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Sans Variété Club de France

Par Mathieu Rollinger
Sans Variété Club de France

La France s’est qualifiée dans la douleur pour les quarts de finale de sa Coupe du monde, évitant ainsi ce qui aurait été un bide monumental. Non pas parce que le Brésil était un adversaire faible (bien que pas spécialement coriace), mais surtout parce que les Bleues n'ont toujours pas trouvé la clé pour maîtriser leurs rencontres. La faute à un terrible manque d'inspiration et un jeu stéréotypé en attaque. Par chance, elle dispose encore d'un joker pour prouver leur véritable valeur au prochain tour.

Les livres d’histoire retiendront que c’est Henry qui a encore mis à terre le Brésil, en reprenant un coup franc tiré par le numéro 10 de l’équipe de France. Comme en 2006. Mais à l’inverse des copains de Zidane, qui avaient à l’époque livré une vraie masterclass contre la sélection auriverde, les coéquipières d’Amandine Henry s’en sortent de manière très heureuse dans leur huitième de finale. Car avant la 106e minute, celle de la délivrance permise par la capitaine Amandine Henry, les Bleues ont servi une prestation vide de toute inspiration. Pendant plus de 90 minutes, les filles de Corinne Diacre ont plutôt donné à voir un schéma monomaniaque, autour d’une relation Diani-Gauvin, illustrant l’incapacité des Françaises à se montrer dangereuses autrement que par un centre qui ne finirait pas dans les gants de la gardienne brésilienne. Certes, une des nombreuses accélérations de l’ailière du PSG, suivie d’un centre, a permis à la pointe montpelliéraine d’ouvrir le score. Mais cette option a été usée jusqu’à la moelle et ne fait que confirmer les carences dans l’animation offensive des Bleues.

Réanimation offensive

Sans la pugnacité de Valérie Gauvin — qui s’était fait refuser un but en première mi-temps pour une charge sur la gardienne Barbara —, l’acte héroïque de Griedge Mbock ou l’exemplarité d’Amandine Henry, qui ont conduit tant bien que mal à la qualification, ce manque d’inventivité ou de talent offensif serait aujourd’hui le sujet de discussion central à propos des Bleues. D’ailleurs, pour le second match consécutif, la France n’a pas réussi à cadrer le moindre tir en première mi-temps (seulement 3 sur l’ensemble du match contre le Brésil). Pourtant, et ce n’est pas faute d’avoir déjà décelé cette faiblesse française lors des matchs de poules, l’état-major préférait jusqu’alors répondre à cette critique par l’unique argument de l’efficacité, à comprendre gagner les matchs. « On a évolué dans le même système de jeu, on a fait trois prestations différentes, on essaye de rectifier ce qui n’a pas bien marché, notamment d’un point de vue offensif, se défendait Corinne Diacre avant la rencontre. Après, l’idée sera plutôt d’animer le système, que de changer le système en lui-même. Et il nous faudra retrouver cette efficacité offensive qui nous fait défaut.[…]Après, si c’est comme ça jusqu’à la fin et qu’on gagne, je m’en contenterai… Mais on travaille dessus pour essayer de s’améliorer. » Animer le système ? Après la prestation du soir, c’est encore raté et il faut croire que, tant que la France passera les tours, la sélectionneuse ne consentira pas particulièrement à se remettre en cause publiquement.

Recherche Grizou avec un E

Seulement, si l’on s’en tient aux faits plus qu’aux paroles, il faut croire que Diacre avait aussi remarqué ce péché offensif lors de la phase de poules. La preuve : celle qui symbolisait ces difficultés à créer du jeu et à apporter de la variété, Gaëtane Thiney, a débuté sur le banc. Viviane Asseyi intégrée dans le onze de départ ce dimanche soir, le système timidement remodelé sur les marges, la France était pourtant toujours en panne sèche d’idée. L’utilisation toujours aussi massive (et stérile) des ailes et les mêmes dépassements de fonction trop isolés d’Amandine Henry n’ont pas résolu le problème. Comme si cette équipe voulait se définir par son pragmatisme, comme celle de Didier Deschamps l’an dernier, sans avoir les éléments pour concrétiser ses temps forts. Et pour prolonger le parallèle, il manque toujours un joueur qui endosserait le rôle d’Antoine Griezmann dans le jeu de transition pour que le modèle puisse être réutilisé par les Bleues. Chose que ne semble pas avoir Corinne Diacre dans son effectif, Eugénie Le Sommer montrant même qu’elle pouvait être débordée au moment de se muer en une organisatrice. Alors comment envisager la suite ? Corinne Diacre l’assurait elle-même : « On a l’ambition d’aller plus loin, d’aller vers la finale, mais l’ambition ne fait pas gagner. » Il s’agirait maintenant de trouver le remède pour continuer de gagner et, si possible, sans se faire aussi peur pour assumer ses ambitions. Gagner avec un poil plus de maîtrise ne sera pas de trop avant de retrouver le Parc des Princes et probablement les Américaines, maîtresses en la matière.

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