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Sans Marcelo, Lyon à poil au Camp Nou ?

Par Mathieu Rollinger
5 minutes
Sans Marcelo, Lyon à poil au Camp Nou ?

En plus d'avoir concédé un nul à Strasbourg (2-2), Lyon a perdu sur blessure son vice-capitaine, Marcelo, touché dans les premières minutes du match aux ischio-jambiers. Alors qu'on semble se diriger vers un forfait pour le match de mercredi à Barcelone, les solutions de remplacement en défense axiale ne sont pas légion pour Bruno Genesio.

Bien calé au fond d’une veste de jogging, un téléphone portable vibre frénétiquement. Délaissé dans l’espace du vestiaire réservé au staff, personne ne peut l’entendre depuis le terrain du Groupama OL Academy. Normal, car Christian Bassila, propriétaire du mobile et accessoirement entraîneur de la réserve lyonnaise, est à ce moment-là (samedi à 17h15 pour être précis) au milieu de ses joueurs. Le coup d’envoi du match entre Lyon B et l’Athlético Marseille, pour le compte de la 21e journée de National 2, sera sifflé dans 45 minutes et le coach a mieux à faire que bidouiller son GSM. Pourtant, les appels deviennent insistants. Il doit se passer quelque chose de grave. En regagnant le vestiaire, Christian découvre qu’il a sept appels en absence de Jérôme Renaud, l’intendant de l’équipe pro. Il le rappelle alors prestement.

« Oui, Jérôme, qu’est-ce qu’il se passe à Strasbourg ? – NE FAIS PAS JOUER MARÇAL, CHRISTIAN ! ENLÈVE-LE DE LA FEUILLE DE MATCH !- Bah, pourquoi ?
– On a Marcelo qui vient de se déchirer les ischios, là. On est dans la merde pour Barcelone, alors il ne faut pas qu’il arrive quelque chose à Fernando. Ok ?- Merde, pas de soucis, je comprends.
– Merci ! Faut que je file, bon match à toi.
 » Et pendant que les bips s’éternisent, Christian Bassila prend deux secondes pour réfléchir. Oui, sans la perche brésilienne, la défense de l’Olympique lyonnais se trouve bien dépourvue.

Après Marcelo, le désert

Si ce récit est enrobé de fiction, le coup de téléphone, le match de la réserve et la blessure de Marcelo sont bien réels. Avant d’aller défier le Barça mercredi, l’Olympique lyonnais avait pourtant pris cette répétition générale contre Strasbourg par le bon bout. Moussa Dembélé avait profité des bêtises de Lamine Koné pour ouvrir la marque au bout de 4 minutes, et le Racing était encore sonné. Si bien que la première réaction alsacienne fut une accélération de Nuno Da Costa côté gauche, gâchée par un coup du foulard présomptueux. Marcelo avait tout de même cherché à assurer le coup en se lançant aux trousses de l’attaquant alsacien. Mais cette petite course causera de gros maux de tête à Bruno Genesio : son vice-capitaine s’est arrêté net, plaquant sa main sous son ischio droit. Anthony Lopes, venu aux nouvelles, ne se faisait pas d’illusions, demandant directement le changement.

De là, mille questions ont fusé dans la cervelle du coach lyonnais. Car si Jason Denayer se porte comme un charme, rares sont les solutions de rechange pour composer la défense axiale. Jérémy Morel est out depuis le 5 février et est en phase de réathlétisation après une intervention chirurgicale aux abdominaux. Lui aussi latéral de formation recentré avec succès, dans un système à trois, Fernando Marçal a été récemment victime d’une lésion musculaire, et devait donc faire son retour ce week-end avec la réserve, où il accompagnait le jeune Oumar Solet. Lui aussi pourrait être une solution, mais remettre son destin entre les mains d’un garçon de 19 ans comptant trois matchs avec les pros serait très risqué. Sur le banc ? Seulement deux défenseurs latéraux, Léo Dubois et Rafael, alors que Kenny Tete avait été titularisé pour faire souffler le premier. Sur le coup, c’est donc l’ancien Nantais qui a été lancé dans l’arène pour parer au mieux à ce coup dur, l’ancien de l’Ajax coulissant dans l’axe droit, un poste qu’il n’avait alors jamais occupé.

Un déficit de leadership

Sur le coup, cette adaptation était la plus logique. Lyon dominant alors son sujet et se dirigeant vers un succès rassurant, avec un doublé de Moussa Dembélé, l’esprit de Genesio pouvait déjà être tourné vers le match de Ligue des champions. Sauf que les problèmes que pourra poser le forfait de Marcelo ont finalement mis moins de temps pour exploser au visage du technicien. Contre Strasbourg, le trentenaire brésilien était le seul joueur de champ de plus de 24 ans. À sa sortie, c’est une bande de gamins qui a dû faire face à la furia strasbourgeoise. Alors que le match semblait maîtrisé, Ferland Mendy est tombé dans le piège de Da Costa, déclenchant le début de la révolte alsacienne. Les nerfs à vif, il n’aura fallu que deux minutes pour que le bloc lyonnais se fende. Nabil Fekir est ensuite entré pour tenter de reprendre le lead, mais c’était trop tard. Strasbourg avait soufflé sur les braises.

Au-delà de l’aspect psychologique, l’absence de Marcelo s’est aussi fait ressentir sportivement : le duo Thomasson-Ajorque, associés sur les deux buts, a su exploiter les manques d’automatisme en insistant dans la zone de Kenny Tete. Au match aller contre Barcelone, Marcelo n’était pas l’élément défensif le plus éminent. Son acolyte Jason Denayer avait alors montré toute son importance et son talent, alors qu’il avait lui aussi inquiété le staff quelques jours avant le match, lors de la réception de Guingamp. Le Belge avait finalement pu tenir sa place, et Lyon lui doit en partie d’avoir fini le match sans avoir encaissé de but. Dans ce sens, l’absence de Marcelo au Camp Nou serait peut-être moins dramatique, mais elle ouvre déjà une inconnue quant à la fiabilité de l’arrière-garde lyonnaise. Car l’exploit ne sera possible que si tous les facteurs sont réunis.

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