pouille. Une initiative que l’on peut considérer comme sincère, ou simplement comme un coup de communication savamment dirigé vers les supporters, qui pour certains ont instantanément applaudi la nouvelle, comme si Seko Fofana allait être aussi précieux dans le costume d’actionnaire que dans celui de milieu de terrain. Ces amoureux du RC Lens préfèrent conserver l’image intacte donnée par leur capitaine, malgré le goût amer laissé par le choix de sa destination. À chacun sa lecture.
En attendant, le pragmatisme du joueur l’a emporté sur le reste, à l’instar de la dizaine de bonshommes débarqués en Arabie saoudite ces dernières semaines. Et alors que la Saudi Pro League poursuit sa cure de rajeunissement en attirant des recrues de plus en plus séduisantes, ne reste que la déception de ne pas voir Seko Fofana disputer la moindre rencontre de Ligue des champions à 28 ans. À moins que le joueur reprenne le dessus sur l’actionnaire.
Par Adel Bentaha