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Santi Cazorla, le coup d’Arsenal
Enfin. Après une ribambelle de départs ces derniers étés, Arsenal ramène un crack dans son Emirates. Avec Santi Cazorla, Arsène Wenger espère revoir l’ambition de ses Gunners à la hausse. Ça tombe bien : après un début de carrière chaotique, le lutin espagnol a les crocs.
Arsène Wenger fait parler de lui sur le marché des transferts. En soi, pas de quoi émoustiller le premier Gooner venu. Sauf que pour la première fois depuis des lustres, c’est dans le sens des arrivées qu’Arsenal fait la Une. Ici, pas d’Olivier Giroud ou de Lukas Podolski – pourtant ni des peintres, mais pas encore des maestros – mais un vrai playmaker. Après avoir dit « hasta luego » à Fabregas, puis « bye bye » à Nasri l’été dernier, l’Emirates Stadium va retrouver un joueur ambitieux à la baguette, n’en déplaise à Mikel Arteta.
Lui, c’est Santi Cazorla. Avec ses touches de piano en guise de dentition, son accent de ch’ti espagnol et son pot de Vivelle Dop Fixation Béton, le minot des Asturies entend bien prendre enfin son envol dans un grand d’Europe. Une évidence pour tout amateur de ballon rond. Et pourtant, à bientôt 28 ans, il a failli ne jamais connaître le monde professionnel. Focus sur un fils des Asturies qui a tout pour devenir la prochaine hype du millésime 2012-2013 de Premier League. Cazorla, ou le Ribéry espagnol. Sans les cicatrices.
« Je ne serai jamais professionnel »
Pour se faire une première opinion du bonhomme, flash-back au siècle dernier. Pensionnaire huit ans durant du centre de pré-pubères du Real Oviedo, Santi Cazorla se voit gentiment pressé de dégager. Trop petit, trop chétif. Le natif de Lugo de Llanera rebondit en DH, dans le miteux Astur Football Club. « Quand on m’a envoyé là-bas, mon père m’a dit que je ne deviendrais pas un footballeur professionnel. Il ne voulait pas me donner de faux espoirs. » Bref, des débuts plus que chaotiques. Rien ne le prédestinait donc à une carrière de haut-vol. En 2002, Santiago Cazorla Gonzalez, de son patronyme complet, débarque à Villarreal, nouveau venu en Liga. Un non-choix : « A l’époque, je ne savais même pas situer la ville sur une carte. » Une traversée en diagonale de la péninsule ibérique sur fond de promesse d’emploi au père de famille Cazorla. Après des débuts chez les Grands en 2003, le petit Santi enchaîne les matchs sur le banc de touche ou en tribune. Alors en 2006, Pellegrini l’envoie faire ses gammes au Recreativo Huelva. Une transaction de 600 000 euros qui va le propulser en tête du hit parade.
En compagnie du natif de Saint-Pierre, alias Florent Sinama-Pongolle, Santi perce les défenses hispaniques pendant que son comparse de pointe transperce les filets. Au final, une saison XXL qui permet à la formation onubense de clore l’exercice en huitième position. Pour ce qui reste toujours le meilleur classement de l’histoire du Real Club Recreativo de Huelva dans l’élite. Accessoirement, il se voit décerner le Don Balon, soit le prix de meilleur joueur espagnol de la temporada. Sentant l’éclosion de ce mètre soixante-huit, le Yellow submarine fait jouer sa clause de rachat pour le rapatrier au bercail dès l’été suivant. S’ensuit une idylle amoureuse où le petit lutin se voit donner les clés du camion jaune. Un trousseau de clés qu’il a d’ailleurs plutôt dérobé au génie Juan Roman Riquelme. Ses éclairs de génie avec le sous-marin lui permettent de squatter, tout le mois de juin 2008 durant, l’autobus espagnol. De ces quelques escapades en Suisse et en Autriche, il ramène une breloque d’or. Son premier trophée. Alors quand les sirènes du Real Madrid lui glissent quelques douceurs, Santiago succombe. Pour quelques indiscrétions téléphoniques, il doit pourtant se résoudre à rester sur la côte méditerranéenne douze mois de plus.
L’artificier des coups de pied arrêtés
Sauf qu’un malheur n’arrive jamais seul. Le transfert à la Casa Blanca capoté, c’est une série de blessures qui s’ensuit. Des lésions en pagaille, un tibia en carton et des ligaments en mousse lui font rater le voyage sud-africain. Et pourtant, Vicente Del Bosque lui avait promis une place de luxe au sein de sa dream-team… Alors à l’été 2011, sentant le bon coup, c’est le nouveau riche de Malaga qui se penche sur Santi Cazorla. Contre une vingtaine de millions d’euros, le multimilliardaire Abdullah Bin Nasser Al-Thani s’offre son plus beau joujou. Un jouet qui va lui offrir une qualification en Ligue des Champions. Hormis sa vista et sa technique au-dessus de la mêlée, ce sont ses coups francs qui éblouissent la Liga. Un championnat qu’il a bien failli relancer de sa seule patte droite : dans les arrêts de jeu d’une partie tout en testostérone face au grand Real, Cazorla délivre une petite sucrerie dans la lucarne d’un Iker scotché. Une égalisation qui permettait au Barça de croire encore au titre domestique. Surtout, c’est ce petit point qui permet au nouveau riche de la côte andalouse de prétendre à une qualification en C1.
En bon sophiste, Vincent du Bois le rapatrie donc dans sa sélection estampillée Euro 2008-Mondial 2010. Un choix tout en logique selon l’ancien international Ricardo Gallego : « Santi est un exemple de meneur de jeu. Son énorme activité sur le terrain, sa polyvalence sur tous les fronts de l’attaque et sa capacité à garder le ballon sont énormes. » Malgré quelques bribes de matchs, Cazorla décroche sa deuxième timbale européenne. Dès son retour outre-Pyrénées, une toute autre ambiance l’attend. Son Malaga bling-bling n’a plus un radis en caisse. Ce bon nanti d’Abdullah Al-Thani ne peut plus lui verser sa petite pension mensuelle. Alors, le fils prodigue souhaite se faire la malle. Aux petits jeux de charme, c’est donc Arsène qui a dégainé le premier. Pour une petite vingtaine de millions, le plus British des Alsaciens lui offre son carrosse d’Arsenal. Le joueur lui-même n’a pu attendre l’annonce officielle et s’est épanché sur son Twitter jeudi soir. « Je suis un nouveau joueur d’Arsenal » , tout simplement. Désormais, c’est acté : les Citizens ont leur Silva, les Blues leur Mata, et les Gunners leur Cazorla. Un bien beau coup.
Le délice de coup-franc de Cazorla face au Real Madrid
Par Robin Delorme