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Tonali, pour l'amour du Milan
Si la nouvelle génération est souvent pointée du doigt pour son manque d’attachement à un club, Sandro Tonali en est le parfait contre-exemple. Avant d’être un pion indiscutable de l’AC Milan, le milieu rossonero est avant tout un supporter de longue date.
Dimanche 24 avril 2022, Stadio Olimpico de Rome. On joue les dernières minutes dans ce trépidant Lazio-Milan. Malgré leur nette domination, les Rossoneri sont tout proches de laisser filer deux points primordiaux dans la course au titre. C’est alors que sur l’ultime occasion du match, Ibrahimović parvient à trouver Sandro Tonali dans les six mètres romains. Porté par un supplément d’âme, le milieu milanais s’arrache et pousse le cuir dans les filets. Le but de la délivrance, « le plus important de ma jeune carrière » comme il aime le souligner. Tout un symbole. Hystérique, le jeune Lombard traverse la piste d’athlétisme, enlevant au passage son maillot, et se dirige à toute vitesse vers le parcage visiteur pour fêter la délivrance avec la Curva Sud. « Ce but est inoubliable, j’étais très ému après avoir marqué », lâchait le héros d’un soir en zone mixte après la rencontre.
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Depuis son arrivée à Milan à l’été 2020, le milieu de 22 printemps n’a cessé de progresser, s’imposant comme un pion essentiel. Sur le terrain, Tonali est devenu le véritable moteur de Stefano Pioli, celui qui assure les transitions défense-attaque, ne cessant de gratter des ballons. Lors de la cinglante victoire à Naples (4-0), le gamin formé à Brescia – en compagnie de son fidèle acolyte Bennacer – est parvenu à martyriser le milieu napolitain. Ses statistiques viennent en attester : 78% de duels gagnés, cinq ballons récupérés et une passe décisive pour Rafael Leão. « C’est un parfait mélange entre Andrea Pirlo et Gennaro Gattuso », déclarait Paolo Maldini à la Gazzetta dello Sport. Il est vrai que le numéro 8 milanais parvient à combiner hargne et justesse technique. S’il réfute toute comparaison avec ses idoles de jeunesse (« J’apprécie énormément les deux, mais ce serait mentir de dire que je leur ressemble »), il ne cache pas son amour pour Il Rino : « C’était un exemple, il a toujours tout donné sur le terrain, il est reconnu pour sa grinta. J’avais même une tasse à son effigie, mais je l’ai cassée depuis. » Cet amour pour le Milan ne se ressent pas uniquement sur le terrain. En août dernier, lors d’un déplacement à Bergame, le Milan ne parvient pas à s’imposer et repart avec un seul petit point. C’est seulement la deuxième journée, mais l’international italien décide alors de taper du poing sur la table en zone mixte : « Nous n’étions pas concentrés, nous avons commencé ce match comme si c’était la 39e journée. Nous devons comprendre que c’est un autre championnat qui débute. » Nul doute, c’est bien le tifoso qui a parlé.
En rouge et noir
« Je l’ai voulu, je l’ai rêvé, je l’ai demandé, je l’ai obtenu. » Sandro Tonali ne parle pas de sa femme, mais de l’AC Milan, lors de sa signature à l’été 2020. L’international italien a toujours rêvé de porter le maillot rouge et noir, comme le prouve cette lettre écrite à onze ans pour la Sainte-Lucie : « Santa Lucia, je voudrais un ensemble complet du Milan, la PlayStation 3 avec FIFA 11. (…) Et pouvez-vous me dire si je deviendrai footballeur professionnel ou pas. » Une lettre rendue publique par sa grand-mère Gina, sa « première supportrice », énième preuve de l’amour porté par Tonali aux couleurs rouge et noir. À la différence de son coéquipier Matteo Gabbia, tifoso du Milan lui aussi depuis gamin, Sandro Tonali n’est pas passé par le centre de formation milanais. Sa première licence, il la prend à Lombardia Uno, un club satellite du Milan, mais ne tapera jamais dans l’œil des recruteurs : « Je ne vais pas dire qu’ils m’ont recalé, car je n’ai jamais été approché par le club. Disons qu’ils ne m’ont jamais pris en considération », avouera quelques années plus tard le chouchou de San Siro. Mais le fait de ne pas rallier Milanello n’a en aucun cas été un crève-cœur pour l’actuel numéro 8 rossonero, au contraire. Il suffit de jeter un œil aux archives de son compte Facebook. Outre les posts dans lesquels il exprime son mépris pour les fans de Justin Bieber et son dégoût de l’école, le bambin clame surtout son amour pour le Milan. Après un derby perdu en janvier 2012, Sandro décide de s’en prendre aux supporters de l’Inter. « Les supporters nerazzurri sont minables, ils se déplacent seulement en Lombardie. Sinon à l’extérieur, ils sont maximum 14 », rageait le collégien.
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Quelques années plus tard, alors qu’il commence à exceller en Serie B puis en Serie A avec Brescia, Tonali attire les convoitises des plus grandes écuries italiennes. Dans la tête de l’international italien, l’option milanaise est la seule envisagée. « À ce moment-là, je suis allé voir les dirigeants et je leur ai demandé d’être seulement transféré à Milan », expliquait-il à la Gazzetta dello Sport lors de son arrivée. À l’été 2020, c’est le début d’un « foutu conte de fées » comme il le dit sur son compte Instagram le jour de l’officialisation. « Je souhaite devenir une bandiera (joueur de club, NDLR). J’ai fait tellement d’effort pour pouvoir porter ce maillot, je souhaite rester ici jusqu’à la fin », affirmait-il en novembre 2021 dans les colonnes du Corriere della Sera. Mais ce côté tifoso lui a aussi joué des tours, comme lors de sa première saison dans le chef-lieu lombard. Avec seulement 17 titularisations, Tonali traverse un exercice 2020-2021 délicat, en raison de la pression de porter ce maillot : « Ma première saison a été vraiment compliquée, j’ai eu du mal à m’adapter, ce n’est vraiment pas évident d’être joueur du Milan, mais aussi et surtout supporter. » Deux années plus tard, le numéro 8 rossonero est parvenu à atténuer cette pression et va disputer les quarts de finale de Ligue des champions avec son club de cœur. Pas impossible que le jeune adulte Sandro ait tout de même pris la plume en s’adressant à Santa Lucia.
Par Tristan Pubert