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Schweini et Poldi, c’est fini ?
Quoi qu'ils fassent, Schweinsteiger et Podolski sont indéboulonnables en équipe nationale depuis maintenant 10 ans. Avec plus de 120 sélections chacun au compteur, les deux comparses de 2006 font partie des meubles. Mais après avoir clairement loupé leur Euro, Schweini et Poldi pourraient tirer leur révérence.
Depuis 2006 et la Coupe du monde à domicile, Schweinsteiger et Podolski se confondent avec l’équipe nationale allemande. Si les deux comparses étaient déjà présents lors de l’Euro 2004, ce n’est vraiment que lors du « Sommermärchen » qu’ils sont devenus des icônes. Pour bon nombre d’Allemands, Schweini et Poldi représentent le retour de l’Allemagne qui gagne. Même lorsqu’elle ne gagne pas. De l’Allemagne qui se veut cool. Même lorsqu’elle ne l’est pas. En 10 ans, leur cote de popularité auprès de leurs compatriotes n’a pas bougé d’un iota. Il n’y a qu’à voir le nombre de personnes qui portent, encore aujourd’hui, des maillots floqués Schweinsteiger ou Podolski. Ces deux-là sont irremplaçables dans le cœur d’une partie de la population, mais aussi dans l’esprit de Joachim Löw. Mais si cet Euro a servi à quelque chose côté allemand, c’est à démontrer que ni l’un ni l’autre n’ont encore le niveau pour jouer en équipe nationale. Dès lors, on s’attendait jeudi soir à ce qu’ils annoncent la fin de la carrière internationale. Mais non.
Les présents ont parfois tort
Si les deux cas sont très différents, il paraît inimaginable de les voir continuer l’un sans l’autre, tant ils sont indissociables dans l’imaginaire collectif allemand. Tous deux ont d’ailleurs connu leur première sélection au même âge (19 ans) et lors du même match en juin 2004, deux ans avant l’arrivée de Joachim Löw à la tête de l’équipe. Sous son mandat, le Bundestraîner a souvent privilégié la jeunesse, en ayant quasiment, lors de chaque échéance, le groupe le plus jeune de la compétition, Schweinisteiger et Podolski devenant lentement, mais sûrement, les plus vieux de la bande. Même lorsqu’ils n’étaient pas au niveau comme cette année, Jogi n’a jamais hésité à les prendre. Parce qu’ils sont respectés dans le groupe, mais aussi car ils représentent 2006, l’acte fondateur du renouveau de la Mannschaft. Ne pas les prendre, c’est se priver de ce beau souvenir encore si vivace dans l’esprit des Allemands. Pendant cet Euro, Poldi n’a joué que 18 minutes, comme ça, pour le fun. Schweinsteiger a lui joué beaucoup plus, avec les conséquences que l’on connaît. Si le peuple allemand n’en voudra jamais à Schweini pour sa main lors du match contre la France, elle pourrait lui en vouloir de ne pas avoir su dire stop au bon moment. Et de ne pas avoir suivi Philipp Lahm, Per Mertesacker et Miroslav Klose, qui avaient tous pris leur retraite après l’épopée brésilienne.
« Bonne nuit Schweini ! Bonne nuit Poldi ? »
Jeudi soir, sur le coup, Bild n’a pas hésité à titrer « Bonne nuit Schweini » . Si le titre a été très vite retiré, le message reste limpide. Schweini ne peut pas continuer en l’état actuel des choses. Du reste, le capitaine reconnaît qu’il va « devoir prendre du temps pour lui » et « réfléchir à la suite, à laquelle il n’avait jamais pensé jusque-là, calmement » . Lukas Podolski semble lui plus enclin à rester. S’il sait qu’il ne jouera quasiment plus jamais, le Colonais à l’air heureux dans son rôle de gentil GO qui passe plus de temps sur Snapchat, à filmer les copains, qu’à l’entraînement. Mais Joachim Löw pourrait aussi finir par décider pour lui. Son choix de prendre Lukas Podolski pour cet Euro a été vivement critiqué outre-Rhin. En sélectionnant Poldi, Löw s’est privé d’une solution offensive de qualité. Avant le tournoi, Julian Brandt et Karim Bellarabi, qui faisaient partie du groupe élargi, ont dû laisser leur place, entre autres, pour que l’attaquant de Galatasaray puisse en être. Lorsqu’on voit l’incapacité des Allemands à marquer jeudi soir, pas sûr que ce choix ait été une bonne idée. Si Schweini et Poldi n’annoncent par leur retraite d’eux-mêmes, Löw risque de continuer à les sélectionner jusqu’à la nuit des temps, qu’importe leur niveau en club, qu’importe leur forme physique. En souvenir du bon vieux temps et des services rendus à la nation. Ce qui serait finalement une fin bien plus triste que de prendre une retraite bien méritée.
Par Sophie Serbini