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Schevchenko, le Tsar quitte le trône

Eric Maggiori
Schevchenko, le Tsar quitte le trône

Drôle de semaine pour les supporters du Milan AC. Après avoir vu Filippo Inzaghi raccrocher les crampons, voilà qu’ils doivent dire adieu à un autre monstre sacré : Andrey Schevchenko. L’Ukrainien a pris aujourd’hui sa retraite.

D’abord Superpippo. Maintenant Sheva. En cinq jours, le Milan AC a vu partir au Panthéon 301 buts inscrits avec le maillot rossonero. 126 pour Inzaghi. 175 pour Schevchenko. Oui. C’est une semaine d’adieux qui s’achève donc pour les tifosi milanais. Si pour Inzaghi, il y a au moins l’atténuante de se dire que le renard reste au club (il entraînera les jeunes à compter de la saison prochaine), pour Schevchenko, c’est une autre affaire. Cela fait en effet trois ans que l’Ukrainien a quitté Milan. Même si le « vrai » Schevchenko, en réalité, est parti en 2006. D’ailleurs, c’est plutôt ce Schevchenko-là que les supporters rossoneri vont pleurer aujourd’hui. Celui qui est arrivé de son Ukraine natale au beau milieu de l’été 1999 et qui, en sept saisons passées en Italie, va planter 127 buts en Serie A, 36 en Ligue des Champions, 6 en Coupe d’Italie et 4 dans les différentes Supercoupes. Celui qui va devenir le héros de San Siro. Celui qui va rafler deux fois le titre de meilleur buteur de Serie A. Celui qui va tout gagner avec Milan, jusqu’à cette finale de Ligue des Champions, un soir de mai 2003 à Old Trafford. Mais Andreï Schevchenko (Andrij Ševčenko pour les puristes), ce n’est pas seulement l’un des plus grands strikers de l’histoire du Milan AC. C’est aussi le meilleur buteur de celle de la sélection nationale ukrainienne, l’un des joueurs phares du Dynamo Kiev et l’un des plus gros flops de la Premier League. Retour en images.

Dynamo, mon amour

Il y a parfois des symboles que l’on ne peut analyser qu’avec du recul. Le 11 juin 2012, Schevchenko claque un doublé face à la Suède pour le premier match de l’Ukraine lors de l’Euro 2012. Le théâtre ? Le stade de Kiev. « Son » stade de Kiev, même. L’adversaire ? Zlatan Ibrahimovic, alors buteur-maison du Milan AC. Sheva ne le sait pas encore, mais c’est justement face à Zlatan qu’il vient d’inscrire les deux derniers buts de sa carrière. Un peu comme un dernier clin d’œil au peuple milanais. Les deux derniers d’une série faramineuse de 402 buts toutes compétitions confondues. Cette série, Schevchenko l’a d’ailleurs débutée le 1er décembre 1994. Alors âgé de 18 ans, il score en championnat contre le Dnipro Dnipropetrovsk. Une sacrée revanche pour celui qui, six ans plus tôt, n’avait pas été accepté dans une école footballistique de Kiev parce qu’il n’avait pas réussi un test de dribbles. Avec le maillot du Dynamo, il explose littéralement en quelques mois.

Non seulement il marque but sur but, mais il remporte aussi le championnat ukrainien cinq années d’affilée. Bah ouais, à l’époque, il n’y avait pas de Brésiliens au Shakhtar, donc c’était plus facile… Lors de la saison 1998-99, son équipe atteint même les demi-finales de la Ligue des Champions, et se fait sortir de peu par le Bayern Munich (4-3 sur les deux matches). Schevchenko termine meilleur buteur de la compétition, à égalité avec Dwight Yorke. Conquis par son visage d’enfant et son instinct de tueur, Silvio Berlusconi flaire le bon coup, et le fait signer pour l’équivalent, à l’époque, de 20 millions d’euros. Avec la tunique noire et rouge et le numéro 7 sur le dos, Schevchenko va devenir en quelques années le meilleur attaquant du monde. Avec 24 buts inscrits en 32 rencontres, il remporte le titre de « capocannoniere » pour sa première année en Italie, devenant le deuxième étranger après Michel Platini à réaliser une telle performance. Des buts contre l’Inter, des buts contre la Juve et encore des buts contre la Lazio : Schevchenko ne tarde pas à devenir le Tsar de San Siro. Mais en trois ans, il ne décroche pas le moindre trophée. Il est temps d’y remédier.

L’apogée, puis la dégringolade

Entre 2002 et 2004, Sheva va enfin permettre au Milan AC de renouer avec le succès. En 2003, dans une équipe où brillent les étoiles Inzaghi, Pirlo et autres Seedorf, il remporte la Ligue des Champions. Le soir de la finale, face à la Juventus, c’est lui qui envoie le Milan au septième ciel en transformant le dernier pénalty de la séance de tirs au but. Quelques mois plus tard, c’est encore l’un de ses buts qui permet à Milan de s’adjuger la Supercoupe d’Europe, face au FC Porto de Mourinho. Et comme Milan caracole ensuite en tête du championnat d’Italie, Schevchenko décroche, en décembre 2004, le Ballon d’Or, devenant ainsi le premier joueur ukrainien à remporter ce prestigieux trophée (en 1986, Igor Belanov l’avait décroché sous la bannière de l’URSS). Derrière, il termine encore meilleur buteur de Serie A et gagne pour la première fois le Scudetto. Alors, Milan, une série de rêves pour Sheva ? Oui. Mais aussi un cauchemar. Celui-ci a lieu le 25 mai 2005. Lors de la finale de la Ligue des Champions, face à Liverpool, Milan se fait rattraper trois buts (de 3-0 à 3-3) et Schevchenko rate une occasion colossale à quelques minutes du coup de sifflet final. Peut-être perturbé par cette erreur, il manque son pénalty lors de la séance de tirs au but et laisse le rêve d’une deuxième C1 s’envoler. Une soirée cauchemardesque.

Un an plus tard, le joueur décide de faire ses valises et de rejoindre Chelsea. Version officielle : de simples raisons familiales. Version officieuse : sa femme voulait impérativement aller vivre à Londres pour que leur fils Jordan puisse fréquenter une école anglaise. Quelle que soit la véritable raison, les tifosi milanais ont le cœur brisé par ce départ, et les désastreuses prestations de Sheva avec le maillot de Chelsea ne feront qu’atténuer leur peine. A partir de là, le joueur n’est plus que l’ombre de lui-même. Deux saisons anonymes en Angleterre, puis un retour en prêt au Milan AC qui fait frissonner les fans nostalgiques. Malheureusement, Sheva est désormais éclipsé par des Ronaldinho, Pato et Kakà. Il n’inscrit que deux buts, un en Coupe d’Italie et un en Ligue des Champions, et repart à Chelsea.

Il décide finalement de rentrer en Ukraine, au Dynamo Kiev, où il finit honorablement sa carrière, avec 30 buts en trois saisons. Au terme de la saison 2011-12, son contrat expire et Sheva se retrouve sans club. Il dispute l’Euro avec l’Ukraine, en profite pour inscrire ses 47e et 48e buts avec le maillot jaune, et annonce sa retraite internationale. Le Dynamo lui propose une prolongation de contrat d’un an. Sheva réfléchit, tergiverse, puis tranche. Non. Comme Inzaghi, il ne reprendra plus. « Mon avenir est en politique » a-t-il annoncé ce matin. Encore une putain de légende qui tire sa révérence en ce mois de juillet 2012. Comme dirait le chant du kop milanais : « Il n’est pas brésilien, mais quels buts il marque… Le Fenomeno, laisse-le où il est. Ici, c’est Sheva » . Ciao, campione.

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Targhalline : « Je n’avais pas d’autre choix que de réfléchir plus vite »
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Eric Maggiori

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