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Sébastien Salles-Lamonge : « Croiser Gignac est un privilège »
Une fois n’est pas coutume, l’actuel meilleur Français du championnat mexicain n’est pas André-Pierre Gignac, mais bien le milieu Sébastien Salles-Lamonge. À 28 ans, le meilleur buteur de l’Atlético de San Luis vient justement de sortir les Tigres en quarts de finale de Liga MX avec son club, plutôt habitué au milieu de tableau. Un rêve pour celui qui se régalait devant l’OM de Bielsa, où Gignac plantait but sur but, il y a 10 ans.
Cette nuit (4 heures du matin en France), tu disputeras la demi-finale aller de la Liga MX face aux Rayados*, après avoir éliminé le Tigres UANL d’André-Pierre Gignac, qui a d’ailleurs manqué un penalty (3-0 ; 0-0). Faut-il considérer ça comme une surprise ?
C’est énorme, car on n’était pas du tout favoris. On a eu pas mal de réussite à l’aller et on n’a encaissé aucun but grâce à des superbes arrêts du gardien, dont celui du penalty de Gignac. Gignac, c’est une légende ici, ça fait quelque chose de gagner contre lui. Pour nous, s’être qualifiés en play-off, c’était déjà une belle performance. Il n’y a pas de grande star à San Luis, c’est un groupe homogène dans lequel personne n’est plus important que l’autre. C’est le collectif avant tout. On est hyper solidaires, ce qui fait qu’on arrive à faire ce genre d’exploit.
Andy Delort, Jérémy Ménez et Florian Thauvin, à leur époque, signent au Mexique dans le sillage de Gignac, et ont quasiment tous échoué. Mais toi, par quel biais es-tu arrivé au Mexique ? As-tu hésité à signer ?
Quand San Luis est venu me chercher, ça m’a intéressé de suite, même si je ne connaissais pas vraiment la Liga MX. Ça coïncidait aussi avec le fait que je voulais aller voir ailleurs et tenter l’aventure à l’étranger après deux bonnes saisons en Ligue 2. C’était le mois de juin 2023, mon contrat avec Bastia prenait fin, et le mercato était très calme en France. Je ne voulais pas attendre le mois d’août et être un cinquième choix pour un club européen. Les contacts se sont faits à travers la plateforme TransferRoom, qui met en relation clubs et agents. Quand est arrivée l’offre du Mexique, j’ai trouvé le club très concerné. Ils ont une très belle structure de scouting et ils font de très bons coups avec le peu d’argent à disposition. Les clubs mexicains savent qu’ils ne vont pas trouver leur Gignac dès qu’ils signent un Français, mais là, ils ont l’air contents de moi !
Avec cinq buts dans ce tournoi d’ouverture 2024, tu es le meilleur buteur de ton équipe en tant que milieu offensif. Les commentateurs lâchent même des « Oui Monsieur ! » sur tes golazos. C’est comment le foot au Mexique ?
Ça a été un changement radical au début, j’ai dû avoir deux mois d’adaptation. Je suis arrivé avec ma compagne et ma petite fille qui a aujourd’hui 2 ans. Je suis dans une ville tranquille, il y a une bonne ambiance familiale au stade, et les gens sont hyper chaleureux. (San Luis Potosi est une ville « moyenne » d’1 million d’habitants, dont le stade Alfonso-Lastras de 26 000 places est quasiment toujours plein, NDLR.) Ici, le foot se vit différemment ! En arrivant, les tribunes m’ont impressionné : la fanfare, les trompettes et les tambours, les chants. Comparée à l’Europe, l’ambiance n’a rien à voir, je préfère cent fois ici, cette manière de fêter le foot, de s’amuser au stade, etc. Et puis au Mexique, on mange bien ! Pour l’instant, je n’ai aucune envie d’aller voir ailleurs. Mais clairement, le stade le plus bouillant du pays, c’est le Volcan du Tigres, encore plus dimanche lors du match retour où les supporters poussaient.
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As-tu l’impression de vivre dans l’ombre de Gignac, qui est la plus grande star du championnat ?
En vrai c’est cool, je le prends bien. Gignac, c’est une star pour moi aussi ! Dans ma famille, tout le monde est pour Marseille. Je me souviens surtout de la saison magique avec Bielsa où ils sont premiers jusqu’à janvier. Je supportais Gignac avec l’OM, le croiser 10 ans après, c’est dingue pour moi ! C’est un privilège. C’est une légende ici, Dédé a tout gagné ici. Moi, je suis de Tarbes, alors même à l’époque de Toulouse, gamin, j’étais fan ! C’était la belle époque, avec Johan Elmander ! Je garde aussi des bons souvenirs de Rennes où j’ai été formé.
Quel rapport entretiens-tu avec lui ?
À ma signature, il avait fait une petite vidéo pour me souhaiter la bienvenue. Puis on s’est parlé au début sur Instagram. Il m’a donné des conseils, m’a parlé du pays, de la culture, il m’a dit que j’allais me régaler ici ! Lui, il ne bougera plus, il est trop bien ici. C’est un dieu. Il m’a dit que si je bossais, j’allais flamber, parce que le championnat est quand même exigeant. Jouer à Mexico à plus de 2 200 mètres d’altitude, c’est dur au début, c’est physique. Maintenant, dès qu’on s’affronte, on s’écrit, il est super cool, très détente. On rigole et on se chambre même un peu avant de s’affronter.
Vous vous êtes parlé depuis que ton club a éliminé le Tigres, dimanche ?
J’ai pris de ses nouvelles avant, car je savais qu’il était un peu blessé. Après son péno manqué, au retour, je l’ai laissé tranquille. Puis je lui ai écrit lundi, à froid, pour le remercier et pour lui envoyer du réconfort. Je lui ai dit « continue de nous faire rêver ! » et il m’a répondu qu’il fallait aller au bout, qu’on pouvait le faire ! En plus, on rencontre les Rayados en demi-finales, les ennemis jurés du Tigres ! Je sais qu’il va être derrière nous !
Mais cela va être encore plus dur, vous ne partez pas favoris face à l’ancien du Betis Sergio Canales, l’ancien Marseillais Lucas Ocampos…
Monterrey est un des trois plus gros budgets de Liga MX. Nous, à la base, on n’est pas programmés pour être champions. Mais eux, ils ont la pression. Face à des grosses équipes, comme lors du retour face à Tigres, on subit plus, mais notre philosophie est d’avoir un jeu alléchant. Notre coach est un pur produit de la Masía. (Domènec Torrent fut l’un des adjoints de Pep Guardiola depuis le Barça jusqu’à Manchester City en passant par le Bayern Munich, NDLR.) C’est sûr qu’on ne part pas favoris, mais comme face à Tigres, on est obligés de prendre l’avantage à l’aller à domicile, où on est invaincus cette saison, pour tenir au retour là-bas !
Recueillis par Diego Calmard, à Mexico
* Match aller : San Luis-Monterrey, ce jeudi à 4h du matin en France. Match retour : Monterrey-San Luis, ce dimanche à 3h du matin en France.