- International
- Amical
- Allemagne/Argentine
Schweini est-il le bon capitaine pour la Mannschaft ?
Cela ne pouvait être que lui. À 30 ans et après 10 ans de bons et loyaux services en équipe nationale, le milieu de terrain du Bayern Munich vient d'être choisi par Joachim Löw comme nouveau capitaine de la Mannschaft. Un choix logique, mais qui à la vue des nombreuses absences de Schweini par le passé, pourrait poser quelques problèmes.
Le 18 juillet dernier, un peu à la surprise générale, Philipp Lahm, tout juste auréolé d’un titre de champion du monde, annonce qu’il ne reviendra pas en sélection. La question qui est alors sur toutes les lèvres est la suivante : « Qui pour le remplacer en tant que capitaine ? » Une question qui possède une réponse évidente : « Bastian Schweinsteiger. » À 30 ans et avec 108 sélections au compteur, le milieu de terrain du Bayern Munich semblait destiné à récupérer le brassard pour plusieurs raisons. Déjà parce que c’est le seul joueur de l’ancienne génération avec Lukas Podolski – qui aurait pu prétendre au capitanat s’il jouait un peu plus, tant il jouit d’une popularité hors normes en Allemagne – qui n’a pas annoncé sa retraite internationale. Ensuite, parce qu’il est extrêmement populaire. Il a beau jouer dans un des clubs les plus clivants d’Allemagne, il n’en reste pas moins un des joueurs préférés de ses compatriotes, et surtout d’Angela Merkel. Il est aussi un des Allemands les plus connus au monde. Avoir un blaze que personne n’arrive à prononcer doit aider. Sympathique, il n’est pas vraiment du genre à ruer dans les brancards. Il est accessoirement assez à l’aise avec un ballon. Plein de raisons qui, lorsqu’on les énumère, montrent bien que Joachim Löw n’avait pas vraiment le choix. « C’est le successeur légitime de Philipp Lahm, un leader absolu » , selon les propres mots du sélectionneur.
L’abonné – presque toujours – absent
Mais choisir Bastian Schweinsteiger en tant que capitaine, c’est aussi faire le choix d’avoir un mec qui pourrait ne pas toujours être là. En effet, depuis 2010, le Munichois rate en moyenne la moitié des regroupements internationaux. Sur la saison 2012/2013 par exemple, il n’a joué que trois matchs avec la sélection sur les onze dates cochées sur le calendrier. Des absences le plus souvent liées à des blessures, mais aussi à une volonté de Löw de le ménager. Si le schéma venait à se répéter – ce qui semble être le cas en ce début de saison, puisque le milieu de terrain est déjà forfait cette semaine pour une blessure aux tendons rotuliens – on voit mal comment il pourrait remplir son rôle de capitaine. Un rôle qu’il a pourtant l’air de prendre très à cœur. « J’ai ma propre manière de diriger et elle a beaucoup évolué ces dernières années. J’ai connu beaucoup de succès sur le terrain, mais je sais que maintenant je vais avoir de nouvelles responsabilités, en particulier en dehors du terrain » , a-t-il déclaré sur le site de la DFB. L’intention est bonne, mais de là à avoir la possibilité de transformer ses paroles en actes…
L’Allemagne a-t-elle vraiment besoin d’un capitaine attitré ?
Au final, la question du brassard est peut-être superficielle. S’il y a bien une équipe qui peut se passer d’un capitaine fixe, c’est bien cette Mannschaft. Löw a mis en place un système où tout le monde – ou presque – est l’égal de tout le monde. Un groupe où il n’y pas de chef de meute. Si parfois, certains osent prendre la parole, comme Mertesacker après le match contre l’Algérie, on est loin de l’Allemagne des années 70-80-90 avec des gars qui gueulaient de tous les côtés, des leaders, des « mâles alpha » . À l’heure actuelle, il y a bien cinq ou six joueurs qui pourraient très bien assurer le rôle de capitaine. Une liste de quatre suppléants à Schweinsteiger, composée de Neuer (qui portera le brassard cette semaine), Müller, Khedira et Hummels a même été évoquée. On peut donc se dire que même si Schweini sera le capitaine officiel de cette équipe, les tauliers le seront tous un peu dans leur tête. Sauf Mesut Özil, qui veut qu’on le laisse tranquille. Reste à espérer que les jalousies ne se feront pas trop ressentir et que les intérimaires ne se sentiront pas trop lésés. Il est toujours délicat d’avoir un capitaine moins présent aux rassemblements que ses suppléants, même lorsqu’il s’agit de Bastian Schweinsteiger. Manuel Neuer pourrait rapidement se dire qu’être capitaine contre l’Écosse en éliminatoires, c’est bien. Être capitaine contre la France lors de l’Euro 2016, c’est mieux.
Par Sophie Serbini, en Allemagne