- Bundesliga
- J14
- Schalke-Leverkusen (0-1)
Schalke se cherche un nouveau destin
Malgré une défaite pas franchement méritée face à Leverkusen ce dimanche, Schalke 04 continue de se relever après un début de saison compliqué. Et de prouver que ses Knappen version Markus Weinzierl en ont dans le ventre.
Prendre un carton rouge à la quatrième minute. Jouer à dix contre onze le reste de la rencontre. Dominer quand même. Prendre un but à la 88e. Perdre. Hier après-midi, une fois de plus, le destin a été très cruel avec Schalke 04. « En ce moment, on n’a vraiment pas la baraka » , a lancé Christian Heidel après le match. Une semaine après la défaite controversée face à Leipzig (le penalty accordé à Timo Werner malgré une horrible simulation a fait parler de lui toute la semaine outre-Rhin), le club de la Ruhr n’a de nouveau que ses yeux pour pleurer. Tout ça à cause d’un tacle un peu trop rugueux (mais correct) de la part du novice Thilo Kehrer que l’arbitre a décidé de sanctionner par une faute, qui amènera le but de Stefan Kiessling. Malgré la déception lisible sur les visages après la rencontre et la sensation d’être une nouvelle fois maudit, Schalke n’a pas grand-chose à se reprocher, hormis le fait d’avoir pêché dans le dernier geste, chose commune lorsqu’on évolue à dix. « La meilleure équipe a perdu. Nous avons joué pendant plus de 90 minutes en infériorité numérique, nous avons bien défendu. On a peut-être laissé passer quelques chances, mais c’était une super performance, avec juste un mauvais résultat à la fin » , a déclaré Markus Weinzierl. Lucide, l’entraîneur du Null-Vier sait tout simplement qu’il y a quelques mois, Schalke n’aurait pas été en mesure de livrer une telle performance.
Quand Schalke apprend la patience…
Début octobre, le S-Null Vier est au bord de l’implosion. Après avoir tout changé durant l’été (nouvel entraîneur, nouveau directeur sportif, nouveaux joueurs…) dans le but de redevenir la troisième force du pays, Schalke se retrouve avec cinq défaites en cinq matchs de championnat. S’il faut souvent du temps pour qu’une nouvelle équipe prenne ses marques, Gelsenkirchen n’est pas forcément une ville connue pour sa patience, et les esprits commencent à s’échauffer. Cependant, le board décide de laisser encore quelques cartouches au duo Weinzierl/Heidel, notamment parce qu’en Ligue Europa, le club tient son rang. Grand bien lui en a pris, puisqu’à la sixième journée, Schalke balaye Gladbach 4-0. Une victoire en forme de déclic : le club enchaîne ensuite dix matchs sans défaite toutes compétitions confondues. Parmi ces matchs, neuf se sont soldés par une victoire ; le seul nul, lui, était lors du Revierderby face à Dortmund. Et si, depuis, Schalke a quelque peu marqué le pas et n’est toujours que dixième au classement, l’avenir lui appartient. Lorsque tout est en place, comme face à Gladbach ou contre Mayence, aucune équipe de Bundesliga ne propose un jeu plus alléchant. Quand tout ne se passe pas comme prévu, les Knappen peuvent évidemment perdre, mais sans jamais oublier de se battre. Du talent, il y en a. Du caractère aussi. Leon Goretzka, encore impeccable ce dimanche, en est le parfait exemple.
… et tente de changer sa nature
Longtemps, le problème majeur de Schalke a semblé être une certaine acceptation de sa destinée. Comme s’il était devenu normal d’être un « club maudit » . En décidant de tout remettre à plat cet été, Schalke a choisi de ne plus se complaire dans ce rôle et de forcer le destin. Cette saison, Weinzierl et Heidel doivent appréhender la bête. Comprendre ce qu’est Schalke 04, le club le plus passionnant d’Allemagne, où tout peut se passer au cours d’un match, d’une semaine, d’une saison. Où l’on vibre plus qu’ailleurs. Bien que l’équipe soit encore en lice sur tous les tableaux, pas sûr qu’une récompense vienne enrichir la vitrine à trophées dès cette année. Schalke va même devoir batailler dur pour obtenir une place européenne à la fin de la saison, sous peine de voir ses meilleurs joueurs partir pour des contrées plus sexy. Mais une chose est sûre : quelque chose a changé du côté de Gelsenkirchen. Weinzierl et Heidel, deux hommes qui ont emmené en Europe des clubs bien moins prestigieux que Schalke, ne se contenteront pas du discours officiel. La baraka ne sera peut-être pas toujours là, mais qu’importe, la lose, elle, n’est certainement plus la bienvenue.
Par Sophie Serbini