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Scotland hard
À l'heure de défier la Russie ce jeudi soir à l'occasion de la septième journée des qualifications à l'Euro 2020, l'Écosse se traîne en avant-dernière position de son groupe... derrière le Kazakhstan et Chypre. Mais qu'a fait le pays d'Andy Robertson pour se retrouver dans cette mouise ?
L’Irlande ? Première de son groupe de qualification pour l’Euro 2020, devant le Danemark et la Suisse. L’Irlande du Nord ? Deuxième, bien au chaud entre l’Allemagne et les Pays-Bas. L’Écosse ? Avant-dernière. Certes, il n’y a rien d’illogique à voir la Belgique, et dans une moindre mesure la Russie, pointer au-dessus de la nation britannique. Mais que l’Écosse n’arrive pas à suivre juste derrière, devancée au lieu de ça par le Kazakhstan (116e nation mondiale) et Chypre (92e), s’avère être un constat beaucoup plus désolant pour cette patrie pionnière du football. De quoi faire pleurer un peu plus les chaumières calédoniennes, qui n’ont plus assisté à une phase finale de compétition internationale de leur sélection depuis 1998.
Constat désolant, mais aussi étonnant. Car en plus d’un glorieux passé sur lequel elle peut s’appuyer (longue histoire avec ce sport, identité affirmée, joueurs et entraîneurs qui imposaient le respect partout en Europe), la 52e nation mondiale dispose aussi de cartes séduisantes en 2019. Atout de charme n°1 : une génération jeune et talentueuse, emmenée par Andy Robertson (Liverpool) et Scott McTominay (Manchester United), mais aussi Kieran Tierney (Arsenal), Robert Snodgrass (West Ham) ou Ryan Fraser (Bournemouth). Presque tous les soldats écossais évoluent en Premier League, en Championship ou au Celtic, et ont donc l’avantage de se croiser assez souvent par rapport à d’autres sélections aux troupes plus éparpillées. Ajoutez à cela une cohésion de groupe jamais minée par des comportements de star et une scène nationale emmenée par un Celtic rompu aux joutes européennes et revigorée par le retour des Rangers de Steven Gerrard. Alors c’est quoi le problème ?
L’Écosse écossée
Pour beaucoup, au pays, tous les maux du football écossais peuvent être attribués à un seul coupable : la SFA (Scottish Football Association). Son tort ? N’avoir pas su s’adapter aux évolutions du football, anticiper les changements, penser à se moderniser. « Le football écossais a besoin d’un leader visionnaire, d’un président passionné de son sport » , éructait l’ancien international John Collins, passé par Monaco (1996-1998), auprès du Times. L’immobilisme, le bureaucratisme et le manque d’innovation qui règnent au sein de la Fédération, l’équipe nationale en essuie les plâtres. Des exemples concrets ? Le choix des sélectionneurs, davantage dicté par le lien d’amitié avec le président de la SFA que par le talent.
C’est ainsi qu’Alex McLeish, disparu des écrans radar depuis deux ans et une aventure exotique express chez le club égyptien de Zamalek, s’est vu confier les rênes de la Tartan Army en février 2018. Un peu plus d’un an plus tard, plombé par les mauvais résultats et une humiliation au Kazakhstan (3-0) dans le cadre des éliminatoires à l’Euro 2020, la porte était déjà montrée au successeur de Gordon Strachan… dont le nom a immédiatement circulé pour prendre la suite. Si c’est finalement le peu expérimenté, mais rafraîchissant Steve Clark qui a pris la main, nombre de sièges restent encore à être dépoussiérés à la SFA. À commencer par celui du directeur de la performance Malky Mackay, nommé sans jamais avoir connu d’expérience à un poste technique, mais en traînant toujours des déclarations à caractère raciste et homophobe lors de son passage à Cardiff.
L’heure d’Andy Robertson
En fait, en matière de développement d’une sélection nationale, l’Écosse est le contre-exemple désigné là où l’Islande fait office de modèle. Investissements dans les infrastructures, la formation, le coaching… Tout cela, la nation des Scots a tardé à s’en préoccuper, se reposant sur ses lauriers. Comment redynamiser le football dans un pays où les terrains tombent en ruine et les clubs ne disposent d’aucun atout matériel pour attirer les jeunes ? Comment penser ce sport dans un pays qui ne songe plus à faire de ses entraîneurs sa force ?
Toutes considérations techniques mises de côté, le salut de l’Écosse viendra peut-être finalement du terrain. Là encore, la comparaison avec une autre nation, qui lui ressemble beaucoup plus cette fois, mérite d’être étudiée : l’Irlande. Sans beaucoup de talent à revendre, dotés d’un groupe homogène, les Boys in green pouvaient pourtant compter sur un leader de poids : Robbie Keane. Homme de vestiaire au charisme et à l’aura incroyables, le capitaine irlandais a su instaurer une âme à son équipe pour la conduire aux Euro 2012 et 2016. Et c’est là où le bât blesse un peu plus à l’est : appelé à assumer ce rôle de meneur d’hommes, Andy Robertson ne possède pas encore la stature nécessaire pour faire passer un cap à son équipe. Pas évident non plus de le faire dans le jeu quand on évolue latéral gauche. C’est aussi la faiblesse de cette Tartan Army : aucune de ses forces vives n’occupe un poste-clé de la colonne vertébrale du centre du terrain (gardien, défenseur central, milieu défensif, avant-centre). Et s’il était temps de faire connaître un petit recentrage au latéral de Liverpool ?
Par Douglas de Graaf