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- France-USA (1-2)
Sébastien Joseph : « Pas les moyens de marquer autrement que sur coup franc »
Défaites par les Américaines en quarts de finale du Mondial (1-2) vendredi, les Bleues quittent la compétition avec des regrets. Sébastien Joseph, entraîneur de l'ASJ Soyaux (D1 féminine) et consultant So Foot pendant le Mondial, estime que les Françaises ont manqué de trop de choses pour rivaliser avec les redoutables Américaines, mais retient aussi le positif avec l'engouement populaire suscité par ces Bleues.
Quel sentiment vous anime à la suite de cette défaite qui expulse les Bleues de leur Mondial ?De la frustration, surtout. J’ai le sentiment qu’on n’a pas tout tenté pour revenir au score, alors qu’on a sûrement produit notre meilleur match du Mondial. Quand à la 70e minute, on perd 2-0 et qu’on fait sortir nos attaquantes Valérie Gauvin et Eugénie Le Sommer… Tentons des choses ! Jouons en 4-2-4 ! Mettons Wendie Renard en avant-centre ! Malheureusement, on a toujours eu le souci de rester équilibré, alors que le scénario du match nous imposait de prendre des risques. Par ailleurs, j’ai été très déçu par l’arbitrage ce soir : la main dans la surface américaine et le hors-jeu sur leur deuxième but auraient dû être visionnés par l’arbitre avec la VAR.
Y avait-il vraiment la place de faire mieux contre ces Américaines ?Je ne pense pas qu’on avait réellement les moyens de marquer autrement que sur coup de pied arrêté. La prestation globale du match me laisse penser qu’on ne pouvait pas faire beaucoup plus. Dans le jeu, on n’a quasiment jamais réussi à déséquilibrer les Américaines. Il y a des situations qui sont révélatrices du rapport de force d’un match : c’est quand la défense court face à son but. Cette situation, on a réussi à la produire une seule et unique fois, quand Thiney lance Diani dans la profondeur à la 60e minute. Le contrôle d’un match repose sur trois éléments-clés : l’espace, le temps et l’adversité. Jamais on n’a senti des espaces délaissés, la défense prise de court ou une infériorité numérique autour du ballon chez les Américaines.
Qu’aurait-il fallu pour bouleverser tout ça ?De la présence dans la surface, déjà. Mais avec une ou deux joueuses maximum, c’est compliqué. Des changements de rythme, aussi. Mais il y a eu trop peu d’appels vers l’avant ou de passes en une touche pour créer de l’incertitude. Et enfin du réalisme offensif : quand on voit les stats à la 70e minute (1 tir cadré sur 13 pour les Bleues, 8 sur 10 pour les Américaines), on comprend tout de suite. En revanche, notre milieu a été un vrai point positif. On s’attendait à souffrir contre celui des Américaines, mais Henry, Thiney et Bussaglia ont bien contrôlé l’axe du terrain.
Notre Mondial est malheureusement terminé. Que faut-il en retenir de positif ?L’engouement populaire qui a été suscité est une vraie satisfaction. Les Bleues sortent de la compétition la tête haute avec la bonne image et la dignité qu’elles ont montrées dans leur relation avec le public et les médias à la fin du match. Cependant, ce Mondial a confirmé notre point faible dans les compétitions internationales : le mental sur les rencontres à élimination directe. Mais grâce à l’élévation du niveau de notre championnat, j’ai confiance en notre faculté à progresser sur ce point. À condition de faire jouer les talents français et de ne pas trop recruter d’étrangères !
Cette élimination avant l’objectif fixé par la Fédération (la finale) représente un échec pour Corinne Diacre et son pragmatisme. La sélectionneuse est-elle menacée ?Théoriquement, oui. Mais je crois qu’on a besoin de stabilité à ce niveau. Après tout, Didier Deschamps a attendu six ans de mandat pour être sacré champion du monde avec les Bleus…
Propos recueillis par Douglas de Graaf