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Schneiderlin : « L’argent rentre quand les bonnes performances suivent »
Un Français qui ne joue pas dans l'un des membres du Big Four ou à Newcastle, ça existe. Exemple avec Morgan Schneiderlin, milieu de terrain de Southampton qui joue Chelsea cet après-midi en Cup.
Ça fait quatre ans que tu es à Southampton, tu te sens comment ici ?Je me sens bien ici, je suis arrivé très jeune. J’ai fait ma première saison pleine à 18-19 ans. Ça m’a appris à aller dans les duels, ne pas hésiter, notamment quand j’étais en Championship (équivalent de la L2, ndlr) où l’impact physique est tel que l’on ne connaît pas vraiment en France. Après des périples en League One également (équivalent du National, ndlr), je connais enfin la Premier League, j’ai envie de faire une saison pleine et on verra ce qui se passera par la suite.
A 18-19 ans donc, tu pars de Strasbourg à Southampton. Comment est-ce qu’on se dit à cet âge-là que l’on part dans un pays étranger ?À Strasbourg, j’ai fait toutes mes classes. J’ai commencé à jouer là-bas à l’âge de 5 ans, et il me fallait autre chose pour progresser. Et l’impact physique était quelque chose qui me manquait. J’ai fait ce choix de l’Angleterre afin de pouvoir m’améliorer justement. Pas forcément un choix glamour, mais je voulais jouer chaque semaine, et aujourd’hui je montre aux gens qui émettaient des doutes que je ne me suis pas trompé.
En plus Southampton est un club formateur à la base. Oxlade-Chamberlain, Walcott, Bale sont passés par là. Tu y as pensé en y signant ?On m’a pas dit à l’époque : « Ouais, Morgan, Southampton te veut, tu signes ? » , j’ai d’abord bien réfléchi, j’ai vu que c’était un bon club formateur, avec beaucoup de jeunes. George Prost, un Français patron de l’académie sur place, m’a appelé, on a longtemps discuté et m’a convaincu. Je suis venu visiter et j’ai dit oui assez rapidement.
Et donc aller dans un club de Championship alors que tu étais surveillé par des clubs de Ligue 1 par exemple, t’as pas gambergé ?Évidemment, j’ai essayé de me poser un max de questions. Est-ce que j’étais prêt pour un club de Premier League par exemple, la réponse était non. Donc j’ai préféré passer par une étape intermédiaire, et donc en descendant d’un cran. Quand on est joueur, l’ambition est de jouer, et dans un club de Premier League, ça n’aurait pas été le cas, je serais resté sur le banc, ou j’aurais joué des amicaux avec les réserves, sans progresser. En Championship, on rentre dans le vif du sujet, et j’ai connu une saison difficile dans l’impact physique, mais j’ai appris et j’en suis content aujourd’hui.
Est-ce que le facteur argent est entré dans ta réflexion à l’époque ?Non, dans le temps, quand j’avais 18 ans, on ne me connaissait pas. Southampton n’était pas dans la meilleure situation financière. Je n’ai pas fait ça pour l’argent du tout. J’étais un tout petit peu mieux payé qu’à Strasbourg, mais si c’est ce qui me motivait, je serais allé en Premier League, je serais resté sur le banc ou dans les tribunes, mais je n’aurais pas progressé. Il faut que tout joueur sache que l’argent rentre quand les bonnes performances suivent.
Gasmi, Fernandes, d’anciens espoirs français n’ont pas réussi à Southampton. Pourquoi toi tu arrives ?Je n’ai pas la recette, mais je suis un travailleur, même si les autres l’étaient sans doute. Il faut une part de chance, et je fais en sorte de me remettre en question tous les jours pour montrer que je suis capable de jouer en Premier League.
Ton pote en équipe de France de jeunes Mapou Yanga-Mbiwa a dit que l’un de ses rêves était de marquer contre Manchester United. Toi tu l’as fait (défaite 3-2 de Southampton), ça fait quoi ? (rires)Ça fait plaisir en effet. En plus j’ai marqué de la tête, un point faible pour moi. Comme le dit Mapou, tout joueur rêve de jouer et de marquer contre United. En plus mes parents étaient dans les tribunes, de nombreux amis regardaient la rencontre, j’étais l’homme le plus heureux du monde sur le coup, mais hélas, le résultat final n’a pas été au rendez-vous. J’espère marquer au retour également.
La Premier League, c’est le meilleur championnat du monde pour toi ?Je n’ai jamais joué en Espagne par exemple. Là-bas c’est plus technique. Ici y a des longs ballons dans certaines rencontres, mais ça me donne des frissons tout de même. Chaque match est beau à voir dans ces stades, ces ambiances, donc oui, tout ça compilé, c’est le meilleur championnat du monde.
Ton ancien club Strasbourg est mal en point (en CFA, ndlr), ça te fait quoi ?Ça fait mal, mais maintenant il y a des gens en place qui peuvent me faire penser que cette équipe peut retravailler sereinement : Marc Keller a repris son club, avec son frère François avec qui j’ai pu travailler quand j’étais en réserve. Je suis certain que le club va remonter au classement mais, oui, ça fait mal de voir un club avec un tel stade, de tels supporters… J’espère que le club d’ici peut-être quatre ou cinq ans pourra retrouver la Ligue 2 ou Ligue 1, car il le mérite, et l’Alsace le mérite.
Et retrouver Morgan Schneiderlin avec ce maillot bleu ?Un jour, pourquoi pas, je ne ferme la porte à rien en tout cas !
Propos recueillis par Salim Baungally