- Ligue des champions – J6 – Groupe E – Schalke 04/Bâle
Schär all-in soccer
Apprenti employé de banque et joueur semi-pro en D2 suisse il y a moins de deux ans, Fabian Schär est aujourd’hui l’un des symboles de la génération montante helvète qu’affronteront les Bleus au Brésil en juin prochain. Un défenseur central à l’ascension fulgurante, qui compte bien aider le FC Bâle à se qualifier pour les 8es de finale de la C1 ce soir. Avant de signer dans un gros club dès cet hiver ?
Ce soir à Gelsenkirchen se dispute l’un des gros matchs à enjeu de cette soirée de Ligue des champions. Derrière Chelsea, premier du groupe E et déjà qualifié pour le tour suivant, un seul point sépare l’actuel second, le FC Bâle, de Schalke 04. S’ils ne perdent pas, les Suisses ont donc l’occasion d’atteindre les 8es de finale de la compétition, une performance réussie une première fois il y a deux ans. Rappelons aussi que la saison dernière, le parcours en Ligue Europa avait été particulièrement beau, avec des qualifications contre le Zénith Saint-Pétersbourg, puis Tottenham, pour échouer au stade des demi-finales face au futur vainqueur Chelsea. Tout ça pour dire que le FC Bâle est désormais une équipe qui compte à l’échelle continentale. Une équipe pétrie de jeunes talents. Notamment la pépite égyptienne Mohamed Salah, mais, une fois n’est pas coutume, honneur à la défense avec l’ascension fulgurante de Fabian Schär, un joueur à l’étonnante trajectoire.
Il y a quelques semaines, un très bon article paru chez les Anglais de The Guardian apprenait ainsi qu’avant de figurer parmi les cadres du FC Bâle et de la sélection nationale, le jeune homme de bientôt 22 ans a connu le semi-professionnalisme en D2 suisse, menant en parallèle de sa carrière naissante de footballeur une formation dans une grande banque du pays. C’était chez lui, dans sa ville de naissance, à Wil, canton de Saint-Gall. Il y fait ses débuts pro à l’âge de 17 ans, mais tarde à percer en équipe première, se retrouvant même relégué en équipe B. Il faut dire que l’emploi du temps du garçon est hardcore : journée de travail à la banque, entraînement au FC Wil et devoirs du soir, tous les jours, avant les matchs du week-end. Ironie du sort, c’est à la banque Raiffeisen qu’il travaille, sponsor principal de la première division suisse. Un peu comme si un jeune en contrat de professionnalisation chez Orange avait été élu meilleur espoir de la Ligue 1. Car c’est bien ce qui est arrivé à Fabian Schär, sacré rookie de l’année cet été, un an seulement après avoir débarqué au FC Bâle.
Merci Murat Yakin
Arrivé sur la pointe des pieds au Parc Saint-Jacques au début de la saison 2012-2013, Fabian Schär a d’ailleurs dû attendre le changement d’entraîneur intervenu à la mi-octobre 2012 pour récupérer une place de titulaire aux côtés de l’indéboulonnable Aleksandar Dragović. Le nouvel entraîneur d’alors, Murat Yakin, qui remplaçait Heiko Vogel, a tout de suite été épaté par l’assurance et l’autorité du jeune transfuge qui découvrait l’élite depuis seulement quelques semaines. L’ancien défenseur central n’a pas hésité à l’aligner en lieu et place des plus expérimentés Radolslav Kovač et Gastón Sauro. Bien lui en a pris, avec sa doublette défensive Schär/Dragović, le FC Bâle a conquis un quatrième titre national au printemps dernier et s’est donc hissé dans le dernier carré de la C3.
Aleksandar Dragović parti cet été au Dynamo Kiev, c’est donc désormais Fabian Schär le patron de l’arrière-garde suisse, avec un nouveau statut d’international – il devrait être titulaire avec la Nati face à la France en juin prochain au Brésil – et un nouveau partenaire en club, en la personne du Bulgare Ivan Ivanov, transfuge du Partizan Belgrade. Excellent stoppeur, doté d’une belle science du placement, l’ancien employé de banque sait aussi marquer des buts importants, essentiellement de la tête (3 buts en 5 sélections, 12 buts avec Bâle depuis son arrivée à l’été 2012). Il est aussi capable de belles inspirations, comme ce lob de plus de 50 mètres réussi à l’époque où il évoluait encore en D2 (vidéo). En fin de contrat en juin 2015, il est courtisé par un paquet de grosses équipes, dont le Borussia Dortmund qui aimerait le signer dès cet hiver. Passer des 6000 places du champêtre stade Bergholz de Wil au bouillant BVB Stadion de Dortmund en un an et demi, l’histoire serait quand même assez folle.
Par Régis Delanoë