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Santini, le colosse à la tête dure
Arrivé comme un inconnu au Stade Malherbe de Caen cet été, Ivan Santini s'est très vite fait un nom dans l'Hexagone à force d'empiler les buts avec le club normand. Sixième meilleur buteur de Ligue 1, le Croate est l'une des rares satisfactions caennaises cette saison. Portrait d'un travailleur acharné devenu expert en finition.
L’énorme carcasse saute à peine. Pas besoin de s’envoler, vu la taille du monstre. Muni de son mètre 90, Ivan Santini propulse le ballon au fond des filets d’Anthony Lopes et s’offre un doublé, donnant une victoire de prestige à son équipe face à l’Olympique lyonnais (3-2, le 15 janvier 2017 ndlr). « Je sais que Caen est une équipe qui centre beaucoup, j’espère être à la conclusion cette saison » , déclarait-il au moment de sa présentation officielle en début de saison. L’homme ne croyait pas si bien dire. Depuis son arrivée au Stade Malherbe, qui a quand même lâché 2,5 millions pour sa venue en provenance du Standard de Liège, le Croate a inscrit dix pions en 18 rencontres, soit 1482 minutes, dont quatre à la force du crâne. Ce qui fait de lui le meilleur buteur de la tête de Ligue 1 (devant Edinson Cavani, Valère Germain ou Alassane Pléa).
La renaissance en Belgique
Voilà pour les données chiffrées, qui rendent l’attaquant indispensable à Caen – Ronny Rodelin, deuxième meilleur buteur du club, plafonne à quatre réalisations. Et qui surprennent, tant l’avant-centre plutôt méconnu du grand public n’était pas attendu à ce niveau-là. Sauf pour ses anciens partenaires, comme Rémi Pillot, gardien à Châteauroux qui a joué avec le bonhomme à Courtrai entre 2013 et 2015 : « Ça ne m’étonne pas qu’il réussisse de la sorte. Car il est costaud, athlétique, bon dos au but, et c’est un redoutable finisseur. Un attaquant assez moderne, quoi. » Yohann Thuram, son coéquipier l’an dernier au Standard, confirme : « Devant les cages, il était très adroit, il avait comme objectif de toujours cadrer. L’image que je garde de lui, c’est celle d’un cheval de course qui a des œillères et qui ne voit que le but. » Ok, mais comment expliquer cette intégration si rapide pour celui qui n’avait jamais évolué en France auparavant, et qui s’est planté en Allemagne (Fribourg, Ingolstadt) et en Autriche (Salzbourg) ?
No pain, no gain
En vérité, Santini, qui avait insisté sur sa volonté de « s’adapter rapidement » après sa signature à Caen, avait déjà fait le coup à Courtrai, en 2013. « On nous avait prévenu :« On a acheté un attaquant, c’est un crack. » Ouais, bon… Quand on l’a vu arriver avec son grand gabarit, on n’était pas franchement convaincus. Loin de là, reconnaît Pillot. Et puis, dès le premier entraînement, il marque, il marque, il marque… Là, je me suis dit :« Il sort d’où, lui ? » Un peu plus tard, lors de son premier match, il démarre sur le banc, on perd 3-0, le coach le fait entrer… et bam ! Il claque un triplé et on fait match nul. » Cette réussite, Ivan la doit tout simplement à sa volonté et sa capacité de travail. Car le natif de Zadar – terre de Luka Modrić – est un acharné de boulot, selon Thuram : « Je le surnommais le robot, parce qu’il travaillait tout le temps. Avant l’entraînement, après… Je restais avec lui durant quinze minutes après les séances pour qu’il puisse peaufiner sa finition. S’il a autant progressé, ce n’est pas par le fruit d’un hasard. » Résultat : il cartonne à Courtrai (trente buts en deux saisons de championnat), puis confirme à Liège (onze buts en 2015-2016) alors que son record en la matière ne dépassait pas les dix goals(avec Zadar en 2009-2010, puis 2010-2011).
Le chouchou des supporters du Standard peut également compter sur sa sympathie naturelle qui lui permet de s’intégrer rapidement à un groupe. Thuram comme Pillot parlent d’un « mec qui a toujours la banane » . « En dehors des terrains, ce n’est pas quelqu’un qui sort beaucoup, mais c’est un très bon mec » , explique le premier quand le second en dresse lui aussi un portrait plus que flatteur : « Il est adorable, il rigole avec tout le monde… C’est un gars assez atypique, charismatique, qui met une bonne ambiance dans un vestiaire. Il n’a pas besoin d’un gros temps d’adaptation. » D’autant qu’avant de s’installer dans l’Hexagone, le monsieur s’est renseigné sur sa destination. Thuram : « On avait échangé avant sa venue en France, il m’a posé des questions et je lui ai dit que Caen était un super club, qu’il allait y prendre du plaisir. » « C’est le club qui me voulait le plus, a réagi le principal concerné. Ils ont fait de gros efforts et m’ont tenu un discours ambitieux. Le club veut jouer le top 6 la saison prochaine. » Et si son seul défaut était la naïveté ?
Par Florian Cadu et Steven Oliveira
Tous propos recueillis par FC et SO