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Sanction FIFA : quelles conséquences pour les Madrilènes ?
Rarement Atlético et Real Madrid auront été si solidaires. Tous deux suspendus pour les deux prochains mercatos par la FIFA, ils espèrent traverser cette période à l’instar du Barça en son temps. N’en demeurent pas moins de nombreuses interrogations.
Loin d’être laconique, le communiqué merengue s’éternise en justifications. En cinq points, le Real Madrid découpe à la machette les accusations de la veille. Vingt-quatre heures plus tôt, la presse castillane évoque une suspension de deux mercatos pour de possibles infractions au règlement de la FIFA légiférant sur le transfert de joueurs mineurs provenant de l’étranger. L’épisode remonte alors à avril. Neuf mois plus tard, la gravité est tout autre au sein de l’institution blanche. À l’instar de son faux frère rojiblanco, elle vient d’apprendre, cette fois par voix officielle, son interdiction de recrutement pour les deux prochaines périodes de mercato. Idem, Madridistas et Colchoneros devront régler une amende salée. Comme le FC Barcelone en son temps, les deux clubs de la capitale espagnole se retrouvent donc privés de l’un de leurs terrains de jeu favori. Une disette d’une année qui pose de nombreuses questions sur l’avenir à court terme des deux finalistes de l’avant-dernière Ligue des champions. Tentatives d’éclaircissement de ce casse-tête madrilène qui, par ricochet, réduit le rêve de nombreux gamins à néant.
Cerezo : « Nous allons faire appel, oui ou oui ? »
Sitôt la sanction diffusée, une question taraude la tête de tout bon supporter colchonero ou merengue : Atlético et Real s’apprêtent-ils à faire appel ? Le dernier exemple en date, barcelonais et non nantais, est équivoque à ce sujet. Interdite de recrutement pour des raisons similaires en avril 2014, la direction blaugrana, déjà en délicatesse avec le transfert louche de Neymar, lance un recours suspensif auprès de l’instance internationale. Initialement prévue pour les périodes de mercato d’été 2014 et d’hiver 2015, la sanction est de fait décalée d’une fenêtre, le jugement final étant rendu le 20 août. Le Barça se lance, lui, dans un mercato dantesque chiffré à plus de 150 millions d’euros. Mieux, Luis Suárez, Ivan Rakitić, Claudio Bravo et Marc-André ter Stegen sont autant de protagonistes du second triplé de l’histoire azulgrana… « Nous allons faire appel, oui ou oui ? » , a matraqué Enrique Cerezo, dueño du Vicente-Calderón, dès l’annonce de la nouvelle. Une prise de position qui, plus tard dans l’après-midi, est reprise par le Real Madrid, en total désaccord avec la sanction. Reste que la date de l’appel n’est pas encore connue.
Autrement dit, un jugement en appel programmé avant juillet, date du début du marché estival, n’entraînerait aucun report de la sanction. Un sens du timing capricieux qui, loin de faire sourire les services juridiques des deux clubs, pourrait mettre dans l’embarras les directions sportives. Fort heureusement pour eux, les deux clubs de la capitale semblent avoir pris les devants d’une telle sanction – les premiers bruits remontant à avril dernier. La prévision des Colchoneros méritent d’ailleurs une mention particulière. Avec les recrues hivernales Augusto Fernández et Kranevitter, un mercato estival des plus onéreux estampillé Jackson Martínez, Luciano Vietto ou encore Savić, l’Atléti et sa jeune génération semblent être armés pour supporter une telle sanction. Du côté du Santiago Bernabéu, le refrain varie d’un iota. Bien que tous les postes de l’effectif du double Z soient doublés, il n’en reste pas moins déséquilibré. Avec sa litanie de milieux créatifs et son manque de muscles, il nécessite sans doute quelques ajustements. Et ce ne sont pas les jeunes recrues Asensio et Vallejo, respectivement prêtés à l’Espanyol et Saragosse, qui inverseront cette tendance.
Et les minots ?
Surtout, une suspension immédiatement effective priverait Florentino Pérez de sa fameuse recrue galactique. Pogba et Hazard, ardemment désirés par Zidane, et De Gea et Lewandowski, courtisés par el Presidente, n’atterriraient sans doute jamais à Chamartin. Du côté rojiblanco, la direction se sentirait, elle, prête à affronter cette suspension. Un scénario qui verrait donc l’Atlético conserver Antoine Griezmann – et sa clause augmentée à 80 millions d’euros – jusqu’à l’été 2017. Reste maintenant à ne pas céder le Cholo Simeone aux Anglais… Les grands perdants de cette sanction de la FIFA restent pourtant ceux que l’on entend le moins : les minots. Les mineurs étrangers recrutés par Atlético et Real sont toujours accompagnés de leurs parents et vivent dans des conditions tout ce qu’il y a plus honorables. Mieux, ils vivent leur rêve. Alors qu’elle promet de les « protéger » de l’infâme traitement que leur réserve les monstres espagnols, la FIFA leur inflige une punition des plus imméritées – les exemples du Barça sont équivoques. Seules les jeunes générations de Castille se réjouissent donc de cette sanction.
Par Robin Delorme