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Sans Modric, quel système pour le Real ?
Absent pour les trois prochains mois, Luka Modrić est un nouvelle énigme à résoudre pour Carlo Ancelotti. Ça tombe bien : homme de défis, l'Italien a plus d'un tour dans son sac. Et la forme étincelante de son effectif, Isco en tête, lui offre de solides garanties.
« Une cellule mère est une cellule de la couche germinative qui a la capacité de se diviser en 2 cellules filles afin d’assurer le renouvellement cellulaire. » Le bouquin de SVT une fois fermé, Luka Modrić a longtemps hésité. Entre un traitement quasi expérimental basé sur ces dites cellules et une opération classique, le Croate a choisi de s’exiler dans la clinique du docteur Mikel Sánchez de Vitória. En Navarre, il espère trouver une cicatrisation naturelle et rapide de sa « déchirure d’un tendon du muscle droit antérieur de la cuisse gauche » , dixit le communiqué médical de la Casa Blanca. Contractée lors du match qualificatif pour l’Euro entre l’Italie et la Croatie, cette blessure au nom barbare va l’éloigner des terrains entre un et trois mois. Une absence longue durée pour un Real Madrid qui s’en serait bien passé. Orphelin de son homme à tout faire, Carlo Ancelotti va encore une fois devoir trouver la parade. Un nouveau défi qu’il prend avec le sourire. Normal, après un été agité, il est passé maître dans l’art de résoudre le sudoku géant merengue.
Pavon : « Modrić n’est pas irremplaçable »
Avec les départs estivaux d’Ángel Di María et de Xabi Alonso, Carlo Ancelotti a dans un premier temps décidé de ne pas toucher son fameux 4-3-3. « C’est quand Bale s’est blessé qu’Ancelotti a mis en place le 4-4-2. Aujourd’hui, il peut très bien revenir au 4-3-3 ou non, rappelle Fransisco Pavon, ancien joueur madrilène. Tout va dépendre des efforts défensifs de Bale. Au final, Ancelotti n’a pas vraiment un système privilégié. En phase défensive, son bloc est compact. Mais une fois qu’il se projette vers l’avant, ce Real Madrid a un côté plus anarchique que l’an dernier. Les joueurs ont une plus grande liberté de mouvements. » Cette liberté offensive, les joueurs merengues la doivent beaucoup au rendement de la paire Kroos-Modrić. Alignés plus ou moins sur la même ligne, les deux milieux permettent aux défenseurs de ne pas se retrouver esseulés face aux offensives adverses. Modrić sur le flan, Carlo Ancelotti doit réinventer son équilibre. Une énième fois, aurait-on envie de dire.
« Modrić est un très grand joueur, qui est très important dans l’effectif du Real Madrid. Mais je ne pense pas qu’il soit fondamental et irremplaçable dans ce Real, tance ce même Pavon. L’an passé, il l’était, mais aujourd’hui, des alternatives plus que crédibles existent. » Isco, Illarramendi, Khedira : parmi ces trois noms se trouvent le remplaçant de Modrić. « Chacun d’entre eux peut faire le travail avec ses propres caractéristiques, enseignait en conférence de presse Carlo Ancelotti. Isco a un profil de qualité technique, Khedira un profil plus physique. Chacun interprète la position à sa manière. Je ne demande rien d’autre. » Samedi, pour le déplacement à Eibar, l’entraîneur italien a aligné le jeune Andalou aux côtés de Kroos. Une réussite qui doit beaucoup au changement de mentalité du chouchou des Espagnols, plus apte à se sacrifier pour l’équilibre de l’équipe – et au forfait de Khedira pour une gêne à la hanche. Et qui montre bien que Carlo Ancelotti n’a aucune envie de changer de système. Les hommes qu’il a sous le coude ont toute sa confiance.
Un mal pour un bien ?
Justement, là est tout le changement de ce Real Madrid : le sacrifice. « Cette année, peu importe qui joue, tout le monde tire dans le même sens. C’est un moment rare dans ce club : l’équipe et ses intérêts collectifs priment sur l’individu et ses qualités intrinsèques » , explique Francisco Pavon, expert des problèmes de liant au Real lors de l’époque des Galactiques. Aujourd’hui, tout l’effectif madridista, peuplé de stars et d’égos, tire dans le même sens. Signe qui ne trompe pas, la situation de Khedira. Bien qu’absent du déplacement à Bâle, Sami est revenu en odeur de sainteté à Valdebebas après un été agité. Toujours pas prolongé, il « se sent de nouveau important pour Ancelotti » . Alors, l’absence de Modrić n’est-elle pas un mal pour un bien ? « Aucune absence n’est bonne, surtout lorsqu’il s’agit d’un problème musculaire. Mais il vaut mieux qu’un joueur se blesse à ce moment de la saison. On peut dire que c’est le moins mauvais moment. C’est une époque de l’année où le Real Madrid a très peu de gros matchs. La dynamique actuelle est si bonne que je suis persuadé que celui qui va remplacer Luka Modrić aura un très bon rendement » , conclut Pavon. Un mal pour un bien, qui devrait offrir à des seconds couteaux l’occasion de passer au premier plan. Modrić peut tranquillement terminer son bouquin de SVT.
Par Robin Delorme, à Madrid