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- France-Norvège (2-1)
Sébastien Joseph : « Les Bleues n’ont jamais réellement été mises en danger »
Grâce à sa victoire contre la Norvège (2-1), la France a un pied et plusieurs orteils en huitièmes de finale de sa Coupe du monde. Un résultat logique pour Sébastien Joseph, entraîneur de l'ASJ Soyaux (D1 féminine) et consultant des Bleues pour So Foot pendant le Mondial, qui met en lumière l'un des atouts des coéquipières d'Amandine Henry : le pressing.
Après avoir idéalement géré le stress lors de son entrée en lice contre la Corée, la France avait encore un match à pression à négocier ce mercredi : son premier vrai test et la « finale » de son groupe contre la Norvège. Et là encore, les Bleues ont répondu aux attentes…Contre une équipe plus physique et contre une opposition plus relevée, c’était un défi intéressant. Il y a eu des situations des deux côtés, mais les Bleues ont eu la possession et ont fait la majorité du jeu. Elles n’ont jamais réellement été mises en danger, et ça, c’est grâce à leur organisation défensive, qui a été compacte, regroupée, solidaire. Elles n’ont même pas eu besoin d’un bloc bas pour gérer la profondeur.
Le but contre son camp de Wendie Renard et la friabilité de Marion Torrent sur son côté droit font quand même un peu tache…Concernant Wendie, c’est une question de prise d’information, de communication. Elle a sorti un gros match après son erreur. Dans le cas de Marion, on attendait de voir les latérales contre des équipes plus fortes, et effectivement elle est moins complète qu’Amel Majri. Ça ne m’étonne pas que les équipes essayent de nous déséquilibrer de ce côté. Après, elle a été intéressante sur le plan offensif et on a quand même une charnière centrale forte pour couper les ballons.
On attendait aussi de voir les Bleues contre une nation très physique, d’un tout autre style que celui de la Corée. Mission accomplie ?Elles ont répondu présent dans le rythme, l’intensité. Elles ont entamé le match de la même manière que contre la Corée dans l’engagement et, cette fois, elles sont reparties pareil en deuxième période. C’est bien, car on va retrouver ce genre d’équipe plus tard dans la compétition. J’ai bien aimé, surtout, notre pressing qui a cadré les Norvégiennes et les a contraintes à forcer leurs relances ou user de jeu long. À cause de ça, elles ont produit des erreurs techniques inhabituelles. Les Bleues ont aussi été très fortes dans la proximité sur le terrain : si une Française perdait un duel, il y en avait souvent une autre pour compenser.
Du côté des points négatifs, la France a énormément centré, mais a rarement trouvé preneur..C’est dû à l’adversaire : contre la Corée, les latérales pouvaient se permettre de jouer haut. Ainsi, les ailières se recentraient et amenaient de la présence dans la surface. Contre la Norvège, il fallait être plus équilibré et ce sont les ailières qui étaient en situation de centre, donc c’est normal qu’il y ait eu moins de présence dans la surface. Mais on a beaucoup manqué de justesse dans la dernière passe ou d’intelligence au moment de centrer en retrait. D’autre part, on a parfois manqué de simplicité pour ressortir le ballon face au pressing – je pense notamment aux latérales qui se sont fait prendre plusieurs fois. Enfin, l’exploitation de la largeur n’a toujours pas été optimale, il y avait mieux à faire contre ce bloc très regroupé.
Le dernier match contre le Nigeria va-t-il permettre de faire des tests ?Non, l’équipe est plus ou moins définie, c’est difficile de modifier toutes ces certitudes avant les matchs à élimination directe. L’avantage, c’est qu’on va pouvoir faire tourner. J’espère que Delphine Cascarino prendra la place de Kadi Diani, qui a fait un match extraordinaire, mais qui a besoin de souffler. J’espère que la Lyonnaise va donner des casse-tête à Corinne Diacre…
Propos recueillis par Douglas de Graaf