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Sandro Tonali et le Milan, un divorce douloureux
Dans la surprise la plus totale, Sandro Tonali va s’engager avec Newcastle et quitte donc le Milan. Tifoso rouge et noir depuis sa tendre enfance, le milieu italien a vu l’argent mettre fin à sa relation avec son amour de toujours. Pour les supporters, ce départ est douloureux et inacceptable.
« Je veux rester à Milan pour toujours et devenir une bandiera du club », disait Sandro Tonali il y a encore quelques mois. Débarqué à Milan à l’été 2020, le Lombardo Vero venait alors de réaliser son rêve de gamin : porter la tunique de son club de cœur. Pour ce véritable tifoso de l’AC Milan depuis sa tendre enfance, biberonné comme beaucoup de gamins de sa génération (2000) aux exploits de Kakà, Maldini, Inzaghi, Pirlo ou encore son idole Gattuso, le storytelling était magnifique, tout droit sorti d’un conte de fées. « Je l’ai rêvé, je l’ai voulu, je l’ai demandé, je l’ai obtenu », dira-t-il lors de la signature de son contrat. Très vite, Sandro devient le chouchou de San Siro, encore plus lorsqu’il inscrit le but de la délivrance en avril 2022 sur la pelouse de la Lazio ou lorsqu’il accepte de baisser son salaire pour rester à Milan lors de sa prolongation. Adulé par les tifosi, son maillot sera par ailleurs celui qui sera le plus vendu cette saison. Outre son amour pour les couleurs rouge et noir, l’international italien s’est aussi et surtout imposé comme un véritable pilier sur le gazon. Un patron prêt à mourir pour cette tunique, Sandro c’était l’âme de cette équipe.
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Oui mais voilà, l’argent a ses raisons que la raison ignore. Le mercredi 21 juin 2023 restera une journée noire pour les tifosi milanais. « Je suis dans le métro pour aller au travail et comme d’habitude, je vais faire un tour sur le site de la Gazzetta. Et là, j’apprends la nouvelle », grimace encore Sarah, supportrice milanaise. En effet, à peine remis du limogeage de Paolo Maldini, moins de 15 jours après le décès de leur président historique Silvio Berlusconi, les Rossoneri se décomposent de nouveau : Sandro Tonali va quitter le Milan pour Newcastle. « Je ne pensais pas que c’était possible, honnêtement. Pour moi, et je pense pour la majorité des supporters, Tonali resterait chez nous éternellement », avance Francesco, abonné à San Siro depuis le Scudetto de 2011.
Difficile donc de savoir réellement comment tout cela s’est goupillé, si ce sont les dirigeants milanais qui ont entamé les négociations et contraint Tonali à prendre la porte ou l’inverse. Une chose est sûre, le romantisme, les sentiments, l’amour, cela n’a plus d’importance dans le football actuel, surtout pour RedBird, groupe américain propriétaire du club depuis août dernier. « On n’est pas idiots, on sait très bien que l’argent est la priorité dans le football actuel. Mais Tonali, c’était le seul qui était invendable en raison de son amour pour le club. Franchement, c’est compliqué de comprendre ce choix », argumente Sarah. Après avoir échoué dans les négociations avec Barella quelques semaines auparavant, les Magpies ont décidé de jeter leur dévolu sur Tonali.
L’agente di #Tonali di ritorno dalla Romania: “Missione compiuta? Ancora no. Sandro è tranquillo, quando arrivano queste proprietà così importanti è difficile rifiutare” (via @ivanfcardia) pic.twitter.com/013yahZmSH
— MilanNews.it (@MilanNewsit) June 23, 2023
Alors que la traditionnelle visite médicale devrait avoir lieu en début de semaine prochaine en Roumanie (où Tonali dispute l’Euro U21 avec les Azzurrini), son agent a officialisé ce vendredi en fin d’après-midi le transfert vers Newcastle. « Lorsque des offres aussi importantes se présentent sur la table, il est difficile de refuser aussi bien pour le club que pour le joueur », a ainsi déclaré Giuseppe Riso, qui a par ailleurs aussi souhaité contredire les informations de La Repubblica selon lesquelles Tonali n’aurait pas vraiment apprécié ce départ et en aurait même pleuré : « Des larmes ? Non c’est totalement faux. C’est le meilleur projet pour lui et c’est une grande opération qui aidera aussi bien le Milan que son club formateur Brescia », a-t-il conclu. Avec un montant avoisinant les 70 millions d’euros (sans les divers bonus), Sandro Tonali deviendra la vente la plus élevée de l’histoire du Milan ainsi que le joueur azzurro le plus cher. Dans le Tyne and Wear, un contrat de cinq ans attend le numéro 8 avec un salaire annuel de sept millions d’euros, soit deux fois plus que ce qu’il touche actuellement à Milan. Rien que ça.
Milan casse tout
Jusqu’ici très discret, Gerry Cardinale a décidé ces dernières semaines de reprendre les choses en main, à l’américaine. Première décision forte du néopropriétaire milanais, mettre à la porte le monument Paolo Maldini. « Lorsqu’ils décident de dégager comme un malpropre Maldini, les supporters l’ont très mal pris. Au lieu de calmer les choses et de s’acheter une paix sociale, il a remis de l’huile sur le feu avec la vente de Tonali », explique Francesco. Le message est clair : les sentiments et l’amour ne comptent pas, l’argent et seulement l’argent. Les affaires sont les affaires donc, et aucun joueur n’est invendable. Et le cas de Tonali ne devrait pas être unique à Milan, puisque Hernández, Maignan ou encore De Ketelaere pourraient être vendus en cas d’offre suffisante.
« Ils pensent qu’ils peuvent gérer le Milan comme toute leur entreprise, mais ce n’est pas le cas. Je ne sais pas trop où Red Bird souhaite aller », se questionne Sarah. Si cette dernière se veut mesurée, sur les réseaux sociaux, c’est tout le contraire. Le hashtag #CardinaleOut est en tendance depuis plusieurs semaines avec des tifosi qui demandent la tête de l’ennemi public numéro un : « Qu’il dégage ! On va venir nous parler de rentabilité, de projet de développement. Mais il faut arrêter avec ces conneries. Red Bird ne pense qu’à l’argent et méprise le reste. À Milan, ça ne passe pas. Ce transfert de Tonali à Newcastle est honteux et irrespectueux », prévient Francesco. Alors qu’il avait tout pour devenir bandiera, Sandro Tonali a donc vu son destin brisé par une direction américaine avare d’argent. L’amour a duré (que) trois ans.
Par Tristan Pubert
Propos de Francesco et Sarah recueillis par TP.