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Sansone, le chouchou de Donadoni
Arrivé cet été à Parme dans l’anonymat le plus complet, Nicola Sansone est en train d’exploser sous les ordres de Donadoni. Déjà buteur décisif contre l’Inter il y a quelques semaines, il a récidivé, dimanche, contre la Juve.
Qui sait. À la fin de la saison, le nom de Nicola Sansone résonnera peut-être comme celui de l’homme qui, un 13 janvier 2012, a rouvert la Serie A. En venant tromper Gigi Buffon, d’une frappe croisée du pied droit, l’attaquant parmesan a contraint la Juve au match nul. Conséquence : les deux poursuivants du leader, la Lazio et Naples, se sont sensiblement rapprochés et se mettent désormais à y croire. À huit points, le sort du championnat semblait déjà scellé. À trois, c’est une autre histoire. Tout cela pour dire que Nicola Sansone est en train de graver son nom dans cette Serie A 2012/13. Et il n’en est pas à son coup d’essai. Le 26 novembre dernier, il inscrit le seul but de la rencontre face à une Inter qui, à ce moment-là de la saison, était à la lutte pour la première place. Une vraie teigne ? Pas loin. Surtout, Sansone est un énorme pari gagné par les observateurs de Parme et Roberto Donadoni. C’est lui qui l’a fortement voulu, cet été, alors que le joueur était prêté à Crotone la saison dernière et aurait pu rester là-bas. Il fallait remplacer Giovinco, parti à la Juve. Donadoni a misé sur un pseudo-inconnu. Les faits sont en train de lui donner raison.
Premiers pas bavarois
Ce qui est intéressant, avec Nicola Sansone, c’est qu’il n’a pas franchement le parcours classique. On pourrait croire à un joueur né dans une petite banlieue italienne, qui commence sa carrière avec le club de la ville, puis qui va faire ses gammes au centre de formation de l’Atalanta, avant d’être prêté en Serie B. Le cheminement logique. Et bien pas du tout. Déjà, Sansone n’est pas né dans une banlieue, et encore moins en Italie. Ses parents, originaires de Salerne, dans le Sud de l’Italie, ont déménagé en Allemagne dans les années 80. Le petit Nicola naît le 10 septembre 1991 à Munich. C’est là-bas qu’il grandit, et qu’il fait donc ses premiers pas footballistiques. Il débute à l’école de football du SV Neuperlach, mais va rapidement faire le saut dans le grand bain. À l’âge de 11 ans, il rejoint le centre de formation du Bayern Munich et est alors considéré comme l’un des espoirs du club. À partir de 2008, il est ainsi intégré à l’équipe des moins de 19 ans. Ascension, toujours : lors de l’été 2010, le voilà au Bayern Munich B, en troisième division allemande. Âgé de 19 ans, il dispute 32 matchs de championnat et inscrit deux buts, en début de saison face à Rot Weiss Ahlen, puis contre Unterhaching, pour son tout dernier match avec le maillot bavarois.
De fait, à la fin de la saison 2010/11, il arrive en fin de contrat et fait part de son intention de ne pas le renouveler. Après près de vingt années passées en Allemagne, il souhaite rentrer sur ses terres d’origine, l’Italie. Le voilà donc à Parme, où il signe un contrat de quatre ans. Mais le coach de Parme, Franco Colomba, n’a pour le moment aucune intention de miser sur lui. Il l’oriente donc vers un transfert, qui se concrétise le 1er août 2011 : un prêt d’un an avec option d’achat à Crotone, en Calabre. Là-bas, aux côtés d’autres jeunes prometteurs comme Florenzi (aujourd’hui à la Roma), Sansone va réaliser une première saison plutôt convaincante. Il plante quelques pions en championnat et se fait surtout remarquer lors d’un match de Coupe d’Italie face à Bologne, où il marque, malgré l’élimination des siens. Quelques semaines plus tard, Donadoni est intronisé sur le banc de Parme à la place de Colomba. Son intention est claire : récupérer Sansone dès l’été. Il sera contenté par son président. L’Italo-Allemand est, à tout juste 21 ans, prêt à faire ses grands débuts en Serie A.
De l’Inter au Milan AC
Une curiosité. Malgré le fait qu’il soit né en Allemagne et qu’il ait grandi à Munich, Nicola Sansone s’est toujours senti italien. La preuve : dès son plus jeune âge, il décide de porter les couleurs de la Squadra Azzurra. U17, U18, U19… Il est là à tous les paliers, jusqu’aux Espoirs, dont il a déjà porté trois fois le maillot. Depuis qu’il explose à Parme, Sansone est même suivi par Cesare Prandelli, toujours à la recherche de jeunes talents pour sa Nazionale. Humble, il ne préfère pas y penser et plutôt se concentrer sur son aventure à Parme, où il espère s’imposer sur le long terme. Les dirigeants parmesans, désormais conscients de son potentiel, ont l’intention de le garder bien au chaud. « Nous sommes vraiment contents de l’homme et du joueur, explique Pietro Leonardi, administrateur délégué de Parme. Parme n’est pas un supermarché, nous voulons profiter de ce que nous possédons. Je dois remercier les observateurs qui travaillent avec nous pour dénicher ce genre de talents. Pour Sansone, nous avons déjà refusé des offres car nous croyons en lui. » Arrivé gratuitement, Sansone vaudrait aujourd’hui, potentiellement, entre 5 et 10 millions d’euros.
Une autre belle histoire à propos du véloce et technique attaquant. Nicola Sansone, enfant, était un grand supporter de l’Inter. Il grandit avec le mythe de Ronaldo, qui était pour lui un véritable modèle. Mais par la suite, il change de bord. Las de ne jamais voir son club gagner le championnat, il opte pour le grand rival, le Milan AC, au grand dam de son père. « L’Inter ne gagnait rien, et je suis donc devenu supporter du Milan AC, un club qui a tout gagné. Aujourd’hui, mon équipe de cœur, c’est le Milan AC, je rêve de porter ce maillot, un jour » , a-t-il assuré. Alors, forcément, son but décisif inscrit contre les Nerazzurri, au mois de novembre, a eu une saveur toute particulière pour lui. Et pour son père. « Mon but ? Je le dédie à ma fiancée, qui était à la maison et qui regardait ce match à la télé, mais aussi à mon père qui était venu au stadio Tardini… Mais qui était venu supporter l’Inter. » Milan-Parme, ce sera le 15 février. Sansone y sera. Les observateurs du Milan AC aussi.
Eric Maggiori