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Sassuolo reçu, mention très bien
Aux trois quarts de la saison, les Neroverdi figurent toujours dans le premier tiers du championnat et confirment leur statut d'outsider numéro un. À terme, l'objectif est de chambouler la hiérarchie historique. En attendant, ils se contenteront d'une qualif pour la prochaine Ligue Europa.
1er Juventus, 2e Napoli, 3e Roma, 4e Fiorentina, 5e Inter, 6e Milan. Jusque-là tout va bien avec les six équipes les mieux équipées financièrement et techniquement, mais aussi les six premières au classement all-time de la Série A. Ne manque que la Lazio que l’on attend à une 7e place pour recomposer la sororie des sept sœurs de la fin des 1990’s (Naples remplaçant Parme). En scrollant encore un petit coup, on tombe finalement sur Sassuolo qui devance justement les laziales et figure à trois points des rossoneri, soit une éventuelle qualification pour la prochaine Ligue Europa (si le Milan finit derrière et s’incline en finale de coupe). Bref, le plan de marche fixé par ses ambitieux dirigeants est parfaitement respecté.
Seconde du Top 8
« À 38 ans, je n’ai pas l’intention de faire honte sur un terrain de foot. » Tels étaient les propos d’un Gigi Buffon remonté – et cherchant surtout à provoquer un électrochoc auprès de ses coéquipiers les plus jeunes – suite à une défaite 1-0 sur le terrain de Sassuolo, la 4e en tout juste dix journées. Message reçu cinq sur cinq, puisque la Juve n’a pas perdu le moindre match de championnat depuis, mis à part deux dans les autres compétitions. Dix-sept victoires et un seul match nul à Bologne, on appelle ça l’effet Gigi. 5e au classement ce jour-là, les Neroverdi ne se sont fait dépasser que par le Milan et la Vieille Dame, en un demi-championnat. Surtout, ils ont continué de soigner leurs stats face aux sept cadors. En effet, après onze confrontations, le bilan est de trois défaites, deux nuls et pas moins de six victoires. Le Napoli est tombé lors de la première journée, l’Inter à San Siro, la Lazio par deux fois, et le Milan vient d’enchaîner son troisième revers au Mapei Stadium, en autant de déplacements dans son histoire. C’est bien simple, dans un mini tournoi virtuel concernant les huit premières équipes du classement, seul le Napoli fait mieux avec 24 points (en 12 matchs) contre 20 pour Sassuolo (en 11) et respectivement 19 et 18 pour la Juve et la Roma (en 10 rencontres).
Le nez en l’air et les pieds sur terre
Des stats qui feraient tourner la tête à plus d’un, notamment au président Giorgio Squinzi qui, après les trois victoires et trois nuls en début de saison, avait tout simplement parlé de titre de champions. Conséquence, une défaite sur le terrain de l’Empoli et un discours de Di Francesco plutôt clair : « On a été présomptueux, ne parlons pas descudetto. » Six mois plus tard, et alors que l’équipe peut au moins rêver d’Europe, l’entraîneur continue de faire profil bas : « Nous devons faire preuve de conviction et non de prétention, ce sont deux choses totalement différentes » , a-t-il déclaré en conférence de presse d’avant-match. Cette attitude a parfois manqué face aux petits : Sassuolo a lâché de nombreux et précieux points avec une série négative d’un succès (contre l’Inter) en dix journées de la mi-décembre à la mi-février. On pensait alors que cette équipe allait définitivement rentrer dans le rang pour se contenter d’une place dans le top 10, mais les deux victoires, nettes et sans bavures sur le score de 2-0, face à des adversaires directs que sont la Lazio et le Milan l’ont de nouveau propulsé vers les places européennes, son vrai objectif. Fin tacticien, Di Fancesco fait aussi un excellent psychologue. Pas pour rien qu’il risque rapidement de finir sur un banc de touche plus prestigieux.
Première au sponsor maillot
Un ouvrage technico-tactique supporté par des gros moyens. Squinzi = Mapei = une des meilleures équipes cycliste de tous les temps. L’entreprise productrice de produits chimiques a donné son nom au stade de Reggio Emilia, mais surtout, elle figure en sponsor maillot moyennant un chèque de 22 millions par an. C’est bien simple, personne ne fait mieux en Italie. Ajoutez à cela un apport capital du même acabit sur l’année 2014, ainsi qu’une masse salariale ayant doublé en l’espace de deux saisons, et vous comprenez pourquoi le club de Sassuolo figure dans le premier tiers du classement. On est loin du compte de fées à la Carpi, Frosinone ou Crotone. Ici, l’argent y est pour beaucoup, mais il n’est pas jeté par les fenêtres. La programmation y est minutieuse et une étroite collaboration avec l’adversaire du soir a été nouée. Milanista proclamé, Squinzi n’a pas hésité au moment de choisir un partenaire fiable, cela a notamment permis de recruter le jeune Stefano Sensi pour 5,5 millions, un éventuel futur Verratti évoluant à Cesena et qui débarquera chez les noir et vert l’été prochain. S’il confirme ses prestations un cran plus haut, la Juve a une option dessus pour la saison 2017-18. Un genre d’opération déjà bouclée avec Zaza et Berardi. Exercice en dents de scie pour ce dernier alors qu’il possède le potentiel pour hisser Sassuolo jusqu’à la lutte pour la Ligue des champions. Mais une chose à la fois, ne spoilons pas le programme de la prochaine étape.
Par Valentin Pauluzzi