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Sébastien Crétinoir : « Arsène Wenger m’a appelé quand j’avais douze ans »

Propos recueillis par Florian Lefèvre
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Tous les installateurs de fibre optique n’ont pas la chance de jouer au Rose Bowl de Pasadena, théâtre de la finale du Mondial 1994. C’est le cas de Sébastien Crétinoir, 33 ans et capitaine de la sélection de la Martinique. Interview avec « la force tranquille » des Matinino avant de prendre l’avion pour aller affronter Cuba, à Denver.

le 20/06/2019 à 02:00
Gold Cup

Dans quel état d’esprit es-tu après la défaite de ton équipe, la Martinique, contre le Canada lors du premier match de poules de la Gold Cup (0-4) ? Le moral reste au beau fixe. Même si c’était hier (l’interview s’est déroulée dimanche, N.D.L.R.), maintenant, on a déjà tous la tête au match contre Cuba. C’est vrai que le Canada a eu le contrôle du ballon, mais je trouve que le score de 4-0 est un peu sévère. Si nous mettons au fond nos occasions au début, c’est un match complètement différent qui s’enclenche.


Retrace-nous ton parcours.J’ai commencé ma formation au RC de Saint-Joseph depuis l’âge de cinq ans jusqu’à mes seize ans. Ensuite, je suis parti au Club Colonial. Bon, entre-temps, j’ai quand même fait une saison en Excellence District à Lyon, dans le club du FC Franc Lyonnais. Je jouais au milieu de terrain – alors que je suis défenseur – et j’ai terminé la saison meilleur passeur. Après, je suis revenu une année au RC Saint-Joseph. J’ai fait trois ans au Club Colonial. Et maintenant cela fait six ans que je suis au Golden Lion, à Saint-Joseph.

À 33 ans, tu disputes ta troisième Gold Cup. Quels ont été les moments marquants de ta carrière ?

Le duel face à l’attaquant des États-Unis Jordan Morris lors de la Gold Cup 2017 a franchement été un match référence pour moi.

Avoir remporté la Coupe des DOM quand j’ai été rappelé en sélection en 2010. Et à la fin de cette saison-là, être champion de la Martinique avec le Club Colonial, qui n’avait plus gagné ce titre depuis de nombreuses années (depuis 1972, N.D.L.R.). Il y a deux ans, le duel face à l’attaquant des États-Unis Jordan Morris lors de la Gold Cup 2017 a franchement été un match référence pour moi. Être devenu capitaine de la sélection depuis six ans, c’est vraiment une grosse fierté.

Quel est ton métier ?Je suis technicien dans le domaine de la fibre optique.

Et comment cela se passe avec le travail durant ces semaines de préparation et de tournoi ?Eh bien, on prend une partie sur les congés. Là, sur l’autre moitié, j’ai une mise à disposition de mon patron.

C’était ton rêve de devenir footballeur pro ?Oui, depuis tout petit. Une ou deux occasions se sont présentées étant jeune, mais je n’ai pas pu les honorer. Vers l’âge de douze ans, je disputais un tournoi international à Roubaix avec mon club (RC de Saint-Joseph) et j’ai été détecté par un club anglais : Arsenal. La condition pour y aller, c’était qu’un de mes parents parte avec moi en Angleterre.

Tu as eu des contacts avec Arsène Wenger ?Exactement. Il a appelé mes parents et moi. Il m’avait dit que pour mon âge, j’étais un jeune avec beaucoup de détermination, physiquement bien bâti et parmi les meilleurs techniquement.

Arsène Wenger m’a dit que pour mon âge, j’étais un jeune avec beaucoup de détermination, physiquement bien bâti et parmi les meilleurs techniquement.

Pourquoi cela ne s’est pas concrétisé ?À cette époque-là, ma mère venait juste d’obtenir un CDI et mon père aussi. Ils n’avaient pas de contact en Angleterre et ne savaient pas comment ça allait se passer. Avec le risque qu’il n’y ait pas de réussite derrière, ils ont choisi de garder leur boulot aux Antilles.

Des gros regrets ?Oui. J’ai même failli arrêter le foot à la suite de cela. Je n’en veux pas à mes parents, car je connais la situation, mais de mon côté, cela avait été une très belle tristesse. Mes idoles, c’étaient Claude Makélélé et Patrick Vieira, qui jouait justement à Arsenal ! J’ai toujours suivi ce club, mais pas trop à cette période parce que cela me faisait mal de penser que j’aurais pu y jouer. Les années qui ont suivi, je me suis retrouvé à faire trois sports en même temps : football, tennis et handball pour oublier… Finalement, ma passion pour le foot a repris le dessus avec le temps. Même en étant amateur, je ne peux pas m’en passer.

Dans quel domaine travaillaient tes parents ?Mon père était technicien et ma mère pâtissière. Sa pâtisserie que je préfère, c’est la Forêt-Noire.

Le Rose Bowl de Pasadena ? Une grande partie d’entre nous n’est pas habituée à jouer dans ce genre de stades. Dans les 23 sélectionnés, nous sommes 17 amateurs et six pros.

Qu’est-ce que tu as ressenti en entrant dans le Rose Bowl de Pasadena ce samedi face au Canada ? Même s’il n’y avait pas beaucoup de supporters, c’est le stade qui a accueilli la finale du Mondial 1994.C’est toujours une fierté, de la joie et du plaisir parce qu’une grande partie d’entre nous n’est pas habituée à jouer dans ce genre de stades. Dans les 23 sélectionnés, nous sommes 17 amateurs et six pros. Il y avait des supporters de la Martinique, pas énormément, mais ça nous fait du bien. Je dirais qu’ils étaient plus d’une dizaine.

Dans le groupe de la sélection, tu es l’un des six joueurs jouant au Golden Lion et il y a cinq joueurs du Club Franciscain. Ce sont les deux clubs qui se partagent le palmarès du championnat de la Martinique depuis 2012-2013. Ce n’est pas compliqué de constituer une osmose alors que vous avez l’habitude d’être rivaux toute la saison ?Non, au contraire, on est concurrents en championnat, mais quand on arrive en sélection, cela se passe super bien. On a l’habitude de vivre ensemble, lors des stages en Martinique par exemple. D’ailleurs, là, c’est vrai que la préparation à Portland était beaucoup plus intense. On s’est mis dans des conditions comme des professionnels pour pouvoir hausser notre niveau et faire les efforts nécessaires. On avait deux entraînements par jour, deux heures le matin, deux heures le soir. Déjà, quand on aime le football, ce qui nous unit, c’est le plaisir de pouvoir jouer avec les meilleurs joueurs de l’île. Lors de la préparation, on a la tête dans le guidon. Sinon, certains vont au restaurant ou sortent ensemble. Moi, par exemple, je considère Daniel Hérelle (milieu de terrain, qui joue également au Golden Lion, N.D.L.R.) comme un petit frère.

Qu’est-ce que tu connais de Cuba, votre prochain adversaire ?Nous savons que c’est une équipe très joueuse. Ce qui est sûr, avec leurs petits gabarits, c’est qu’ils ne vont pas balancer des longs ballons. À nous de faire les efforts pour aller chercher la qualification pour les quarts de finale.

Pour passer la phase de poules, il vous faut désormais battre Cuba et le Mexique, un très gros calibre…Cela sera vraiment difficile, mais j’y crois et j’espère pouvoir aider mes camarades à y arriver.

crédit photos : Icon Sport et @lesmatinino

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Après la Gold Cup, Cuba reprend un peu de déserteurs
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