ACTU MERCATO
Sarabia à Paris, le tour de magie
Annoncé avec insistance du côté du Paris Saint-Germain depuis la fin de saison, Pablo Sarabia est devenu officiellement mardi un joueur du club de la capitale française. Une belle affaire financière (18 millions d'euros sont déboursés) et sportive qui prouve que Paris sait rester magique.
« Tous les joueurs finissent par mûrir. Certains le font très tôt, d’autres un peu plus tard. En ce qui me concerne, je crois avoir acquis de l’expérience. Ces dernières saisons à Séville m’ont appris de nouvelles situations à gérer, et cela m’a sans doute rendu plus mature. » Pour intégrer le gratin des meilleurs joueurs espagnols, Pablo Sarabia prend son temps avant d’arriver à la température idéale. Sur ses trois saisons sévillanes, la dernière apparaît comme celle de l’explosion aux yeux du monde : 23 buts et 17 passes décisives toutes compétitions confondues, le tout à 27 ans. En guise de récompense individuelle, Sarabia récolte même le statut de co-meilleur passeur de Liga 2018-2019 à égalité avec Leo Messi. Concernant les récompenses collectives en revanche, le palmarès du joueur est encore bien vide avec seulement deux victoires à l’Euro U19 (2011) et à l’Euro U21 (2013). Sans aucun titre majeur en club, l’heure était donc venue pour Sarabia de franchir un cap. Le voilà désormais lié au Paris Saint-Germain pour les cinq prochaines saisons, le tout pour 18 millions d’euros.
✍️?? @Pablosarabia92, le milieu offensif espagnol du @SevillaFC_FRA, 27 ans, s’est engagé pour 5 saisons avec le Paris Saint-Germain ✔️Interview ? et photos ? à découvrir vendredi sur https://t.co/oDgvOgVNCY !#WelcomeSarabia pic.twitter.com/RcguM86gO8
— Paris Saint-Germain (@PSG_inside) 2 juillet 2019
Déclic par Mourinho et rodage à Getafe
Si le talent balle au pied de Sarabia ne s’est jamais évaporé, c’est plutôt dans l’intensité physique et sa capacité à répéter les efforts que le joueur s’est mis à travailler très dur dès son arrivée à Séville. Formé au sein de la prestigieuse Fábrica du Real Madrid à partir de 2003, Pablito vit un rêve éveillé pour un garçon né dans la capitale espagnole. Malgré tout, l’espoir merengue va se rendre à l’évidence : à 19 ans, il est presque impossible d’obtenir du temps de jeu dans le plus prestigieux club au monde. Presque, puisque le bonhomme parvient tout de même à convaincre José Mourinho pour grappiller 18 minutes de jeu lors d’une rencontre de Ligue des champions au Santiago-Bernabéu contre l’AJ Auxerre (4-0). Ce seront les seules jouées en équipe première sous le maillot des Blancos. L’année suivante, Sarabia se décide à déménager dans Madrid : au revoir le Real, bonjour Getafe.
Durant ses deux premières saisons, le milieu offensif peine à trouver ses marques dans un championnat espagnol où chaque match est une lutte pour les Azulones. Malgré tout, sa faculté d’adaptation porte ses fruits sur le long terme, et Sarabia devient l’une des valeurs sûres de l’équipe au bout du troisième exercice. Lors du mercato estival, Getafe recrute Abdoul Karim Yoda dans ses rangs. Un nouvel environnement pour le Français qui débarque du championnat roumain, mais qui se fait très vite pote avec Sarabia. « Au départ, j’ai le souvenir d’avoir reçu un accueil vraiment particulier de sa part, confie le footballeur actuellement sans club. Pablo était très ouvert avec moi. Avec Sergio Escudero(aujourd’hui au FC Séville, N.D.L.R.), ils étaient tous les deux très attentifs à ce que je me sente bien dans le vestiaire. Je ne parlais pas bien l’espagnol, mais au moindre problème, je savais que je pouvais passer par eux pour faire passer un message. »
« La grande force de Pablo, c’est sa polyvalence »
Ensemble, Sarabia et Yoda dynamitent les défenses adverses de chaque côté de l’attaque : l’Espagnol s’occupe du couloir gauche, et le natif d’Annemasse déferle sur le flanc droit. Néanmoins, tout n’est pas rose dans la banlieue madrilène, et les aléas de la saison amènent parfois à mettre les points sur les i. « Tu sentais qu’il avait ses habitudes, ses connaissances, décrit Yoda. Malgré son jeune âge, il était capable d’élever la voix quand un match ne tournait pas dans le bon sens. Il ne se cachait pas pour dire des vérités, et d’une certaine manière ça prouvait sa force de caractère. » À 21 ans, Sarabia souhaite avancer dans la jungle de la Liga espagnole, quitte à laisser son enfance de côté. « Nous avons fait quelques sorties ensemble, explique Yoda. Quand il fallait s’amuser, il savait profiter de la vie. Mais cela ne veut pas dire qu’il faisait la fête tout le temps… Quand tu viens de Madrid et que tu joues à Getafe, tu as des amis sur place. Là-bas, Pablo était chez lui. » Après une cinquième saison en Liga ponctuée par une relégation sportive, Sarabia quitte Madrid pour de bon.
Au FC Séville, l’ailier de poche va connaître ses premières épopées européennes, ses premières finales perdues en Supercoupe d’Europe (face au Real Madrid en 2016), en Coupe d’Espagne (face au FC Barcelone en 2018) ou en Supercoupe d’Espagne (deux fois face au Barça, en 2016 et 2018). Mais à Paris, Sarabia arrive avec la ferme intention d’enfin gagner des titres pour, dans un futur proche, augmenter ses chances d’intégrer la Roja. « Honnêtement, je suis impressionné par sa progression, surtout quand j’ai observé la manière dont il a su s’imposer après son arrivée à Séville, avoue Yoda. Je savais qu’il en avait encore sous la semelle à Getafe, mais peut-être pas autant. La grande force de Pablo, c’est sa polyvalence : ses postes préférentiels restent sur les ailes, mais il sait très bien jouer en numéro dix ou en attaquant de soutien. La saison de Paris sera probablement longue, son profil va faire beaucoup de bien à l’équipe. » Voilà un nouveau magicien pour régaler le Parc.
Par Antoine Donnarieix
Propos de Abdoul Karim Yoda recueillis par AD