- Mondial 2022
- 8es
- Portugal-Suisse (6-1)
Sans Cristiano Ronaldo, le Portugal aplatit la Suisse
Après avoir choisi de mettre Cristiano Ronaldo sur le banc au coup d'envoi, Fernando Santos a vu son Portugal briller de mille feux, mardi soir, et laminer la Nati (6-1) grâce notamment à un triplé de Gonçalo Ramos. Voilà la Seleção qualifiée pour les quarts de finale du Mondial.
Portugal 6-1 Suisse
Buts : Ramos (17e, 31e, 67e), Pepe (33e), Guerreiro (55e) et R. Leão (90e) pour la Seleção // Akanji (58e) pour la Nati.
Ils disaient qu’il prenait trop de place, que sa présence dans le onze n’était plus indispensable, et on avait même entendu Bernardo Silva dire, lundi, que sa bande « savait se débrouiller » sans cette ombre. On avait surtout vu Fernando Santos s’élever publiquement – du jamais-vu pour un sélectionneur portugais en poste – et accepter de faire face à une drôle de situation qui va encore occuper les discussions des prochains jours. Mardi soir, à Doha, sur les coups de 23h55 heure locale, Cristiano Ronaldo est venu saluer son public seul et est reparti aux vestiaires seul. Le Portugal, lui, commençait pourtant une fête.
Statue déboulonnée
Avant même le début du match, une sirène s’est déclenchée au stade de Lusail, mardi soir. Selon la rumeur, une statue avait été déboulonnée. Rumeur confirmée, un peu plus d’une heure avant le coup d’envoi de ce dernier huitième de finale : pour la huitième fois de sa vie en sélection, la première en tournoi majeur depuis 2008, Cristiano Ronaldo, bougon au moment de son remplacement face à la Corée du Sud vendredi, a été prié de s’asseoir sur le banc de touche au coup d’envoi d’un match du Portugal. On l’a alors vu se manger les ongles et recevoir – oui, quand même – une ovation à chacune des fois où son visage a été propulsé sur l’un des quatre écrans géants de l’enceinte dohanaise. Il y a eu surtout un match, qui a engendré, lui aussi, des ovations, car sans le meilleur joueur de son histoire, le Portugal a brillé de mille feux et s’est déchaîné sur la Suisse d’un Murat Yakın qui avait pourtant tenté un coup en déployant sur le gazon un 5-3-2 pensé pour bousculer le losange portugais.
Une fois passé le traditionnel round d’observation, la Seleção, entre autres portée par un João Félix en démonstration, s’est éclatée à déchirer ce plan et en a mis partout. Choisi pour remplacer Ronaldo, Gonçalo Ramos a d’abord pu sortir ses colts et souffler dessus au terme du premier quart d’heure après un pétard du gauche envoyé dans la lucarne de Yann Sommer (1-0, 17e). L’attaquant du Benfica a ensuite buté à deux autres reprises sur le portier helvète (22e, 43e) et a déposé une balle de 2-0 sur le pied d’un Otávio trop gentil (22e) avant que Pepe ne décolle entre Schär et Akanji pour doubler la mise d’une tête puissante (2-0, 33e). En face, Diogo Costa a seulement frissonné sur un coup franc dévié de Shaqiri (30e) et sur une drôle de situation où Dalot est venu sortir une tête de Freuler (38e). À noter : scotché sur le premier but, Ronaldo s’est levé de son banc pour aller faire un bisou à Pepe. Oui, cet homme sait encore aimer ses copains.
Pas content ? Triplé
Murat Yakın, lui, sait encore aimer ses vieux pots et a réorganisé dès la pause sa Suisse dans un 4-2-3-1 plus classique, où Eray Cömert est venu prendre la place de Schär, K.-O. Suffisant pour relancer la partie ? Pas du tout : revenu pied au plancher, le Portugal a même claqué un troisième but six minutes après le retour des vestiaires, Ramos venant couper un centre tendu lâché par Dalot, brillant (3-0, 51e), puis un quatrième par l’intermédiaire de Guerreiro au bout d’un mouvement collectif assez dingue (4-0, 55e), avant qu’Akanji ne vienne réduire l’écart (4-1, 58e). Non rassasié, le Lusail Stadium s’est mis à hurler des « Ronnaaaaaalllldoooo » assourdissants auxquels Gonçalo Ramos a répondu en adulte, faisant tourner son pistolet au bout de ses doigts pour fêter un triplé (5-1, 67e). C’est alors le moment qu’a choisi Fernando Santos pour sortir le digestif et le poser sur la table afin de calmer la soif d’une drôle de foule qui ne demandait qu’à voir un coup franc envoyé dans le mur et un but refusé pour hors-jeu de l’idole. En vingt minutes passées sur la pelouse, Ronaldo a au total touché sept ballons. Sans avoir besoin de son aide, le Portugal, qui a ajouté un sixième but magnifique par l’intermédiaire de Rafael Leão (6-1, 90e) s’est qualifié avec brio pour les quarts de finale et a envoyé un message : il faudra compter avec lui.
Portugal (4-3-3) : D. Costa – Dalot, Pepe, R. Dias, Guerreiro – Otávio (Vitinha, 73e), W. Carvalho, B. Silva (Neves, 81e) – B. Fernandes (R. Leão, 87e), G. Ramos (Horta, 73e), J. Félix (Ronaldo, 73e). Sélectionneur : Fernando Santos.
Suisse (4-2-3-1) : Sommer – E. Fernandes, Schär (Comert, 46e), Akanji, Rodríguez – Freuler (Zakaria, 54e), Xhaka – Shaqiri, Sow (Seferović, 54e), Vargas (Okafor, 67e) – Embolo (Jashari, 89e). Sélectionneur : Murat Yakın.
Par Maxime Brigand, au Lusail Stadium