- Liga
- J17
- Villarreal/Real Madrid (2-2)
Santi Cazorla, la renaissance
En janvier 2018, personne ne misait une pièce sur un retour au premier plan du convalescent Santi Cazorla. Un an plus tard, le génial ailier espagnol est l’auteur d’un doublé face au Real Madrid. Les belles histoires existent dans le football, et c’est tant mieux.
Sur la pelouse du stade de la Cerámica, le faciès de Santiago Cazorla dégage une joie communicative. Une image gravée dans les esprits, qu’ils soient locaux, madrilènes ou simplement fans d’émotions liées au football. Par deux fois, l’international espagnol aux 78 sélections trouve le chemin des filets de Thibaut Courtois de façon admirable. D’abord grâce à une somptueuse frappe enroulée dans le petit filet pour ouvrir le bal (1-0, 4e) puis en fin de match d’une tête piquée entre les jambes du géant belge du haut de ses 168 centimètres (2-2, 83e). Et si c’est bien à la fin du bal que l’on paie les musiciens, alors les honoraires de Cazorla vont sans doute bénéficier d’une belle prime à la performance. Sans oublier le courage.
636 jours d’abstinence
Pour le commun des mortels, ce retour de Cazorla face au Real Madrid en janvier 2019 est perçu comme impossible. Les raisons ? Trop de blessures, de passages à l’infirmerie et de rechutes. « Les médecins me disaient que si je parvenais à marcher avec mon fils dans mon jardin, je pouvais déjà être heureux, expliquait Cazorla au quotidien Marca en novembre 2017. Pendant ce temps-là je jouais, plutôt bien d’ailleurs. Mais le problème était dû au fait que je ne cicatrisais pas, que la blessure avait tendance à se rouvrir et s’infecter. Sur certaines photos, on pouvait carrément voir mon tendon. » Au total, Cazorla va passer huit fois en un an chez le chirurgien pour soigner cette maudite lésion du tendon d’Achille au pied droit, occasionnée dans une rencontre face au Chili en septembre 2013.
Durant une courte période, les médecins envisagent même une possible amputation. Dans la bataille, Santi donne un bout de son avant-bras gauche tatoué du nom de sa fille pour combler le manque de peau dans la zone sensible. Un sacrifice qui s’avère utile car malgré une absence des terrains depuis octobre 2016 lors d’une rencontre entre Arsenal et Ludogorets en C1, Cazorla participe de nouveau à un match de football, 636 jours après sa dernière apparition. Revenu à Villarreal, son premier club professionnel entre 2003 et 2006, Santi rentre au cours du match amical contre Hercules, le 17 juillet dernier. Et depuis ? Le numéro 19 du sous-marin jaune enchaîne, sans blessure ni rechute. À 34 ans, le voilà qui comptabilise déjà quatre buts et cinq passes décisives en 21 matchs toutes compétitions confondues.
« À chaque match, je me sens meilleur »
Plus qu’un doublé contre le Real, Cazorla vient d’offrir un précieux point à Villarreal, installé au préalable dans une inhabituelle position de relégable en Liga. Un point qui permet aux Amarillos de grappiller une place au classement pour sortir de la zone rouge. « C’était mieux de prendre trois points ce soir, mais le plus important reste d’engranger, concédait l’homme de la soirée après la rencontre. À la mi-temps, nous nous sommes dit qu’il ne fallait pas baisser la tête et s’interdire de prendre un troisième but. » Mission accomplie.
[?️RESUME] Liga ?? Le Real Madrid laisse filer la victoire à Villarreal ?⚽️? Benzema et Varane ont pourtant tous les deux marqué pour les Merengues ! ?▶️ https://t.co/VSeZHSLBZb#VILRMA
— beIN SPORTS (@beinsports_FR) 3 janvier 2019
Pour le reste, Cazorla s’est occupé de redonner le sourire à son public. « C’était un match particulier pour moi après tout ce que j’ai enduré. À chaque match, je me sens meilleur, avec plus de rythme et moins de douleurs… Maintenant, je suis focalisé sur Eibar. » Et sans doute sur le fait de savourer chaque instant passé sur un terrain de football.
Par Antoine Donnarieix