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Sébastien Pérez : « Les amateurs ont maintenu le club à flot »

propos recueillis par Arnaud Clément
Sébastien Pérez : «<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>Les amateurs ont maintenu le club à flot<span style="font-size:50%">&nbsp;</span>»

À Dijon, on n'a pas de pétrole, mais on a des idées. Cinquième de L2 avec une équipe majoritairement constituée de joueurs du cru ou venus des sphères amateurs, le tout jeune club compte bien encore grandir, avec ces armes méconnues, comme l'explique son directeur sportif, Sébastien Pérez.

Malgré un premier mois de compétition où vous avez fait chou blanc, en début de saison, le Dijon FCO parvient à marcher dans les traces du trio de tête. Est-ce un parcours pour le moment conforme ou supérieur à vos attentes ?

C’est la deuxième année que nous sommes revenus à ce niveau. Pour la première, l’objectif était de pouvoir atterrir tranquillement et structurer le club, car il est quand même nouveau, créé en 1998. Nous n’avions pas de centre de formation, ni forcément une politique claire en la matière, même avec la qualité de nos éducateurs. Nous avons installé un entraîneur qui vient de la formation pour relayer cette politique. Et ce centre nouvellement créé est aujourd’hui notre fierté. Pour cette deuxième année, l’idée, c’est de continuer notre progression, avec des arguments différents, c’est-à-dire avec des joueurs issus de la formation ou de divisions inférieures. On veut poursuivre avec ces arguments différents et notre volonté de mettre vraiment en avant la mentalité de l’homme avant de voir les qualités du joueur. Bien sûr qu’on ne va pas prendre des culs de jatte, mais on préfère plus d’écoute, d’intelligence de jeu chez quelqu’un d’un peu moins talentueux qu’un joueur de qualité mais sans structure.

Dijon est devenu un vrai bon petit club de L2, en finissant tout le temps ou presque dans le top 10 du championnat depuis une décennie. Selon vous, au vu de sa structuration et de ses moyens, le Dijon FCO est-il à sa place actuellement ou mérite-t-il mieux ?

On essaie d’aller le plus haut possible, donc on ne se dit pas qu’on est un bon club de L2. On veut être un peu plus performant de jour en jour, de semaine en semaine et d’année en année. On passe des caps, sans se relâcher. On a fait la structuration. Maintenant, on est dans l’optimisation du club, et pas que des joueurs, aussi tout ce qui gravite autour de la structure, donc les éducateurs, les fonctions support, etc.

Metz, Angers, Lens et Nancy sont devant vous. Les trouvez-vous logiquement à leur place ?

Quand on descend, c’est compliqué de faire l’ascenseur et remonter. On l’a vu avec Troyes, Auxerre ou Nancy, qui s’est bien repris depuis le début de saison. On est le huitième budget, la cinquième équipe au classement, à trois points du podium. On veut être au plus près des meilleurs. Mais tout va très vite dans ce championnat, nous ne sommes que cinq points devant le dixième. On essaye de s’accrocher. Autant l’année passée, Monaco, Nantes ou Guingamp étaient au-dessus, autant cette saison est plus homogène. Ceux qui restent en haut sont ceux qui font des séries. Metz en est l’exemple.

Outre le fait que vous soyez relativement intraitables à domicile (8 victoires en 11 matchs), qu’est-ce qui fait la force de ce groupe et explique son classement actuel ?

Sa force collective. On a vraiment un groupe important, dans le sens où tout le monde fait l’effort pour l’autre. La vraie différence, c’est cette unité, et pas seulement des onze titulaires. Elle est aussi visible avec ceux qui sont sur la feuille et ceux qui veulent leur place sur la feuille de match.

Il y a juste offensivement où ça pèche un peu…

On travaille dessus. Les deux derniers matchs à la maison, où on a marqué sept buts et fait des matchs pleins, ont été des plus, mais sans ça, nous ne serions pas au mieux à la maison offensivement. On en a livré beaucoup avec un ou deux buts inscrits seulement (NDLR : neuf sur onze rencontres à Gaston-Gérard). C’est un de nos axes de travail, sur la finition et aussi la dernière passe.

Dans le groupe pro, on retrouve quelques noms connus comme Romain Amalfitano, Cedric Varrault ou Gregory Thil, mais aussi pas mal de jeunes ou de joueurs de divisions inférieures qui amènent de la fraîcheur, dixit Olivier Dall Oglio. Êtes-vous d’accord avec lui ?

Bien sûr. À un moment donné, après la descente de L1, ces joueurs venus de l’univers amateur ont maintenu le club à flot, de par leur fraîcheur et leur insouciance. Ils ont vraiment bousculé la hiérarchie et permis aux expérimentés de ne pas se relâcher, alors que ceux-là pensaient être des indiscutables en L2. Mais il ne se sont pas reposés sur leurs lauriers et la concurrence nous a fait du bien.

Comment vous y prenez-vous pour rechercher ces jeunes ou ces joueurs de championnats moins médiatisés ?

Grâce à un réseau, des connaissances, des hommes de terrain. Nous avons la chance d’avoir de la qualité au niveau des superviseurs, avec Sébastien Larcier et Jean-Carl Tonin, qui ont chacun un réseau et un œil intéressants et qui nous permettent de faire des bonnes pioches. Ces joueurs qu’on signe, on les connaît bien souvent, ou alors ils viennent passer quelques jours avec pour voir leur état d’esprit. C’est le cas de Romain Philippoteaux, Loïs Diony ou Brian Babit, qui était avec notre CFA2 avant d’intégrer le groupe… Ce sont des joueurs comme ça qui permettent au club d’assurer la pérennité financière.

Aujourd’hui, prospecter en CFA ou en National est beaucoup plus fréquent pour les clubs de L2 qu’auparavant, non ?

Oui, on s’aperçoit qu’avec le départ des joueurs français et l’attirance pour les autres championnats européens, il n’y a pas un niveau qui va vers le haut en France, mis à part les gros clubs. C’est plutôt un nivellement entre les championnats. Les dix derniers de L1 peuvent perdre face aux dix premiers de L2, on le voit en coupe. Donc, c’est l’état d’esprit qui peut faire la différence. Il y a beaucoup de joueurs de CFA qui n’ont pu sauter le pas plus jeune en pro, mais arrivent à maturité à 22 ou 23 ans. Et cette haine de ne pas réussir de suite, ils la gardent et la ressortent positivement à maturité.

Dijon a inauguré son propre centre de formation en janvier. Rudi Garcia, ancien entraîneur du club et toujours suiveur assidu, a signalé dans une interview récente que cet investissement était un grand pas pour installer sous peu l’élite. Le rejoignez-vous ?

Je le rejoins complètement. Ça doit être notre marque de fabrique aujourd’hui, car on ne marche pas sur l’eau financièrement. La stabilité passera par la réussite de nos jeunes, à la post-formation et maintenant à la formation. On a déjà sortis trois joueurs de la formation, dont deux Dijonnais ou des environs, qui sont là depuis l’âge de 7 ou 8 ans. C’est une fierté.

Vous insistez beaucoup sur le fait que vous formez des joueurs et aussi des hommes, avec du savoir-être. Pouvez-vous nous dire comment le centre de formation s’organise pour parvenir à cet objectif ?

Ça passe par les critères de sélection, une attention à l’entourage familial et un suivi scolaire. C’est important pour nous à la formation de prendre tout ça en compte.

Sans transition, petit détour L1. Vous l’ancien Stéphanois et Marseillais, serez-vous devant votre télé pour ASSE-OM, dimanche soir ? (NDLR : interview réalisée la semaine passée)

Bien sûr que je le regarderai ! J’ai beaucoup de fierté de voir Saint-Étienne reverdir, en témoigne la victoire en Coupe de la Ligue l’an passé. Pour avoir de la famille et des amis là-bas, je peux vous dire que ça a été un vrai soulagement. Ils avancent et avec une politique positive, en partie grâce à un président comme Romeyer et entraîneur comme « Galette » (NDLR : Christophe Galtier). Après l’OM, c’est l’OM. On parlait de crise il y a 15 jours, mais ils sont revenus dans la lumière en quelques semaines. On ne connaît pas le mot continuité là-bas. Ils sont cinquièmes à cinq points du podium, il n’y a rien de fait encore. Et puis on parle de crise, mais des joueurs de poids comme Valbuena ou Ayew étaient blessés aussi. Mais je ne mets pas de pièce, je n’ai pas le droit de parier en tant que directeur sportif (rires).

Vous étiez du mauvais côté en 1999, lorsque l’OM en a pris cinq à Geoffroy-Guichard. Vous en rappelez-vous, de ce match, même 15 ans après ?

Non, je ne m’en rappelle pas, vraiment. Avec la vieillesse (rires)… Non, je m’en souviens très bien, des cinq buts, d’Alex et de la célébration façon panthère. C’était mon premier retour à Sainté depuis que j’avais quitté le club. Je crois que j’avais tellement d’émotions que j’étais passé à côté de mon match, comme l’équipe d’ailleurs. Le début de match avait été cataclysmique, avec deux buts en dix minutes. Je crois que nous étions encore dans l’avion du retour de la C1. Ça avait été très dur. Mais ne vous inquiétez pas, je me souviens aussi de la qualif’ en Coupe de la Ligue, là-bas, un ou deux ans après !
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