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Sanou, l’Étalon de Beauvais
Germain Sanou (vingt-quatre ans), le gardien des Étalons du Burkina Faso, est passé par le centre de formation de Saint-Étienne, puis par Drancy. Il évolue désormais à Beauvais, en CFA 2. En attendant forcément mieux, il dispute au Gabon sa cinquième phase finale de Coupe d'Afrique des nations.
Quand on parle du Burkina Faso, certains noms, familiers aux suiveurs de la Ligue 1, reviennent inévitablement. Ceux de Charles Kaboré, Alain Traoré, Jonathan Pitroipa ou Bakary Koné, tous partis depuis quelques années à l’étranger. Un autre, Germain Sanou, pourtant installé en France depuis sept ans, et qui n’a manqué aucune phase finale de CAN depuis le retour des Étalons dans cette compétition en 2010 en Angola, reste méconnu dans l’Hexagone. « C’est étonnant, car il joue pour une bonne équipe africaine, et cela depuis plusieurs années. Mais c’est également surprenant qu’il ne joue qu’en CFA 2, car il a le niveau pour évoluer au-dessus » , explique Thierry Bocquet, l’entraîneur de Beauvais, où Sanou est revenu cet automne, quelques mois après avoir quitté l’Oise. « Pour diverses raisons, Germain était parti de l’ASBO, mais il n’avait pas trouvé de club. Et nous étions restés un peu en contact. Je n’avais jamais fermé la porte à son retour et les autres gardiens du club étaient informés. »
International à dix-sept ans
En octobre dernier, la blessure d’Issa Coulibaly a accéléré le retour de Sanou à Beauvais et la fin d’une situation paradoxale. « Cela devenait ennuyeux pour moi de ne pas avoir de club. Je n’avais que les matchs internationaux avec mon pays pour avoir du temps de jeu, et la CAN arrivait… J’avais l’avantage de connaître Beauvais et comme je n’avais pas d’autre opportunité ailleurs, je n’ai pas hésité. J’ai signé jusqu’à la fin de la saison, et je crois qu’à vingt-quatre ans, je suis arrivé à un moment important de ma carrière. Mon ambition, c’est de jouer au moins en National, en Ligue 2. Et s’il le faut, je quitterai la France. Je sais que ce n’est pas facile de se faire remarquer quand on joue en CFA2, et je vais essayer de profiter de la CAN pour attirer l’attention. » Sanou, né à Bobo-Dioulasso, la deuxième ville du Burkina Faso, est arrivé en France en 2010, grâce au partenariat entre le Centre Saint-Étienne Bobo et l’ASSE. Paulo Duarte, l’actuel sélectionneur des Étalons, en avait fait un international en 2010 lors de son premier passage sur le banc burkinabé (2007-2012), alors que le gardien faisait ses gammes avec les équipes de jeunes des Verts.
À Saint-Étienne, Sanou partage son temps entre l’équipe des moins de dix-neuf ans et celle de CFA, et atteint même la finale de la Coupe Gambardella en 2001 face à Monaco (1-1, 3-4 aux tab). « Il n’a pas franchi le cap pour jouer en pro. Il y avait pas mal de concurrence. La conjoncture économique aussi. Je me souviens d’un mec assez facile à vivre, plutôt travailleur » , intervient Abdel Bouhazama, ancien entraîneur des moins de dix-neuf ans stéphanois et aujourd’hui à la tête du centre de formation d’Angers. « Il n’a peut-être pas fait tous les efforts nécessaires » , ajoute le formateur. Ce que Sanou confirme, même s’il refuse d’endosser seul la responsabilité de sa rupture avec l’ASSE, en 2013. « Parfois, c’est vrai, je n’ai pas été toujours assez sérieux. Ce que je n’ai pas apprécié, c’est qu’on me fasse attendre jusqu’au dernier moment pour me signifier mon départ. Certaines personnes ont raconté que je n’étais pas assez fort mentalement, des trucs de ce genre. Je n’en veux pas à Saint-Étienne, mais juste à ces gens. »
Un habitué du CFA2
Après son départ du Forez et un passage à la JA Drancy (CFA2), Sanou a poursuivi son itinéraire hexagonal à Beauvais, qui évoluait alors en CFA. « Ces années passées dans le milieu amateur m’ont quelque part fait du bien » , admet Sanou, qui aimerait pourtant bien sortir de cet anonymat. « C’est un bon gardien, solide mentalement, doté d’une bonne détente, de mains sûres, et qui n’est pas maladroit au pied. Et puis, il a su rebondir après avoir quitté Saint-Étienne, ne pas sombrer. Et ce n’est sans doute pas évident pour lui, quand il part en sélection disputer des matchs de haut niveau, de revenir en CFA2. Il a les qualités qu’il faut pour évoluer au moins en National » , reprend Thierry Bocquet. Au Burkina Faso, où Paul Put puis Gernot Rohr lui ont toujours accordé leur confiance jusqu’au retour de Duarte, son appartenance à un club de CFA2 surprend. « Il a largement le niveau pour jouer plus haut » , ajoute Charles Kaboré, le capitaine des Étalons. Cela fait sept ans qu’il est international, ce n’est pas vraiment un hasard… »
Par Alexis Billebault
Tous propos recueillis par AB