ACTU MERCATO
Sánchez-Mkhitaryan, le big deal

En fin de contrat en juin prochain, Alexis Sánchez quitte Arsenal pour Manchester United dès cet hiver en échange d’Henrikh Mkhitaryan, qui fait donc le chemin en sens inverse, et visiblement sans contrepartie financière. Dans l’affaire, tout le monde a de quoi se réjouir.
José Mourinho pensait « que oui » , l’affaire allait se confirmer dans un instant « très proche » . Arsène Wenger affirmait qu’ « on ne peut pas conduire vers le nord et jouer au football en même temps » . Chacun dans leur conférence de presse respective, les deux entraîneurs semblaient pour une fois d’accord. Normal. Depuis quelques jours, les médias britanniques multipliaient les lignes à ce sujet, et le secret, si jamais il a existé un jour, est devenu une information publique : Alexis Sánchez a rejoint Manchester United, Henrikh Mkhitaryan part à Arsenal, et les deux joueurs sont transférés sans indemnité de transfert selon les informations de la BBC. Est-ce donc cela que l’on appelle un échange win-win ?
En apparence, ce deala en tout cas tout pour plaire aux différentes parties. Les clubs, d’abord. Sánchez arrivant en fin de contrat en juin prochain et risquant de quitter Londres gratuitement dans quelques mois, les Gunners peuvent s’estimer heureux de clore ce feuilleton en récupérant un élément dont la valeur financière est estimée à 35 millions d’euros. Davantage que les 20 ou 30 millions parfois évoqués dans la situation d’un transfert sec du Chilien vers Manchester. United, justement, n’a même pas à envoyer un chèque à son confrère pour récolter un très beau colis. Lequel, en temps « normal » , coûterait au moins cinquante patates. Surtout si le produit fait l’objet de négociations entre deux équipes concurrentes anglaises.
Sánchez et les ronds, Mkhitaryan et le rebond
Les joueurs, ensuite. En position de toute puissance, car potentiellement totalement libre de ses mouvements en fin de saison et désiré par tout un pays, Sánchez devient le roi du pétrole en passant chez les Red Devils. Plaçant la couronne convoitée du joueur le mieux payé de PL sur son crâne, l’attaquant qui vient de fêter ses 29 ans (comme Mkhitaryan) il y a un mois va toucher un énorme pactole : vingt millions d’euros environ par an, plus une autre vingtaine de millions cash en prime de signature. Une fortune justifiée pour certains et qui lui a valu d’être comparé à Harry Potter par Sean Dyche, le coach de Burnley. Même son agent, qui aurait négocié onze millions pour son compte en banque personnel, peut sourire. Sans oublier que le Sud-Américain débarque dans une équipe toujours en course en Ligue des champions, bien placée pour se qualifier pour l’édition prochaine et sans doute mieux préparée à rafler des trophées à court terme. De son côté, Mkhitaryan peut se réjouir de quitter un effectif où il ne trouvait pas sa place – seulement 26 titularisations en championnat depuis son arrivée en 2016 – pour atterrir dans une entité qui va sûrement lui offrir la chance de rebondir.
Wenger/Mourinho, combat de cerveaux
Les coachs, enfin. À tort ou à raison, Mourinho ne l’a jamais caché : Mkhitaryan l’a déçu à de trop nombreuses reprises pour qu’il s’entête à lui faire confiance. « Son niveau de performance, en matière de buts, de passes décisives, de pressing, de placement, de meneur en tant que numéro 10, a baissé petit à petit. À un moment, c’est assez. Les autres travaillent et ont droit à leur chance » , a ainsi lâché le Special One dans une dernière salve datée de novembre 2017. Avec Sánchez, le Portugais s’arme d’une gâchette offensive redoutable, régulière, expérimentée et combative. Un vrai titulaire en puissance qui peut jouer la C1 et qui arrive pour menacer le temps de jeu des jeunes pousses mancuniennes comme Anthony Martial, Marcus Rashford, voire Jesse Lingard. En bon calculateur un poil vicieux, l’ancien technicien du Real Madrid a également noté qu’il ôtait un éventuel renfort à Manchester City, Chelsea ou Tottenham, ses principaux rivaux.
Et Wenger, dans tout ça ? Pas né du dernier crachin, l’Alsacien a lui aussi admis qu’il avait tout à gagner en acceptant l’affaire. Longtemps amoureux de son Alexis, le coach français a parfaitement compris que son ex-poulain, peu motivé cette saison, n’avait plus la tête à Arsenal. Et s’il doit s’améliorer (notamment dans la finition) pour retrouver son niveau observé au Borussia Dortmund, son remplaçant reste un footballeur talentueux dont le style peut s’ancrer idéalement à celui des Gunners. Au milieu d’Alexandre Lacazette et Mesut Özil, l’Arménien créateur dispose des qualités requises pour s’épanouir. Est-ce nécessaire d’ajouter un Pierre-Emerick Aubameyang dans ce décor ?
Arsenal : feu d’artifice ou feu de paille ?? Ladies and gentlemen, please take your seats. Introducing #Alexis7…#GGMU #MUFC @Alexis_Sanchez pic.twitter.com/t9RIIx4mE4
— Manchester United (@ManUtd) 22 janvier 2018
Par Florian Cadu