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Sandro sort de l’ombre
Sandro Ranieri avait tout pour porter l'étiquette du flop de l'année à Tottenham. Mais le Brésilien est enfin sorti de sa réserve, et pas contre n'importe quel pinpin (Gattuso, Seedorf), pas à n'importe quel moment. Tout ça à 21 ans. Eclair ou pas ?
Août 2010, la saison commence, Tottenham est un tout frais membre du “Big Four” et n’a pourtant, contrairement à l’habitude, pas encore bougé un cil sur le marché des transferts. Harry Redknapp avait déjà signé en mars 2010 un jeune Brésilien de l’Internacional, Sandro Ranieri, 21 ans, pour 10 millions de livres, une cape internationale. Seules contraintes : laisser la recrue à l’Internacional qui dispute la Copa Libertadores avant d’intégrer, fin août, le joueur à l’effectif des Spurs. Et c’est dans cette fin du mois d’août, que coach Harry finit ses courses avec le pari William Gallas (libre) et l’opportunité soldée Van der Vaart. Un gros semestre plus tard, force est de constater que Redknapp ne s’est pas franchement trompé. Gallas, quand son corps le laisse tranquille, est un titulaire indiscutable aux côtés de Dawson, revenu au top après une longue blessure, Van der Vaart a donné une teinte plus tueuse à l’équipe et n’est juste que la meilleure recrue de cette Premier League 2011, et Sandro a marqué les esprits et étonné en C1.
En rade à Stansted
L’Angleterre du football commençait pourtant à manier le sarcasme à l’endroit du Brésilien. Le milieu de terrain des Spurs a eu sa chance, avec les blessures d’Huddlestone, Palacios et Jenas, mais Sandro n’a pas réussi à émerger alors que Redknapp avait fait, il y a un an, un bon “pitch” dans le Sun de sa trouvaille brésilienne : “Sandro ressemble à Socrates. Il se déplace comme lui. S’il peut jouer comme lui, ça nous arrangera. Ce n’est pas un Robinho, ou ce genre de joueurs, car il sait se placer, tacler, passer : tout simplement jouer sur un terrain. C’est un milieu box-to-box qu’on peut comparer à Diaby ou à Vieira”. Ses stats 2010 inquiètent : huit matches, dont trois comme titulaire, avec une première chaotique en Carling Cup contre Arsenal (défaite 1-4 à White Hart Lane, ndlr), un match correct contre Fulham trois semaines plus tard (2-1) et puis un match très médiocre à Bolton (défaite 4-2), hors du coup. Pour le reste c’est grappillage de minutes en fin de rencontre et aucun exploit. Enfin si, un seul. Le 13 septembre 2010, Sandro se retrouve à l’aéroport de Londres-Stansted, prêt à embarquer avec les Spurs pour le premier match de Ligue des Champions, direction Brême. Sauf que le Brésilien n’est pas sur la liste des passagers, n’étant tout bonnement pas qualifié dans les 25 par le club pour la phase de groupe de la C1. Certains disent que Redknapp et la secrétaire avaient oublié de l’inclure dans la “mailing list” des joueurs tandis que d’autres soupçonnent une mauvaise blague de Wilson Palacios, qui était chargé d’informer Sandro de sa situation. La raison officielle est à ce jour une “erreur de traduction et de compréhension entre Palacios et Sandro”. Le Brésilien ne moufte pas.
Recruté sur cassettes, recommandé par Dunga
Début 2011, Sandro continue de galérer avec deux titularisations en Cup, dont une catastrophique lors d’une cinglante défaite 4-0 à Craven Cottage (remplacé dès la 17è minute de jeu, ndlr) et voit un nouveau milieu débouler : Pienaar. Mais Bale, Huddlestone, Modric souffrent physiquement. Redknapp doit réorganiser son milieu et, pas rancunier ou forcé par les événements, titularise Sandro à Sunderland, trois jours avant le huitième de C1 à San Siro. Le Brésilien livre enfin en Angleterre le match de guerrier attendu pour un type à 10 millions de livres (victoire 2-1 au Stadium of Light) et gagne sa place dans le onze pour Milan, aux côtés de son “traducteur” Palacios. Les deux Sud-Américains ont ratissé à n’en plus finir et mercredi soir, le Brésilien fut le meilleur des Spurs sur le terrain, intelligent dans ses relances, harceleur à la récupération du ballon, kilométrage illimité et pas décontenancé par la performance majuscule de Clarence Seedorf à White Hart Lane. C’est donc finalement face à la plus forte (féroce) adversité que Sandro a commencé à se faire un nom au sein des Spurs. “Ecoutez, vous n’êtes pas appelé en sélection nationale brésilienne si vous êtes un pigeon hein ?” s’échine à répéter Redknapp – qui a recruté ce joueur sur cassettes et sur les conseils de Dunga – face aux sceptiques. Mais ne nous trompons pas. Sandro ne fera pas partie de l’école des artistes dribbleurs brésiliens. “A l’Internacional, comme dans les autres clubs du sud du Brésil, il y a une culture qui valorise la partie physique” expliquait à son arrivée Outre-Manche Sandro. Côté technique, Redknapp a Modric, qui a mis aussi un peu de temps à éclore en PL. Plus fin qu’Huddlestone, plus costaud que Jenas, plus habile balle au pied que Palacios, Redknapp vient peut-être bien de trouver en Sandro le complément idéal de Modric dans l’entrejeu et le Brésil une solution de rechange à l’incroyable imposture Lucas.
Par Ronan Boscher
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